Rechercher
Rechercher

Économie - Zone euro

La BCE sort l’artillerie lourde pour enrayer la crise

La Banque centrale européenne a annoncé un programme illimité de rachat de dette des pays les plus fragiles, comme l’Espagne ou l’Italie.

Mario Draghi a indiqué que le nouveau programme avait été voté à l’unanimité du conseil des gouverneurs de l’institution moins une voix. Johannes Eisele/AFP

La Banque centrale européenne (BCE) a décidé hier de frapper fort face à ceux qui doutent de la viabilité de la zone euro et de la monnaie unique. Ce nouveau programme, soumis à condition et baptisé « Outright Monetary Transactions » (OMT), va prendre la suite de celui lancé en mai 2010, lors de la première crise grecque, le SMP. Ce dernier s’est montré incapable d’éviter l’aggravation de la crise de la dette, car limité en temps et surtout en montant. L’OMT se justifie par « les perturbations graves observées sur le marché des obligations publiques qui proviennent de craintes infondées de la part des investisseurs sur la réversibilité de l’euro », a déclaré le président de la BCE Mario Draghi lors de sa conférence de presse mensuelle à l’issue de la réunion du conseil des gouverneurs de l’institution de Francfort.
Ce programme sera toutefois enclenché à la condition stricte que les États qui souhaitent en bénéficier aient auparavant fait appel à l’aide des fonds de secours européens, le FESF, provisoire, et le MES, son futur successeur. En clair, il faudra qu’un pays comme l’Espagne, très réticent jusqu’à présent, réclame officiellement cette aide avant qu’elle ne puisse être mise en œuvre. Les places boursières, qui craignaient que la BCE tergiverse après avoir promis cet été une action d’envergure, ont salué ces annonces, la plupart évoluant en nette hausse. Pour Holger Schmieding, économiste à la banque Berenberg, M. Draghi a « tenu parole ». « Après une année au cours de laquelle la BCE a laissé le tumulte sur les marchés obligataires empêcher la transmission de sa politique monétaire, elle s’attaque au cœur du problème de la crise de la zone euro » et signifie qu’elle ne « laissera aucun membre solvable de l’euro faire faillite », ajoute-t-il. Selon lui, les investisseurs qui ont appris à ne pas se mettre en travers du chemin de la Banque centrale américaine, la Fed, vont désormais réaliser qu’il ne faut pas non plus se frotter à la BCE.
En Espagne, où le Premier ministre espagnol Mariano Rajoy recevait la chancelière allemande Angela Merkel au même moment, les deux dirigeants ont refusé de commenter les décisions de la BCE. Alors que Madrid, en proie aux attaques des marchés, devrait être le premier bénéficiaire de l’action de la BCE, M. Rajoy s’est contenté de déclarer : « Quand j’aurai du nouveau, je vous le dirai. » L’Espagne, qui a déjà adopté des mesures d’austérité douloureuses, se refuse pour l’instant à faire appel à une aide globale européenne –après celle obtenue pour ses banques – tant qu’elle ne sait pas ce qu’il lui sera demandé comme sacrifice. Mme Merkel a elle aussi éludé la question. « La conférence de M. Draghi a lieu en ce moment », a-t-elle dit, alors que l’annonce du nouveau programme d’achat de la BCE avait déjà été rendu publique. « La BCE agit dans le cadre de son indépendance et de son statut », a-t-elle toutefois ajouté, alors que la Banque centrale allemande a confirmé jeudi son opposition au rachat de dette publique, qu’elle assimile à une manière détournée de financer les déficits publics, ce qui est interdit à la BCE.
M. Draghi a indiqué que le nouveau programme avait été voté à l’unanimité du conseil des gouverneurs de l’institution moins une voix, celle donc de Jens Weidmann, président de la Bundesbank. Dans un communiqué hier après-midi, la Bundesbank a réitéré ses critiques. « Si ce programme conduit les États à repousser les réformes nécessaires, cela va de nouveau saper la confiance dans la capacité des responsables politiques à résoudre la crise », a-t-elle estimé. Le programme OMT doit se concentrer sur les obligations de court et moyen terme, « entre un et trois ans », a déclaré M. Draghi, précisant que trois ans était « la maturité la plus efficace pour atteindre les objectifs ».
Contrairement au scénario qui avait circulé dans la presse, la BCE ne va pas viser de niveaux spécifiques sur les écarts de taux d’emprunt (spreads) entre les États de la zone euro au-delà desquels elle interviendrait automatiquement en achetant des titres de dette.
La BCE va par ailleurs de nouveau alléger ses critères pour les garanties (collatéraux) qu’elle exige des banques de la zone euro en contrepartie des prêts qu’elle leur accorde via ses opérations de refinancement. Elle a en revanche laissé son principal taux directeur à 0,75 %, son plus bas niveau historique. Peu d’analystes attendaient une nouvelle baisse de ce baromètre du crédit en zone euro, alors que la précédente en juillet n’avait eu que peu d’effet, de l’aveu même des dirigeants de la BCE.
(Source : AFP)
La Banque centrale européenne (BCE) a décidé hier de frapper fort face à ceux qui doutent de la viabilité de la zone euro et de la monnaie unique. Ce nouveau programme, soumis à condition et baptisé « Outright Monetary Transactions » (OMT), va prendre la suite de celui lancé en mai 2010, lors de la première crise grecque, le SMP. Ce dernier s’est montré incapable d’éviter l’aggravation de la crise de la dette, car limité en temps et surtout en montant. L’OMT se justifie par « les perturbations graves observées sur le marché des obligations publiques qui proviennent de craintes infondées de la part des investisseurs sur la réversibilité de l’euro », a déclaré le président de la BCE Mario Draghi lors de sa conférence de presse mensuelle à l’issue de la réunion du conseil des gouverneurs de...
commentaires (3)

Et cette artillerie lourde, n'est-ce pas imprimer tous les jours plus de euros ? On concentre les dettes de tous les pays à la BCE... Cela change en quoi le total des dettes ? Le ballon de la BCE ira en se gonflant tous les jours, et un petit matin... hoopp ! il éclatera ! L'hystérie joyeuse des marchés sera refrénée dès que la vision s'éclaircira...

SAKR LEBNAN

08 h 16, le 07 septembre 2012

Commenter Tous les commentaires

Commentaires (3)

  • Et cette artillerie lourde, n'est-ce pas imprimer tous les jours plus de euros ? On concentre les dettes de tous les pays à la BCE... Cela change en quoi le total des dettes ? Le ballon de la BCE ira en se gonflant tous les jours, et un petit matin... hoopp ! il éclatera ! L'hystérie joyeuse des marchés sera refrénée dès que la vision s'éclaircira...

    SAKR LEBNAN

    08 h 16, le 07 septembre 2012

  • Oui c'est un gros bol d'oxygène pour la zone euro mais je me demande dans quelle mesure ce programme illimité ne tourne pas en assistanat illimité et ne risque pas d'inciter les dirigeants des pays les plus fragiles à lever le pied dans leurs politiques de redressement économique.

    Robert Malek

    07 h 10, le 07 septembre 2012

  • ben nous y voilà...enfin...c'est pas trop tôt!En fait,il s'agit ni plus ni moins que de mutualiser la dette des européens.ces même européens qui commençaient à se comporter comme des "pauvres",la honte sur eux,et dont les gouvernements essayaient de faire croire aux peuples qu'ils étaient fautifs...çà n' a pas marché...pourquoi?parceque les européens ne sont pas cons à ce point!L'Europe est et restera encore longtemps la PREMIERE puissance économique du monde...loin devant les USA et la Chine...la BCE,dont il faut enfin féliciter les analystes,a fini par comprendre que les peuples européens ne se laisseraient pas faire,malgré la peur savamment distillée à longueur de journée.Et que les conséquences sociales,politiques et activistes risquaient d'être terribles...c'est le premier recul des nazis ultralibéraux...et c'est leur fin prochaine;comme je l'ai toujours écrit et souhaité...reste à détruire l'influence de la perfide Albion et à l'éjecter de l'Europe,une fois pour toutes!

    GEDEON Christian

    04 h 52, le 07 septembre 2012

Retour en haut