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Liban - Toxicomanie

Mentor Arabia, un centre de recherche et de prévention contre la drogue

Depuis maintenant six ans, Mentor Arabia met en œuvre de nombreuses actions de prévention contre la drogue dans le monde arabe. Petit à petit, le voile se lève sur un sujet longtemps resté tabou.

Mentor Arabia.

Le constat est sans appel : les consommateurs de drogue sont de plus en plus nombreux et surtout de plus en plus jeunes. Au Liban, de nombreuses associations et ONG existent pour tenter d’aider les personnes dépendantes, mais Mentor Arabia est la seule à avoir décidé de se focaliser uniquement sur la prévention. « Notre but, c’est avant tout d’agir avant qu’il ne soit trop tard, d’intervenir en amont, d’éduquer très tôt les enfants pour qu’ensuite ils puissent gérer les crises et dire non à la pression », explique Nancy Azar, coordinatrice média et recherche de Mentor Arabia.
Un rapport des Nations unies faisait récemment état de près de dix millions de personnes dépendantes dans les vingt-deux pays du monde arabe, qui représentent une population estimée à plus de 350 millions de personnes. Un chiffre difficile à prouver au vu du peu d’éléments de sondage mis à la disposition des enquêteurs. Nancy Azar se refuse d’ailleurs à essayer de chiffrer le phénomène, une décision dont elle s’explique simplement : « Les gouvernements ont tendance à essayer de ne pas amplifier le problème, alors que l’on constate que les résultats sont en hausse. Je préfère donc éviter l’erreur. Ce qui nous importe, ce ne sont pas des nombres ou des numéros, mais plutôt des comportements. Quand nous parlons aux jeunes, nous essayons de comprendre ce qu’ils recherchent en prenant des drogues, le but plus que la cause. »
Mentor Arabia s’attaque donc au vague spectre de la drogue, au sens large du terme, impliquant « toute substance pouvant causer certains dépendances et problèmes physiques ». Alcool, tabac, cannabis, drogues dures et médicamenteuses constituent donc le cheval de bataille des cinq membres de l’organisation. Mentor Arabia mène ses actions préventives auprès d’une large population, de la petite enfance au début de l’âge adulte, soit de 3 à 25 ans. Des programmes sont créés pour répondre aux besoins spécifiques de chaque tranche d’âge. Mais le travail de l’équipe ne se résume pas tant au contact avec les jeunes qu’à la coordination des actions et la sensibilisation des parents, professeurs et éducateurs, ainsi que la formation de personnes qui pourront ensuite prendre le relais. « Plutôt que d’aller voir vingt adolescents, nous préférons entraîner vingt formateurs, consciencieusement choisis. Chacun d’entre eux pourra ensuite s’occuper de vingt adolescents. C’est l’effet boule de neige que nous recherchons. »

« Plus personne n’est épargné »
Initialement, les jeunes issus de certaines classes sociales (aisées et défavorisées) étaient jugés comme étant les plus susceptibles de s’intéresser à la drogue. Mais aujourd’hui, force est de constater que le phénomène s’est répandu dans toute les couches sociales. « Plus personne n’est épargné par le problème de la drogue », affirme Nancy Azar. Sa dernière intervention au Collège Notre-Dame de Jamhour l’a d’ailleurs confortée dans ses positions : « Je m’adressais à une classe complémentaire, et lorsque je leur ai demandé s’ils savaient de quoi j’allais leur parler, ils m’ont cité des types de drogue que même les classes secondaires n’avaient pas évoqués, avec le jargon très spécifique qui est propre à ces produits. Cela montre bien qu’ils s’y intéressent de plus en plus jeunes. Il ne faut pas sous-estimer ce que les jeunes savent au sujet des drogues. »
Pour Nancy Azar, il y aurait aujourd’hui trois catégories de consommateurs avec, tout d’abord, les milieux défavorisés, incités de longue date par les revendeurs. Ces derniers leur offrent leurs premières drogues, avant d’en faire à leur tour des dealers, une activité qui leur permet par la suite de financer leur produit. Puis viennent les milieux riches, parmi lesquels les scandales ne cessent de surgir. « Le problème de la drogue a frappé à la porte des ministres, des députés, des princes et des émirs, explique Nancy Azar. C’est à ce moment que nous avons compris qu’il était temps d’intervenir. » La classe moyenne, enfin, n’est plus épargnée. Cette partie de la population, éduquée, serait soumise à l’effet de mode. « Ils pensent simplement que c’est cool, que c’est tendance, et commencent à consommer dans les milieux festifs, lors des soirées ou des concerts. » Le phénomène se propage et, selon Nancy Azar, il ne fait aucun doute que le printemps arabe a eu son lot de conséquences : « Aujourd’hui, c’est un peu le chaos, la phase transitoire est très sensible. »

Pour une coalition arabe
Au milieu des nombreuses actions menées par Mentor Arabia, un projet de vaste envergure tient le haut du pavé : la constitution d’un grand réseau qui réunirait toutes les ONG, les centres de recherche, de prévention et de lutte contre la drogue, permettant ainsi le partage des informations, de l’expérience et des recherches. Car quand il s’agit de faire le bilan des actions menées dans le monde arabe, Nancy Azar semble parfois un brin désabusée. « On fait des conférences tous les deux mois pendant deux ou trois jours, on dépense des millions pour amener en classe affaires des personnes qui dorment pendant que l’on parle. Puis tout le monde repart, rien ne se passe. Et pendant ce temps, le problème de la drogue ne cesse de s’amplifier. Ce n’est pas de cette manière que l’on pourra changer la société. »
Mentor Arabia trouve son origine dans l’organisation mère Mentor International, créée en 1994. Il aura fallu attendre le Forum arabe et scientifique international de Dubaï en 2004 pour que la création d’une telle structure trouve sa légitimité dans le monde arabe, à la demande des nombreuses commissions présentes ce jour-là. « Nous ne voulions pas être parachutés dans un monde arabe qui ne nous acceptait pas », explique Nancy Azar. Deux ans plus tard, Mentor Arabia est fondée à Dubaï et son siège installé à Beyrouth. La fondation est depuis soutenue par de nombreuses personnalités et institutions dans la région, telles que la Ligue arabe, le bureau des Nations unies pour la lutte contre la drogue et le crime (UNODC) et d’autres représentants de comité réunissant des spécialistes de différents secteurs. Aujourd’hui, Mentor Arabia reste fidèle à son principal leitmotiv : amener « un réel changement dans le monde arabe ».

 

Pour plus d’informations :  www.mentorarabia.org

Le constat est sans appel : les consommateurs de drogue sont de plus en plus nombreux et surtout de plus en plus jeunes. Au Liban, de nombreuses associations et ONG existent pour tenter d’aider les personnes dépendantes, mais Mentor Arabia est la seule à avoir décidé de se focaliser uniquement sur la prévention. « Notre but, c’est avant tout d’agir avant qu’il ne soit trop tard,...

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