Le président de l’Union européenne Herman Van Rompuy et le Premier ministre grec Antonis Samaras en pleine discussion hier. Kostas Tsironis/AFP
En ce qui concerne le cas grec, il a insisté sur le fait que « l’avenir de la Grèce se situait dans la zone euro » à l’issue d’une rencontre avec le Premier ministre conservateur Antonis Samaras. Mais il a appelé à la « poursuite des efforts », notamment en matière de réformes structurelles. Reconnaissant l’aspect « douloureux » de l’austérité imposée au pays à la veille d’une grande manifestation syndicale et de l’opposition de gauche devant marquer à Salonique la rentrée sociale, il a plaidé pour plus de « justice sociale » avec des mesures contraignant « les privilégiés à porter le poids le plus lourd ».
M. Samaras a pour sa part mis en avant l’urgence pour le pays d’une reprise de la perfusion financière de l’UE et du FMI, suspendue par les partenaires d’Athènes à leur évaluation du rapport que doit leur présenter d’ici à début octobre la troïka (UE-BCE-FMI). Il a indiqué avoir souligné à M. Van Rompuy « la nécessité du déblocage à temps de la prochaine tranche » d’aide, gelée depuis juin, de 31,5 milliards d’euros, sans laquelle le pays risque la cessation de paiement. « Les résistances des Grecs ont atteint leurs limites, cela signifie qu’il faut une relance le plus vite possible », a-t-il aussi ajouté, alors que le pays est sommé par l’UE et le FMI d’adopter un impopulaire nouveau train de mesures, préalable à tout nouveau versement.
Le ministre grec des Finances Yannis Stournaras va « probablement » présenter à la troïka ce paquet visant à dégager des économies de plus de 11,5 milliards d’euros en 2013 et 2014, selon une source au ministère. Il reviendrait alors à la troïka et à M. Samaras de le finaliser lors d’une rencontre annoncée pour lundi matin. Sous réserve qu’entre-temps le Premier ministre ait obtenu l’accord des partenaires de son exécutif de coalition, le socialiste Evangélos Vénizélos, et le dirigeant de la gauche modérée Fotis Kouvelis, qu’il doit réunir dimanche soir.
Dans l’attente, la troïka, composée de l’Allemand Matthias Mors, représentant la Commission européenne, de son compatriote Klaus Masuch, à la tête de l’équipe de la BCE, et du Danois Poul Thomsen pour le FMI, s’est en tout cas faite discrète. « Il est certain que les mesures en préparation vont tester la cohésion sociale et la stabilité de la cohésion du gouvernement de coalition, mais elles sont absolument nécessaires pour obtenir le financement de la Grèce par ses prêteurs institutionnels », résume le chef économiste d’Eurobank Platon Monokroussos.
Les alliés socialistes et de la gauche modérée du Premier ministre conservateur Antonis Samaras campent jusque-là sur leur opposition aux « coupes » horizontales dans les salaires et pensions de la fonction publique pour rétablir les équilibres budgétaires du pays au bord de la faillite. Mais selon le site d’information économique Capital.gr, les contrôleurs de la troïka auraient eux aussi besoin de « se mettre d’accord entre eux », c’est-à-dire d’harmoniser les positions entre Européens et FMI sur la stratégie à adopter face au cas grec, l’estimation de la récession et la viabilité de la dette du pays. Le FMI par le passé a souvent plus insisté que les Européens sur le ratio de soutenabilité de la dette du pays, poussant activement à la restructuration de la dette détenue par les prêteurs privés.
La Grèce doit aussi procéder à une série de réformes structurelles, concernant la fiscalité, le marché du travail ou les privatisations. Sur ce dernier sujet, M. Samaras a fait passer quelques signaux en levant certains freins législatifs aux cessions publiques et en demandant le concours du Conseil juridique de l’État pour économiser les frais versés aux cabinets conseils de tout poil se pressant à Athènes pour « aider » aux privatisations.
(Source : AFP)