La une du quotidien français Libération du mardi 11 septembre 2012. Bernard Arnault a porté plainte contre Libération pour sa une du lundi, portant le message suivant "Casse-toi, riche con!".
L'"affaire" Bernard Arnault s'est envenimée lundi avec l'annonce par le patron de LVMH de poursuites pour "injures publiques" contre le quotidien Libération, dont la Une choc "Casse-toi, riche con!" éreintait sa demande de naturalisation belge.
Bernard Arnault, en quête de double nationalité franco-belge, a déposé à Bruxelles une demande de naturalisation qui a enflammé en France le débat sur la fiscalité, alors que le budget 2013 comportera 20 milliards d'euros de nouveaux impôts et une taxe à 75% des très hauts revenus. La fiscalité sur les grandes fortunes est moins élevée en Belgique qu'en France (faible taxation du capital, absence d'impôt sur la fortune, droit de successions et donations plus avantageux).
Cette révélation a provoqué une vague de réactions dans la presse française : la Une de "Libé" montrait lundi une photo du milliardaire, souriant et valise à la main, barrée du titre "Casse-toi, riche con!", en allusion au célèbre "Casse-toi, pauvre con!" adressé par Nicolas Sarkozy en 2008 à un homme qui l'avait insulté au Salon de l'Agriculture.
"Bernard Arnault n'a d'autre choix, compte tenu de l'extrême vulgarité et de la violence du titre" du quotidien de gauche "que d'assigner le journal Libération en justice", ont indiqué ses services dans un communiqué. M. Arnault, proche de l'ancien président, l'a jugée "inacceptable" et symptomatique d'un "état d'esprit anti-entreprise totalement à l'encontre des nécessités du redressement économique du pays".
Ses services ont souligné que depuis la création de LVMH, l'homme d'affaires avait "toujours travaillé et payé l'intégralité de ses impôts en France", défendu le "savoir-faire et le patrimoine français", "créé plus de 20.000 emplois directs sur le territoire" et que les entreprises du groupe avaient réalisé "plus de 3.000 embauches sur la seule année 2011".
Le directeur délégué de la rédaction de Libération, Vincent Giret, avait défendu lundi matin le choix éditorial du quotidien en soulignant que "la presse jusqu'à nouvel ordre a le droit de s'exprimer" concernant un "personnage public".
"La décision de Bernard Arnault (de demander la nationalité belge, ndlr) contient aussi une dose de vulgarité que nous renvoyons dans un effet boomerang", avait-il estimé.
Mardi, Libération a enfoncé le clou, "répondant" au patron de LVMH en détournant en Une une autre phrase attribuée à Nicolas Sarkozy, "Bernard, si tu reviens, on annule tout !". Une reprise des termes d'un SMS, par la suite démenti, que l'ancien président aurait envoyé à Cécilia, son ex-épouse, juste avant d'épouser Carla Bruni - "si tu reviens, j'annule tout".
Le journal raconte aussi les discussions à l'intérieur de Libération provoquées dimanche par la Une envisagée et justifie la phrase publiée lundi. "Vulgaire cette Une ? Non, y en a marre des bienséances qui entérinent l'état des lieux. On ne devrait pas recourir à l'insulte ? Mais c'est Arnault qui insulte. On ne doit pas reprendre les termes de Sarkozy ? Mais c'était pour montrer la proximité entre Sarkozy et Arnault", peut-on lire dans un article du journal.
Le baron Edouard de Rothschild, principal actionnaire du quotidien et lui-même homme d'affaires fortuné, a par ailleurs apporté son soutien à Libération. "Ca me paraît dans la droite ligne de ce que Libération doit faire et doit être", a-t-il dit, ajoutant par ailleurs qu'il paierait ses impôts "de bon coeur".
Réactions politiques
Lundi, M. Arnault a tenté de désamorcer la polémique en réaffirmant dimanche à l'AFP qu'il continuerait à payer ses impôts en France et en récusant tout geste "politique". Mais le président François Hollande a estimé qu'"il aurait dû bien mesurer ce que signifie demander une autre nationalité".
Le Premier ministre français, à qui M. Arnault avait réitéré mercredi son opposition à la taxe sur les hauts revenus, a souligné, de son côté, lui avoir "répondu que chacun devait faire un effort en fonction de ses moyens et que l'effort patriotique qui était demandé aux plus riches des Français, était un effort nécessaire". "Je ne vois pas pourquoi ceux qui ont le plus de moyens ne contribueraient pas davantage que les autres à l'effort de redressement", a ajouté Jean-Marc Ayrault.
Le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, a suggéré au milliardaire de "rendre hommage au pays qui lui a permis d'être ce qu'il est". Najat Vallaud-Belkacem, porte-parole du gouvernement, a également expliqué le succès de Louis Vuitton par le fait que "c'est une marque France" et a invité à se souvenir de "ce qu'on doit à la France".
A droite, l'ancien Premier ministre François Fillon a déploré un "déchaînement d'insultes" contre "un grand patron d'une grande entreprise française".
"La demande de nationalité belge de Bernard Arnault, première fortune d'Europe et quatrième du monde (32 milliards d'euros), provoque un raz-de-marée démesuré...On manipule un symbole car il n'est pas nécessaire de prendre un passeport pour payer ses impôts dans un pays étranger", écrit, de son côté, Olivier Berger dans La Voix du Nord.
"L'aller et retour fiscal opéré par Bernard Arnault le week-end dernier entre la France et la Belgique, a permis à la gauche et une partie de la droite de placer le débat de la taxation à 75% des plus riches sur le terrain du +patriotisme+, ce qui n'est pas malhabile au regard de l'objectif poursuivi", souligne, quant à lui, Jean-Michel Helvig, dans La République des Pyrénées.
Spéculations
Au delà des réactions des uns et des autres, la demande de naturalisation engagée en Belgique par le milliardaire, quatrième fortune mondiale et première d'Europe selon le magazine Forbes, continue d'alimenter les spéculations sur ses motivations.
Le maire d'Uccle, commune chic de Bruxelles, Armand De Decker, a affirmé à la radio publique belge RTBF que M. Arnault lui avait exprimé fin 2011 son souhait de "se domicilier et s'installer à Uccle" en invoquant des raisons fiscales.
Le patron de LVMH, qui réside à Paris, dispose déjà d'un domicile à Bruxelles. Il assure vouloir uniquement "développer" ses "nombreux investissements" en Belgique.
Une source proche du dossier et un fin connaisseur de LVMH ont avancé l'idée d'un investissement "sensible", en lien éventuel avec son ami milliardaire belge Albert Frère, qui serait facilité par l'obtention de la double nationalité.
Mais Albert Frère a démenti mardi que le projet controversé de naturalisation de son ami Bernard Arnault puisse être l'étape obligée d'une opération financière le concernant : "ma succession est une affaire réglée" et "nous n'avons aucun projet concret" ensemble.
"Nous avons par le passé réalisé des investissements en commun dont sommes ravis. Et nous le referons avec plaisir. La démarche de Bernard Arnault ravive peut-être encore cette envie, mais nous n'avons aujourd'hui aucun projet concret", ajoute le baron Frère, interrogé par le quotidien Le Figaro de mardi à propos de l'intention de son ami de prendre la nationalité belge.
Bernard Arnault, en quête de double nationalité franco-belge, a déposé à Bruxelles une demande de naturalisation qui a enflammé en France le...
Pendant ce temps, je connais un paquet d'amis prêt à vendre leur nationnalité française, grecque, italienne, espagnole et même américaine, le canada se la pète en déclarant vouloir retirer la nationalité, mais en fait c'est bien des "canadiens" qui ont provoqué cet appel à la fraude pour être débarassé sans frais de la nationalité qui prend plus qu'elle n'en donne. Pour Arnault, évidemment qu'il veut une 2eme nationalité et non pas résider hors de France comme on le dit, vous imaginez gagner 2M euros et en payer 1.250 m au fisc ??? Quand pour lui il s'agit de 12M de dividendes par an, faites vos calculs et vous comprendrez ce qu'il sauve en se sauvant.
06 h 39, le 12 septembre 2012