Le comité quadripartite de Bkerké, regroupant des représentants des Kataëb, des Forces libanaises, du courant aouniste et des Marada, s’était prononcé dans un premier temps en faveur de la proposition de la « rencontre orthodoxe ». Une vive opposition était toutefois apparue sur ce plan, notamment au niveau de certaines factions musulmanes, ce qui a amené le comité de Bkerké à plancher sur un projet de loi électorale basé sur de petites circonscriptions, à raison d’un à trois députés par circonscription. Passant outre au consensus apparu ainsi au sein du comité de Bkerké, les ministres aounistes ont avalisé le projet de loi approuvé par le gouvernement, prévoyant treize circonscriptions suivant un système proportionnel. La proposition de loi présentée hier par MM. Abi Nasr et Alain Aoun est en contradiction avec le texte cautionné par les ministres aounistes.
En tout état de cause, MM. Abi Nasr et Aoun ont tenu hier une conférence de presse conjointe afin de défendre et d’exposer leur proposition de loi. M. Abi Nasr a commencé par souligner que ce ne serait pas la première fois, au cas où leur proposition est approuvée, que chaque communauté élit ses députés. Il a fait état à cet égard du protocole de la « moutassarifiya » de 1864 qui prévoyait la parité dans la répartition des sièges parlementaires, chaque communauté élisant ses députés. M. Abi Nasr a indiqué que ce système a duré 55 ans, et durant cette période, a-t-il relevé, « la montagne a connu une ère de stabilité ». « La parité avait été adoptée, a-t-il également déclaré, en dépit du fait que les chrétiens étaient plus nombreux que les musulmans. »
M. Abi Nasr a d’autre part souligné que la proposition de loi qu’il a présentée avec Alain Aoun prévoit que les émigrés voteraient, dans les ambassades et les consulats, pour les députés de leur région d’origine conformément à leur appartenance communautaire.
Prenant à son tour la parole, Alain Aoun a déclaré que la proposition de loi qu’il a présentée avec M. Abi Nasr rejoint le projet de la « rencontre orthodoxe », soulignant que cette proposition avait été débattue au sein du comité de Bkerké « qui lui avait accordé la priorité » par rapport aux autres suggestions. Évoquant implicitement le débat portant sur l’amendement de la loi électorale, M. Aoun a souligné qu’un « minimum de conditions devraient être satisfaites pour assurer la coexistence ». « La représentation devrait être juste et la coexistence devrait être une réalité bien établie ou, à défaut, nous prônons la proposition que nous avons présentée aujourd’hui (hier) afin de réduire les conflits entre les Libanais, a ajouté Alain Aoun. Cette proposition réglemente une fois pour toute le problème des élections et du partenariat. »
Et M. Aoun d’ajouter : « À l’ombre de notre système politique, il n’est pas concevable qu’un partenaire au plan national nie à une composante essentielle du pays le droit à une représentation juste et équitable dans le cadre du système confessionnel en vigueur au Liban. S’ils veulent renier ce droit, nous adopterons alors une position maximaliste qui se traduit par cette proposition (présentée hier). Nous soumettons cette proposition aux députés, et plus particulièrement aux députés chrétiens, afin que la vie politique dans le pays soit réorganisée et que les problèmes politiques soient atténués. »
En conclusion, M. Aoun a émis l’espoir que les partis représentés au sein du comité quadripartite approuveront la proposition en question et s’emploieront à « convaincre leurs alliés ».
Il convient d’indiquer dans ce cadre que le texte élaboré par MM. Abi Nasr et Aoun prévoit que les électeurs des communautés minoritaires voteraient pour le candidat minoritaire tandis que les électeurs juifs pourraient voter pour le candidat de leur choix, qu’il soit chrétien ou musulman.
Zahra : Une manœuvre
Le député Antoine Zahra, membre du bloc parlementaire des Forces libanaises, a réagi à la démarche de Nehmetallah Abi Nasr et d’Alain Aoun, soulignant que la proposition de loi qu’ils ont présentée n’est autre qu’une « copie du projet de la rencontre orthodoxe que les Forces libanaises avaient avalisé lors des débats à Bkerké ». « La réaction de leurs alliés (au courant aouniste et au bloc Frangié) ainsi que celle de nos alliés ont été négatives, a déclaré Antoine Zahra. Nous avons par conséquent planché (au sein du comité de Bkerké) sur des solutions de rechange, dont notamment le projet des Forces libanaises portant sur de petites circonscriptions, dont le nombre de députés varierait entre un et trois. »
Après avoir relevé que le courant aouniste est passé outre aux travaux du comité de Bkerké et a approuvé le projet transmis par le gouvernement à la Chambre, M. Zahra a souligné que le parti des Forces libanaises est prêt à approuver la proposition présentée hier par les deux députés aounistes « si le CPL parvient à convaincre ses alliés ». « À notre avis, a ajouté le député FL, il ne s’agit là que d’une manœuvre (la proposition Abi Nasr-Aoun) car les ministres aounistes ont donné leur accord à un projet qui est sans aucun rapport avec ce qui a été discuté et examiné à Bkerké. »
M. Zahra a déclaré en outre que le projet avalisé par le gouvernement a pour fonction de « servir les intérêts des alliés du courant aouniste (le Hezbollah) de manière à leur permettre d’arracher une majorité (parlementaire) en se livrant à un nouveau coup de force par le biais, cette fois-ci, du découpage des circonscriptions », a conclu le député FL.
Le comité reçu par Raï
Notons dans ce cadre que le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, a reçu hier soir à Bkerké les membres du comité de suivi chargé de plancher sur le dossier de la loi électorale, les députés Boutros Harb, Georges Adwan, Samy Gemayel et Alain Aoun, ainsi que les anciens ministres Ziyad Baroud et Youssef Saadé. Les membres du comité ont informé le patriarche du bilan de leurs travaux et de leurs contacts sur ce plan.
commentaires (7)
Je donne le mérite à qui de droit. Pas de problème.
SAKR LEBNAN
14 h 06, le 11 septembre 2012