L’une des nombreuses rues totalement dévastées par les violences à Alep. Photo AFP
De même, les participants, membres du Comité de coordination pour le changement national et démocratique (CCCND), ont demandé une nouvelle fois au régime du président Bachar el-Assad et à l’opposition armée d’arrêter les violences. Ils ont invité en outre toutes les composantes de l’opposition, de l’intérieur comme à l’étranger, à « œuvrer ensemble (...) pour un changement radical, démocratique et global qui concrétisera les revendications du peuple syrien ». La réunion a été organisée en présence des ambassadeurs de Russie et d’Iran, deux principaux alliés du régime. Regroupant des partis nationalistes arabes, kurdes, socialistes et marxistes, le CCCND refuse toute idée d’intervention militaire étrangère en Syrie et ne réclame pas expressément le départ de M. Assad. Une tentative de rapprochement de ce mouvement avec le Conseil national syrien (CNS) en exil s’était soldée par un échec.
Régions « libérées »
Dans ce contexte de discorde et de chaos, des journalistes de l’AFP ont constaté que sur le terrain des régions entières du nord de la Syrie, près de la frontière turque, échappent désormais à tout contrôle du régime de Damas, certaines depuis des mois. Un reporter de l’AFP qui était dans la région d’Idleb en mars a de fait constaté qu’au cours des six derniers mois, les insurgés ont gagné du terrain, repoussant les forces loyales au président Bachar el-Assad sur de nombreux fronts et s’emparant de nombreux villages. Des officiers rebelles affirment encercler, sur la route d’Alep, une importante base de l’armée, dernier verrou selon eux sur cette voie desservant la deuxième ville de Syrie. Ils affirment aussi tenir tous les axes alentours et ne craindre que les attaques de l’armée de l’air. Dans certains gros bourgs, comme Harem, l’armée ne tient que le centre et s’abstient d’en sortir, toutes les routes alentours ayant été minées par la rébellion. L’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), qui s’appuie sur un réseau de militants, a d’ailleurs estimé cette semaine que près de 80 % des villes et villages syriens frontaliers de la Turquie échappent au régime.
Toujours sur le terrain, les violences se poursuivaient hier encore, faisant au moins 60 victimes selon un bilan provisoire de l’OSDH, dont au moins sept enfants. L’aviation du régime a frappé en plein cœur d’Alep, tuant au moins cinq personnes dont trois enfants d’une même famille, selon l’OSDH. Une vidéo postée sur YouTube montre les ruines d’un immeuble complètement aplati, les militants affirmant que des « familles entières » y résidaient. L’armée a bombardé à l’artillerie d’autres secteurs de la ville, selon un correspondant de l’AFP.
Les combats et les bombardements ont en outre secoué des quartiers de Damas, où l’armée a rasé trois maisons des environs de la capitale, Deir ez-Zor, Homs, Hama, ou encore Deraa.
Par ailleurs, plus de 2 000 militaires syriens ayant déserté se sont réfugiés en Jordanie depuis le début du conflit en Syrie en mars 2011, a affirmé le commandant des gardes-frontières jordaniens cité hier par la presse, le général Hussein el-Zyoud au quotidien el-Destour. Selon le chef de la diplomatie jordanienne Nasser Jawdeh, la Jordanie accueille actuellement quelque 200 000 réfugiés syriens.
Enfin, la police antiémeute jordanienne a fait usage hier de gaz lacrymogènes pour disperser une manifestation d’un millier de réfugiés syriens, qui ont mis le feu à une tente et détruit des biens, pour dénoncer leurs conditions de vie dans le camp de réfugiés de Zaatari, selon Zayed Hammad, président de l’association caritative islamique Kitab wal Sunna, faisant état de « quelques blessés ».
(Sources : agences et rédaction)