Noomi Rapace embrassant Brian De Palma hier à Venise. Tony Gentile/Reuters
Le cinéaste américain Brian De Palma est ainsi entré en lice avec Passion, un remake de Crime d’amour du réalisateur français Alain Corneau. De Palma réalise un thriller érotique dominé par deux femmes qui se livrent à une lutte de pouvoir acharnée au soin d’une agence internationale de publicité à Berlin, une rivalité qui ne va pas tarder à les entraîner dans une spirale infernale. Christine (Rachel McAdams) est blonde, belle, sûre d’elle et tout lui réussit. Pour faire carrière, elle n’hésite pas à voler sans scrupule les idées brillantes de sa collaboratrice Isabelle (Noomi Rapace), une brune à la beauté froide qui reste dans son ombre. Peu à peu, Isabelle se rebelle contre la domination physique et psychologique de Christine, et les deux femmes entrent dans un jeu dangereux à base de séduction, manipulation et domination, où les coups de théâtre se succèdent.
À 71 ans, Brian De Palma a choisi de revenir avec un remake de Crime d’amour d’Alain Corneau, auquel il donne un twist hitchcockien avec une touche de Basic Instinct : les amours saphiques, la blonde contre la brune, le sadomasochisme... « C’est un film sur les femmes et pour les femmes, où les hommes se font baiser », a commenté De Palma lors d’une conférence de presse. Les deux protagonistes « sont capables de faire peur, d’être manipulatrices, intrigantes, séduisantes. En fait, comme toutes les femmes, elles recouvrent toute la palette des sentiments et elles peuvent aussi faire pleurer », a-t-il analysé. L’auteur de Carrie, Scarface et Mission impossible a concocté un audacieux cocktail pour cette coproduction franco-allemande qui a divisé le public vénitien entre sifflets et bravos.
Parallèlement, deuxième film italien en compétition, Un giorno speciale de Francesca Comencini dresse un tableau sombre de l’avenir que réserve la société italienne à sa jeunesse désemparée. La jeunesse italienne à la dérive, sans idéaux et corrompue par une société où tout est basé sur le piston et l’argent, est au centre de ce film. Gina et Marco ont grandi dans la banlieue de Rome et n’ont pas encore 20 ans, mais ils veulent réussir dans la vie. Gina veut devenir actrice et pour cela compte sur le coup de piston que doit lui donner un député avec qui elle a rendez-vous. Marco a raté ses études mais compte faire carrière comme chauffeur. Les deux protagonistes se rencontrent un matin lorsque Marco vient chercher en Mercedes Gina, habillée et maquillée comme pour une montée des marches, pour la conduire à son « rendez-vous » avec le député, dont les intentions réelles sont clairement sous-entendues. Le rendez-vous est finalement reporté d’heure en heure, forçant les deux jeunes à faire connaissance et passer ensemble « une journée spéciale » : shopping, restaurant, bowling, promenade en centre-ville... Entre eux se noue une complicité, mise très vite à rude épreuve par la réalité et les compromis qu’ils sont prêts à faire ou non pour réussir.
« Je voulais faire un film sur deux jeunes de banlieue qui se rapprochent du centre. Raconter leur journée à petites touches. Faire un film précis et léger. Rapide, tant dans l’unité de narration (une journée) que dans le rythme du récit », a expliqué la cinéaste de 51 ans, née elle-même à Rome où elle vit toujours. Ce film, qui dénonce une société berlusconienne dans laquelle le corps de la femme est une marchandise et la méritocratie un rêve inaccessible, vise à « donner un coup de semonce, mobiliser et montrer que ce qui semble une liberté d’utilisation du corps féminin est en réalité une parodie de la liberté », a estimé la cinéaste.
(Source : AFP)