Fouad Daoud (à g.) embrassant son frère Jean : il a été libéré hier. Photo Danielle Khayat
La séance du cabinet qui s’est tenue hier soir sous la présidence du chef de l’État, Michel Sleiman, au palais de Baabda, a revêtu un caractère essentiellement militaro-sécuritaire. Les chefs des quatre appareils sécuritaires de l’État ont assisté à une partie de la réunion pour exposer le plan envisagé afin de mettre fin aux prises d’otages qui se sont multipliées ces derniers jours, le plus souvent pour réclamer des rançons. Le Conseil des ministres a par ailleurs approuvé un accord de coopération entre la France et le Liban dans le domaine de la défense.
Alors que le gouvernement poursuivait ses débats, le ministre de l’Intérieur, Marwan Charbel, a quitté momentanément la réunion pour annoncer aux correspondants de presse que l’armée avait libéré l’otage Fouad Daoud, enlevé il y a quelques jours dans la Békaa, et qu’un accrochage opposait la troupe aux ravisseurs. « Dans sept jours, a-t-il affirmé à ce sujet, vous n’entendrez plus parler de rapts. » M. Charbel a précisé qu’un plan de sécurité avait été élaboré avant le Conseil des ministres, soulignant que « les résultats apparaîtront dans les prochaines heures ». Et d’ajouter qu’une seule personne reste encore détenue en otage et que les services de sécurité s’emploient à la libérer.
Le plan de sécurité en question a été discuté en présence du commandant en chef de l’armée, le général Jean Kahwagi, du directeur général des Forces de sécurité intérieure, le général Achraf Rifi, du directeur de la Sécurité de l’État, le général Georges Karaa, et du directeur de la Sûreté générale, le général Abbas Ibrahim. Les membres du gouvernement ont pressé les quatre chefs des services sécuritaires à redoubler d’efforts afin de mettre fin au phénomène des enlèvements et des rapts crapuleux. Les services sécuritaires ont été priés sur ce plan d’agir avec la plus grande fermeté contre les ravisseurs, et une couverture politique totale aurait été accordée dans ce cadre à ces services. À ce sujet, le président Sleiman a mis l’accent sur la nécessité d’une coordination étroite entre les quatre appareils sécuritaires. Le chef de l’État a profité de l’occasion pour réitérer ses félicitations aux différents services de sécurité pour le travail qu’ils ont accompli afin d’assurer la réussite de la visite du pape Benoît XVI.
Selon des sources dignes de foi, les chefs des quatre appareils sécuritaires précités avaient tenu, avant la séance du cabinet, une réunion au siège des FSI afin de mettre au point le plan de sécurité qui devait être par la suite exposé au gouvernement. Une nouvelle réunion est prévue aujourd’hui afin de mettre au point les détails de ce plan. On apprend à ce sujet que la plupart des prises d’otages sont effectuées par deux bandes de malfaiteurs qui auraient des liens entre elles. Les services de sécurité seraient à la poursuite de ces deux bandes.
Au cours du Conseil des ministres, le général Kahwagi a indiqué que les ravisseurs utilisent au cours de leurs opérations des cartes prépayées de téléphonie mobile. Le président Sleiman a demandé de ce fait au ministre des Télécommunications de prendre les mesures qui s’imposent afin de réglementer strictement l’octroi des cartes prépayées, en ce sens que l’identité et l’adresse de l’acquéreur de la ligne devraient être impérativement et scrupuleusement recueillies par le vendeur de la ligne, sous peine de sanctions sévères.
L’accord de défense avec la France
Par ailleurs, lorsque le gouvernement a avalisé l’accord de coopération avec la France dans le domaine de la défense, quatre ministres ont exprimé des réserves à ce sujet : Mohammad Fneich, Hussein Hajj Hassan, Sélim Karam et Marwan Khaireddine. Ces derniers ont notamment contesté le fait que l’accord ait été ratifié avant d’être soumis au Conseil des ministres, sans compter que, selon eux, l’accord en question n’est pas « équilibré ». Parallèlement à cet accord de coopération franco-libanais, le Conseil des ministres a donné son accord à une loi-programme d’un montant de 1,6 milliard de dollars, étalé sur cinq ans, afin de doter l’armée d’équipements divers. Ce montant sera réparti comme suit : 100 millions de dollars en 2013 ; 300 millions de dollars en 2014 ; 500 millions de dollars en 2015 et 700 millions de dollars en 2016.
Le cabinet a donné en outre son aval au rapport présenté par le ministre de l’Énergie, Gebran Bassil, au sujet du résultat de l’adjudication qui a été organisée afin d’accroître la capacité de production des deux centrales de Zouk Mikhaël et de Jiyeh de 260 MW. Le gouvernement a également donné son feu vert au Conseil du développement et de la reconstruction en vue de lancer un appel d’offres pour la réhabilitation des centrales de Zouk et de Jiyeh.