Modèle de Nzinga Knight.
Viendront ensuite d’autres grands noms de la mode new-yorkaise, de Helmut Lang aujourd’hui vendredi, à Carolina Herrera, Donna Karan, Marc Jacobs, Oscar de la Renta lundi et mardi, jusqu’à Ralph Lauren et Calvin Klein jeudi, qui clôtureront les défilés.
Les jeunes créateurs ne seront pas en reste avec Jason Wu aujourd’hui vendredi, Altuzarra demain samedi, Thakoon et Rad Hourani dimanche, Phillip Lim lundi et Rodarte mardi.
Outre la fashionista britannique Victoria Beckham, dont les dernières collections ont été bien reçues par les critiques et qui présentera ses dernières créations dimanche, cette Fashion Week devrait marquer les débuts très attendus sur les podiums new-yorkais de la ligne de la célébrité Katie Holmes et de la styliste Jeanne Yang, Holmes & Yang.
Des milliers de passionnés de la mode s’apprêtaient également à célébrer jeudi soir l’incontournable rendez-vous de la Fashion Week, créé en 2009, la « Fashion Night Out » (FNO) : soirée où des centaines de magasins et boutiques restent ouverts tard dans la nuit, proposant animations, conseils de beauté, spectacles et offres spéciales, avec parfois la participation de créateurs et artistes.
La Fashion Week de New York dure jusqu’au 13 septembre. Des dizaines de défilés seront diffusés en direct sur Internet. Une centaine d’entre eux auront lieu au Lincoln Center, à l’ouest de Central Park, les autres présentations étant éparpillées dans la ville.
Quand une musulmane rhabille les mannequins
Contrairement à la plupart de ses confrères, Nzinga Knight, une créatrice américaine et musulmane de 31 ans, est plus occupée à couvrir ses modèles qu’à les dévêtir. Lors de la Fashion Week de New York, qui a débuté jeudi au Lincoln Center, les vêtements laissant peu de place à l’imagination vont encore être à l’honneur. Mais quand Nzinga Knight entrera en scène, les poitrines à demi nues et les jupes entrouvertes laisseront la place aux manches longues et aux tissus opaques.
Musulmane pratiquante, Nzinga Knight a beau prier cinq fois par jour et se couvrir les cheveux, elle reste avant tout une fashionista. « Mes créations sont sensuelles, mystérieuses et innovantes », explique la jeune femme à l’AFP dans un studio du Pratt Institute, à Brooklyn. Sa cible, précise-t-elle, tout en brodant une robe noire et crème aussi belle que résolument pudique, sont « les femmes qui sont heureuses d’être des femmes ».
En lançant sa ligne, en 2008, la créatrice trouve les couturiers obnubilés par « les décolletés et le dos » des mannequins. « Beaucoup de femmes portent (certains vêtements) parce que les magazines leur disent de les porter, et il me semblait que tous les créateurs avaient le même point de vue », raconte-t-elle,
En combinant les codes moraux de sa communauté avec son sens du style new-yorkais, elle a rapidement trouvé ce que recherchent les jeunes entrepreneurs : une niche. « Mon esthétique manquait vraiment sur le marché, dit-elle. C’est très distinct (du reste) et cela me donne un avantage. »
Les créations de Nzinga Knight ne sont pas les seules à dénoter dans l’univers de la mode, où les couturiers noirs sont rares et les musulmans encore plus.
« L’obligation » de se dévêtir en Occident
Son père vient de Trinidad, sa mère de Guyana. Tous les deux se sont convertis à l’islam après leur arrivée à New York, où ils ont élevé leurs six filles. « Le fait que je sois à New York, née new-yorkaise, et qu’ici la mode soit si importante, mais aussi que je sois issue de la culture caraïbéenne et que je sois musulmane... », énumère-t-elle avant de reprendre son souffle pour conclure : « J’incarne beaucoup de choses. »
L’obligation faite aux femmes dans certains pays musulmans de porter des « robes » les couvrant de la tête aux pieds horrifie les Occidentaux. Nzinga Knight, elle, dit avoir appris de ses expériences passées. L’an dernier, lors d’un voyage à Dubaï, où vit l’une de ses sœurs, elle se rappelle avoir découvert la multiplicité des tons de noir, certes subtiles, du tissu apparemment uniforme des hijab et niqab. « Aucune femme n’est semblable », soutient-elle, expliquant que dans la sphère privée, ces musulmanes se débarassent de leur voile pour faire place aux dernières créations de mode qu’elles portent en dessous.
« Elles sont pleines de vie et portent des couleurs extraordinaires, mais seules leurs amies les plus proches peuvent le voir, raconte la créatrice. Je pense que c’est très sexy pour une femme d’avoir des secrets, de beaux secrets. » « Dans les sociétés occidentales, ajoute-t-elle, les femmes ne sont pas aussi libérées qu’elles le pensent. »
Prenant l’exemple des stars de la chanson, Nzinga Knight déplore l’obligation que ressentent certaines femmes - quel que soit leur talent - de se dévêtir pour réussir. « Elles ne sont pas autorisées à miser sur leurs seuls mérites (...), elles doivent enlever leurs vêtements. Ce sont les règles du jeu », affirme-t-elle. Des règles que dans son domaine, la New-Yorkaise tente de changer : « Je raconte une histoire que personne ne raconte. »