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La visite de Benoît XVI au Liban - Religion

Depuis un Liban divisé, Benoît XVI confortera des chrétiens d’Orient insécurisés par l’islamisme

Un olivier planté sur le podium avant l’arrivée du pape Benoît XVI. Jamal Saidi/Reuters

« C’est un voyage du cœur pour le pape » dans le berceau du christianisme, « c’est aussi un voyage dans une région qui est le théâtre d’enjeux malheureusement négatifs et dangereux ». C’est en ces termes que Giovanni Maria Vian, le directeur de l’Osservatore Romano, le quotidien du Vatican, a commenté, interrogé par l’AFP, le déplacement de Benoît XVI au Liban du 14 au 16 septembre.


Il faut dire que pour l’Église, l’enjeu des crises actuelles au Moyen et Proche-Orient est le sort des chrétiens, dont elle veut éviter une émigration encore plus massive du berceau où elle est née.


Le choix par le pape du Liban, pris bien avant le printemps arabe, pour remettre l’Exhortation apostolique du synode de 2010 sur le Moyen-Orient n’est pas dû au hasard : c’est le seul État de la région qui a inscrit le multiconfessionnalisme dans sa Constitution. Mais, du Liban à la Syrie, les chrétiens sont aussi dispersés en une vingtaine d’Églises petites et grandes. D’où un probable appel à l’unité de la part du pape, l’union faisant la force.


D’autant que le Liban d’aujourd’hui est très différent de celui qu’a connu Jean-Paul II en 1997 puisqu’il est libéré de la tutelle syrienne et de l’occupation israélienne, mais qu’il reste incapable de s’unir autour d’un projet commun.
« La problématique en 1997, c’était celle d’un pays qui se construisait vaille que vaille, sous une tutelle (syrienne) pesante, avec beaucoup d’espoir. Aujourd’hui, la tutelle a disparu et le voisin qui était le tutélaire est lui-même sujet peut-être à des changements drastiques », précise Joseph Bahout, professeur à Sciences Po Paris, interrogé par l’AFP. Désormais scindé entre une coalition sunnito-chrétienne hostile à Damas et un bloc emmené par le Hezbollah et les aounistes partisans du régime Assad, le Liban représente un nouveau défi « que doit prendre en compte le pape Benoît XVI par rapport à la problématique des chrétiens au Liban et de leur marginalisation du fait de leur alignement sur les deux forces en conflit ».

 

(Lire aussi : De quoi s’inspirera l’Exhortation apostolique...)


« Il ne faut pas qu’on devienne l’otage des conflits d’autrui », affirme le député CPL Ibrahim Kanaan. « On peut soutenir une cause, mais nous sommes à Beyrouth et à Baalbeck, pas à Idleb ou Homs », dit-il. En face, les chrétiens anti-Bachar soutiennent à fond la révolte de « la liberté et de la dignité humaine » contre le régime des Assad en place depuis 40 ans. « Nous n’avons pas peur du changement, nous le regardons droit dans les yeux », martèle le secrétaire général du 14 Mars Farès Souhaid, critiquant « ceux qui se comportent comme une minorité apeurée. Il est demandé aux chrétiens, par l’intermédiaire de ce que va dire le pape au Liban, qu’ils soient des vecteurs de modernité et le fer de lance de ce changement dans le monde arabe », souligne M. Souhaid.

La paix « tant désirée »
En attendant, et à 48 heures de son arrivée à Beyrouth, Benoît XVI a lancé hier un appel à « la paix tant désirée » au Proche et Moyen-Orient, « dans le respect des légitimes différences », lors de son audience générale hebdomadaire au Vatican.
S’exprimant en français, le pape a particulièrement encouragé les chrétiens « à être des constructeurs de paix et des acteurs de réconciliation », alors même que la crise syrienne ne connaît pas de trêve. « Demandons à Dieu de donner au Moyen-Orient la paix tant désirée », a ainsi lancé Benoît XVI, exhortant en particulier « les chrétiens du Moyen-Orient, qu’ils soient de souche ou nouveaux arrivés, à être des constructeurs de paix et des acteurs de réconciliation. L’histoire du Moyen-Orient nous enseigne le rôle important et souvent primordial joué par les communautés chrétiennes dans le dialogue interreligieux et interculturel », a-t-il ajouté.

Bertone
C’est donc en véritable « messager de paix » que le pape arrive au Liban, a insisté le numéro deux du Vatican, le cardinal Tarcisio Bertone dans un entretien au Figaro.fr.
Lors de son voyage, Benoît XVI délivrera « un message d’espérance et un encouragement à tous les catholiques du Moyen-Orient pour qu’ils puissent offrir leur précieuse contribution dans les sociétés tellement différentes où ils vivent », a affirmé Mgr Bertone.
Le Moyen-Orient actuel doit beaucoup à la présence chrétienne, a-t-il rappelé. « Les chrétiens contribuent à l’édification d’une société libre, juste et réconciliée. Leur présence est souhaitée par la plupart des pays. L’enjeu est de travailler ensemble pour faire de cette région un nouveau berceau de civilisation, de culture et de paix », a-t-il ajouté. Concernant la situation des chrétiens en Syrie, Mgr Bertone a estimé que ces derniers étaient « un point de référence, un pont entre les communautés » et qu’ils cherchaient « à construire la paix et l’unité entre tous les citoyens au-delà de leur appartenance ethnique et religieuse ».
Interrogé par ailleurs sur les risques du voyage au Liban pour Benoît XVI, Mgr Bertone a affirmé que « les tensions croissantes dans cette zone, loin de le décourager, ont rendu encore plus urgent son désir de visiter le Liban afin de stimuler la paix et d’exprimer à tous sa profonde solidarité ».

 

Vidéo micro-trottoir : Et pour vous, que représente la visite du pape au Liban?

 

Infos pratiques

Strictes mesures de circulation routière pour la visite du pape

 

Le programme de la visite au Liban de Benoît XVI

 

 

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En 1997, la visite de Jean-Paul II au Liban suscitait l'espoir des uns et l'inquiétude des autres

 

 

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