Des journalistes et des photographes sur les lieux du crime aux Alpes le 7 septembre 2012. Philippe Desmazes/AFP
Sa sœur Zainab, âgée de sept ans, blessée, est maintenue dans un coma artificiel et les enquêteurs attendent désormais beaucoup de ce « témoin-clé ». « On espère qu’elle pourra nous dire ce qu’elle a vécu, donner des descriptions » sur le ou les tueurs, a souligné le procureur.
Le premier témoin arrivé sur place après la tuerie, un cycliste britannique, a « vu descendre un 4X4 de couleur verte ». « Il aurait vu aussi une motocyclette, rien d’autre », a affirmé Éric Maillaud. Le procureur a aussi indiqué que la famille britannique victime de la tuerie connaissait bien la région et avait déjà séjourné dans le camping proche du lieu du drame, où elle avait élu domicile avec une caravane depuis quelques jours. Le père de la famille est « totalement inconnu, en matière de terrorisme et d’antiterrorisme, des services de renseignements spécialisés » français et britanniques, a-t-il également déclaré. Le procureur a confirmé que le frère de Saad al-Hilli, avec qui il pourrait avoir eu une dispute « à propos d’argent », s’était présenté spontanément à la police britannique et avait déclaré n’avoir « aucun conflit » avec son frère.
Né à Bagdad et vivant depuis de longues années en Grande-Bretagne, Saad al-Hilli, 50 ans, était domicilié avec sa femme et ses deux petites filles dans la grande banlieue sud de Londres, dans le comté du Surrey. Les enquêteurs français suivent de multiples pistes mais ne semblent pas avoir jusqu’à maintenant d’élément probant sur le ou les responsables de la tuerie, pas plus que sur le mobile. Ils travaillent sur toutes les pistes à ce stade de l’enquête, des « plus crapuleuses » au « drame familial ». Ils ont entamé hier une coopération officielle avec la police britannique afin de tenter d’apporter de premières réponses à un massacre toujours dominé par le mystère.
Deux informations judiciaires, l’une pour « assassinats » et l’autre pour « tentatives d’assassinat », ont été ouvertes. Deux juges d’instruction, Michel Mollin et Christine de Curraize, ont été désignés pour cette affaire. Un gendarme a été envoyé en Angleterre, d’autres doivent suivre. Des autopsies des victimes, tuées par balles, ont commencé hier après-midi. Elles pourraient permettre de dire s’il y avait un ou des tueurs.
Les forces de l’ordre ont rouvert au public l’accès à la zone des meurtres, sous haute garde depuis la découverte mercredi de la voiture de Saad al-Hilli sur une route forestière proche de Chevaline. Trois jours après le quadruple crime, ses habitants restent sous le choc. « Il ne se passe jamais rien ici, alors là, nom d’un chien ! » s’exclame un villageois de cette bourgade de 200 habitants en réclamant l’anonymat. « Ici, il y a plus de vaches que d’habitants », renchérit un autre habitant. « C’est le bout du monde ici, il n’y a personne », confirme la tenancière d’un bar des environs, notant que pour se « planquer », c’est « le coin parfait ». Le lieu du crime était plutôt connu jusqu’à présent comme le point de départ de balades dans la nature faciles à faire avec des enfants.
(Source : AFP)