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L’ânerie de Leila

C’est un gentil groupe, Mashrou3 Leila. Membre du jury d’un concours co-organisé à l’époque par Radio Liban 96.2 FM et destiné à faire connaître au grand public les nouveaux talents musicaux libanais, toutes tendances et toutes langues confondues, leur démo (m’)avait férocement séduite. L’octet avait envoyé deux morceaux, dont l’indélébile Rakset Leila, bébé bâtard mais somptueux d’une nuit d’orgie entre Goran Bregovic, Abdel-Halim Hafez et Iggy Pop. Hipster mais pas trop, dilettante mais pas trop, romantique mais pas trop, racoleur mais pas trop, élégant mais pas trop, Mashrou3 Leila a su grimper plein d’escaliers avec beaucoup de grâce, à l’aise aussi bien dans un boui-boui à Hamra qu’au milieu des ruines romaines de Baalbeck. Gentil groupe donc, formé de très gentils gars, et avec beaucoup de belles promesses d’avenir. Mais surtout de présent : Mashrou3 Leila devait faire l’ouverture du concert beyrouthin des Red Hot Chili Peppers. L’un des plus grands groupes de rock du monde, avec Nirvana, des 25 dernières années. Mais Mashrou3 Leila a dit non. Ces jeunes musiciens libanais ont décidé de punir leurs géants aînés parce qu’ils... s’en vont ensuite chanter en Israël. Politiquement, c’est de la bêtise pure. Une immaturité record. Artistiquement, c’est un... gentil suicide. Et moralement, de la démagogie absolue : en meutes, les proPSNS, les proHezb et autres pseudo-intellos de pacotille ont hurlé de joie, voyant dans ce geste, ce renoncement, cette abnégation de tragédie grecque non seulement une claque retentissante sur la joue de tous les Netanyahu de l’État hébreu mais aussi, et surtout, le plus bel exemple de solidarité avec la jeunesse palestinienne. S’ils savaient à quel point ces jeunes-là sont autrement moins hypocrites qu’eux, et combien ils sont heureux, du moins ceux qui pourront se le permettre, d’être aux premières loges du concert à Tel- Aviv des Red Hot. Mashrou3 Leila a pris seul cette décision ? A-t-il cédé aux pressions et/ou aux menaces ? Dans les deux cas, il y a de la lâcheté et cette stupide autocensure qui n’a plus rien à envier à tous les débordements, même les plus ridicules, de la Sûreté générale. Dans les deux cas, il y a mélange totalement inopportun des genres. Dans les deux cas, il y a plein de gagnants : les Red Hot et leurs centaines de milliers de fans, Libanais, Israéliens, Palestiniens, la musique ne connaîtra jamais la moindre ligne bleue, verte, rose ou barbelée ; et un (seul) perdant : Mashrou3 Leila. C’est très con. Très sot, surtout : si chacun faisait ce qu’il sait faire et ce pour quoi il est payé, les vaches seraient bien mieux gardées.

 

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