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À La Une - Liban

« N'ayez pas peur », lance l'homme en blanc

L’Exhortation apostolique va « tracer un chemin vers l’essentiel », affirme Benoît XVI au premier jour de sa visite au Liban.

Le pape accueilli par le président libanais Sleiman à son arrivée à Beyrouth, le 14 septembre 2012. Filippo Monteforte/AFP

Un discours politique, un autre pastoral, sans lien nécessaire entre eux, c’est l’impression laissée hier par la séance de signature de l’Exhortation apostolique, qui a eu lieu dans la splendeur de la basilique Saint-Paul des grecs-catholiques, à Harissa (au nord de Beyrouth), sur fond de chants byzantins superbement exécutés, et au milieu de strictes mesures de sécurité.


La séance s’est tenue en présence du chef de l’État, Michel Sleiman, et de son épouse, de quelques officiels venus à titre personnel, des patriarches orientaux ou de leurs représentants, du clergé libanais et arabe, de délégations orthodoxe, musulmane et druze, ainsi que de celles du monde de la culture et de la société civile.
« Le bien le plus précieux que le monde arabe puisse obtenir, c’est la reconnaissance de l’État palestinien. » Le patriarche Grégoire III n’y est pas allé par quatre chemins. Fidèle à son image de défricheur, et saisissant l’occasion unique qui lui était offerte de s’exprimer en public, devant le Saint-Père, il a demandé rien moins que la fin de la crise israélo-palestinienne.


À quoi Benoît XVI a répondu par un discours pastoral dans lequel il a appelé les chrétiens « à retrouver l’essentiel, qui est de suivre le Christ, dans un contexte difficile et quelquefois douloureux, un contexte qui pourrait faire naître la tentation d’ignorer ou d’oublier la Croix glorieuse ».
« C’est justement maintenant qu’il faut célébrer la victoire de l’amour sur la haine », a ajouté le Saint-Père, qui a appelé les chrétiens à vaincre, comme l’empereur Constantin, « par le signe de la croix », ce qui veut dire pour lui pacifiquement, par la force de la communion et du témoignage.

 

L’ambiguïté entre les deux discours reflète une réelle problématique. Comment faire en sorte que l’Église et l’Exhortation soient autre chose qu’une parenthèse sans lendemain dans la vie des Églises ? Quels actes politiques concrets poser pour que la visite de Benoît XVI au Liban induise un changement réel et déterminant pour les peuples du Moyen-Orient ? Il va de soi qu’il n’y a pas de réponse facile à ces questions.
Au demeurant, Grégoire III ne s’est pas confiné au politique. Tout en évoquant « la juste cause palestinienne », il a également parlé de la nécessité pour les chrétiens du Moyen-Orient d’être « sel et lumière » (voir par ailleurs).
« Il n’a pas tort d’évoquer ainsi la crise qui secoue depuis plus de six décennies le monde arabe. Ce faisant, il souligne à sa façon que l’Exhortation apostolique s’adresse à tous les chrétiens d’Orient, et non à la seule Église du Liban. Grégoire III montre ainsi que les soucis du monde arabe, et les difficultés qu’il rencontre, ne doivent pas être ni dissimulés ni minimisés, mais qu’ils doivent occuper le devant de la scène, qu’ils sont une clé de la paix. L’impact de la crise régionale sur la présence des chrétiens en Israël et en Palestine n’est plus à démontrer », devait souligner un diplomate présent.

Une coïncidence providentielle
Le discours de Benoît XVI, à la fois profond et détaillé, s’est fait, lui, sur un autre registre. « Il est providentiel, a-t-il commencé, que cet acte ait lieu le jour même de la fête de la Croix glorieuse, dont la célébration est née en Orient en 355, au lendemain de la dédicace de la basilique de la Résurrection construite sur le Golgotha et le sépulcre de Notre Seigneur, par l’empereur Constantin le Grand, que vous vénérez comme un saint. »
« Dans un mois, a-t-il ajouté, se célébrera le 1 700e anniversaire de l’apparition qui lui fit voir la nuit symbolique de son incroyance, le chrisme flamboyant, alors qu’une voix lui disait :“Par ce signe, tu vaincras !”. Plus tard, Constantin signa l’édit de Milan et donna son nom à Constantinople.

Repenser le présent
Il me semble que l’Exhortation postsynodale peut être lue et interprétée à la lumière de la fête de la Croix glorieuse (...). Une telle lecture conduit à une véritable redécouverte de l’identité du baptisé et de l’Église, et elle constitue en même temps un appel au témoignage dans et par la communion (...) Par ses orientations bibliques et pastorales, par son invitation à un approfondissement spirituel et ecclésiologique, par le renouveau liturgique et catéchétique préconisé, par ses appels au dialogue, elle veut tracer un chemin pour retrouver l’essentiel : la “sequela Christi”, dans un contexte difficile et quelquefois douloureux, un contexte qui pourrait faire naître la tentation d’ignorer ou d’oublier la Croix glorieuse.
« C’est justement maintenant qu’il faut célébrer la victoire de l’amour sur la haine, celle du pardon sur la vengeance, celle du service sur la domination, celle de l’humilité sur l’orgueil, celle de l’unité sur la division.
« À la lumière de la fête d’aujourd’hui et en vue d’une application fructueuse de l’Exhortation, je vous invite tous à ne pas avoir peur, à demeurer dans la vérité et à cultiver la pureté de la foi. Tel est le langage de la Croix glorieuse.

Poser des actes concrets
 « (...) Il ne s’agit pas là d’un langage purement allégorique, mais d’un appel pressant à poser des actes concrets qui configurent toujours davantage au Christ, des actes qui aident les différentes Églises à refléter la beauté de la première communauté des croyants (...) Ecclesia in Medio Oriente offre des éléments qui peuvent aider à un examen de conscience personnel et communautaire, à une évaluation objective de l’engagement et du désir de sainteté de chaque disciple du Christ. L’Exhortation ouvre au véritable dialogue interreligieux basé sur la foi au Dieu Un et Créateur. Elle veut aussi contribuer à un œcuménisme plein de ferveur humaine, spirituelle et caritative dans la vérité et l’amour évangéliques, puisant sa force dans le commandement du Ressuscité : “Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et leur apprenant à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et voici que je suis avec vous pour toujours jusqu’à la fin du monde”.

Fils de lumière
 « Dans toutes ses composantes, a conclu Benoît XVI, l’Exhortation voudrait aider chaque disciple du Seigneur à vivre pleinement et à transmettre réellement ce qu’il est devenu par le baptême : un fils de lumière, un être illuminé par Dieu, une lampe nouvelle dans l’obscurité troublante du monde afin que des ténèbres resplendisse la lumière. Ce document veut contribuer à dépouiller la foi de ce qui l’enlaidit, de tout ce qui peut obscurcir la splendeur de la lumière du Christ. La communion est alors une adhésion véritable au Christ, et le témoignage est un rayonnement du mystère pascal qui donne un sens plénier à la Croix glorieuse. Nous suivons et proclamons... un Christ crucifié... puissance de Dieu et sagesse de Dieu. Sois sans crainte, petit troupeau (Lc, 12, 32) et souviens-toi de la promesse faite à Constantin : “Par ce signe, tu vaincras !” »

 

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