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À La Une - Liban

Le 14 Mars se dote d’une assemblée consultative

Le 14 Mars a fait un pas important en avant, hier, sur le plan organisationnel, en se dotant, d’une manière très peu protocolaire, d’une sorte d’assemblée générale consultative formée des personnalités politiques du mouvement, ainsi que d’un certain nombre de personnalités médiatiques et de la société civile.

De g. à d., Farès Souhaid, Samir Geagea, Dory Chamoun et Nohad Machnouk. Photo Aldo Ayoub

C’est avec l’esprit du Rassemblement du Bristol, lieu-culte des rencontres du printemps de Beyrouth, que les forces du 14 Mars ont voulu commencer à renouer hier, en tenant des assises ouvertes et démocratiques organisées par le secrétariat général du 14 Mars pour commencer à mettre au point une stratégie d’avenir pour le pays et relancer la dynamique du mouvement à la lumière des développements locaux et régionaux en cours.
Signe des temps, l’opposition a cependant été contrainte de se replier sur la colline de Meerab, au sein du QG ultraprotégé du président des Forces libanaises, Samir Geagea : le spectre des attentats qui plane au-dessus de bien des pôles du 14 Mars est venu compliquer la donne – c’est un euphémisme – et se réunir à Beyrouth – ou ailleurs – au grand complet est presque devenu mission impossible.


Bien que négligée par le parti Kataëb, qui s’est abstenu d’envoyer ses représentants à Meerab, la rencontre d’hier a permis au 14 Mars d’avancer considérablement sur le plan organisationnel, conformément aux promesses de réformes internes effectuées à plusieurs reprises au cours des derniers mois, en adoptant le principe de la tenue d’assises consultatives régulières – et donc de facto le principe d’une assemblée générale consultative – pour débattre de la stratégie à adopter dans les prochains mois, notamment dans le contexte de la chute inéluctable du régime syrien et de la tenue des législatives.


Une centaine de personnalités politiques, de militants de la société civile et de journalistes ont ainsi pris part à ces assises, qui ont duré près de quatre heures et au cours desquels une multitude de sujets brûlants ont été évoqués, aussi bien des questions de fond, imminentes ou immanentes, que de forme, techniques ou organisationnelles. Une partie de la discussion a d’ailleurs été réservée, comme il est désormais de coutume chez le 14 Mars, à une autocritique constructive, le souci de tous, exprimé à plusieurs reprises, étant de « ne pas répéter les erreurs du passé ».


La première allocution de la séance a été prononcée par l’artisan de la rencontre, le secrétaire général du 14 Mars, Farès Souhaid, qui a souhaité que « cette réunion consultative convoquée par le secrétariat puisse conduire à l’avènement d’un dialogue interne entre les composantes du 14 Mars, lequel conduirait le plus tôt possible à deux objectifs spécifiques et interdépendants : produire une vision commune de ce que nous voulons et devons faire à ce tournant crucial que constitue l’effondrement imminent du régime syrien, compte tenu de l’évolution rapide des événements dans ce sens ; et se mettre d’accord sur un cadre et un mécanisme permettant de produire la vision souhaitée et de trouver des réponses aux questions et aux tâches posées par les derniers développements ».
« Comme vous le voyez, les deux objectifs sont liés. Il est évident qu’il y a nécessité, sinon urgence, et nous savons aussi quels sont les manques et les défauts dont souffre notre mouvement à ce niveau pour plus d’une raison », a poursuivi M. Souhaid.


« La vision commune nous place face au défi de répondre à la question suivante : peut-on faire de cette grande mutation une opportunité historique pour initier la construction d’une paix permanente pour le Liban, selon ses propres termes et obligations naturelles et élémentaires, et donc être à la hauteur de nos responsabilités ? Ou bien allons-nous rester perplexes et hésitants et participer – intentionnellement ou non – à la reproduction des souffrances libanaises au moment où la région sort du gouffre ? » s’est interrogé le coordinateur général du 14 Mars.


« Quant au cadre et au mécanisme, ils nous placent face au défi suivant : pouvons-nous faire face à l’échéance avec des organes politiques régis par la différenciation, le contraste et l’augmentation des spécificités à un niveau tel qu’il rend impossible toute complémentarité ? En d’autres termes : est-il possible d’accomplir notre mission historique en usant de monopoles, ou bien un engagement plus large au plan 14-marsiste, voire libanais, est-il nécessaire pour accomplir cette tâche ? »a ajouté M. Souhaid.
Et de conclure : « La nature de cette réunion est consultative, interactive et vise à rassembler les différentes composantes du 14 Mars, partisans, indépendants et membres de la société civile, et non le secrétariat général et les locataires de ce site national où nous nous rassemblons ».


« Nous continuerons à dialoguer avec toutes ces composantes, sans aucune exception », a souligné Farès Souhaid, martelant sa volonté de rétablir les ponts avec toutes les composantes du 14 Mars. C’est dans ce sens d’ailleurs qu’il coupera court, avec grande fermeté et d’une manière radicale, à une tentative de l’un des participants (indépendants) de critiquer l’absence du parti Kataëb à la réunion.

Le communiqué
Le débat a ensuite été lancé, à huis clos, juste après une allocution de bienvenue de l’hôte des lieux, Samir Geagea, qui a mis l’accent sur l’importance de relancer la dynamique du 14 Mars et multiplier les rencontres de dialogue entre les différentes composantes pour permettre de définir une vision commune de l’étape à venir. Même souci dans l’allocution de Samir Frangié, qui lance une série de grands axes de réflexion pour initier un débat, notamment sur ce que le 14 Mars devrait pouvoir dire au lendemain de l’effondrement du régime syrien. Les allocutions vont se succéder : du jusqu’au-boutisme de Nohad Machnouk, partisan d’une « désobéissance constitutionnelle » des députés du 14 Mars, à la rigueur et la clarté de Marwan Hamadé, qui propose, lui, la transformation des assises en forum consultatif du 14 Mars, en passant par la tonalité plus révolutionnaire d’Élias Atallah en faveur d’une structure plus démocratique du 14 Mars. Et la motion est aussitôt adoptée. Tout est évoqué, discuté, analysé, passé au crible : le risque grave de fiasco financier du pays (Nabil de Freige et Mohammad Chatah), les bombardements syriens sur le Nord et les réponses opaques de l’armée pour justifier son inaction à ce sujet (Hadi Hobeiche), l’élargissement nécessaire du 14 Mars à de nouvelles composantes chrétiennes, sunnites, et surtout chiites (Ahmad Fatfat et Youssef Bazzi), la création de commissions spécialisées pour plancher sur les différents sujets d’ici aux législatives (Ziad Sayegh), l’importance de dynamiser le projet de paix pour le Liban, rendu public le 14 mars dernier (Nassim Daher), ou de se focaliser sur la révolution syrienne, sans se laisser divertir par la rhétorique du 8 Mars (Naufal Daou), l’opportunité de provoquer ou pas la chute du gouvernement, la visite du pape (Dory Chamoun)...


À l’issue de la rencontre, le secrétariat général a fait paraître le communiqué suivant, dans lequel il tire la sonnette d’alarme sur les risques encourus actuellement par le Liban sur tous les plans :


« Sur invitation du secrétariat général des forces du 14 Mars, une rencontre politique au cours de laquelle les participants ont passé en revue les différentes menaces pesant sur le Liban et son peuple à cette étape s’est tenue à Meerab. Les conférenciers se sont mis d’accord sur les points suivants :


« 1 – La création d’un cadre permanent de concertation, ouvert aux forces du 14 Mars, comprenant toutes les forces partisanes et indépendantes qui soutiennent les idées souverainistes de la révolution du Cèdre.


« 2 – Il existe trois risques majeurs qui requièrent une mobilisation politique, populaire et parlementaire avant qu’il ne soit trop tard :
« A – L’insistance du régime syrien à faire exploser la situation sécuritaire au Liban, et dans le Nord en particulier, pour attenter à la paix civile, et ce à travers le retour à la série d’assassinats, aux projets d’implosion du pays et au phénomène des enlèvements, le tout dans l’objectif de prendre le pays en otage au profit du régime syrien et d’isoler ainsi le Liban de son environnement arabe et de l’écarter de son rôle historique.
« B – L’insistance des alliés de l’Iran au Liban à rejeter la logique de l’État et de sa souveraineté, à persister dans la confiscation de la décision de guerre et de paix et à exposer le pays à être une fois de plus une arène pour les conflits régionaux et internationaux, ce qui provoquerait sa destruction totale. Ce qui augmente encore les soucis des Libanais quant à leur sort, c’est le fait que le Hezbollah ait fait chuter le principe de la protection du Liban et de sa neutralité dans le communiqué de Baabda et sa prétention à assumer exclusivement et en solo la responsabilité du sort de la patrie et du peuple.
« C – La menace de faillite qui guette l’économie libanaise dans les différents secteurs productifs et financiers, résultat de politiques délibérées visant à faire perdre au Liban les derniers éléments de sa ténacité et de son immunité. Ces risques, qui s’ajoutent à la disposition de certaines composantes du gouvernement, accélèrent l’effondrement de l’État et de ses institutions.
« La réunion consultative du 14 Mars, qui se considère comme étant en session ouverte et permanente, tire la sonnette d’alarme et lance un appel au président de la République et à tous les Libanais libres face à ces dangers. La réunion consultative confirme aux Libanais qu’elle ne ménagera aucun effort aux niveaux national, régional et international, pour contrer la conspiration qui vise Liban. »

 

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