Les récentes tensions en mer de Chine méridionale occupent une place centrale dans le long déplacement de 10 jours de la secrétaire d’État Hillary Clinton en Asie-Pacifique, un voyage interprété comme une réponse aux ambitions croissantes de Pékin. La secrétaire d’État devait également s’entretenir avec le vice-président chinois Xi Jinping, pratiquement certain de succéder au président Hu Jintao, mais cette rencontre a été annulée au dernier moment par Pékin, selon un responsable US. Ce dernier n’a pas précisé la raison du changement de programme, mais les autorités chinoises ont déjà par le passé annulé des rencontres de haut niveau dans des phases de refroidissement de relations bilatérales.
Reçue par Hu Jintao, Mme Clinton a ainsi affirmé qu’il en allait « de l’intérêt commun que la Chine et l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (Asean) lancent un processus diplomatique vers le but partagé d’un code de bonne conduite ». M. Hu a pour sa part salué les « efforts (de Mme Clinton) pour faire progresser la relation sino-américaine », alors que la presse officielle chinoise avait jugé que sa visite s’inscrivait dans un contexte de défiance accrue. Rappelant les 12 rencontres passées entre le chef de l’État chinois et son homologue américain Barack Obama, Hillary Clinton a assuré : « Nous sommes capables d’évoquer les sujets de consensus et de désaccord d’une façon très ouverte. »
Ces déclarations conciliantes ont tranché avec le ton du Quotidien du Peuple, organe officiel du Parti communiste chinois, qui, hier, a mis en garde Washington contre toute atteinte aux « intérêts fondamentaux de la Chine » et contre toute tentative de « semer la discorde » dans la région.
Pékin revendique une souveraineté sur la totalité de la mer de Chine méridionale, y compris les zones proches des côtes des pays de la région, Vietnam, Philippines, Malaisie et Brunei notamment. Un conflit pourrait y avoir des conséquences dévastatrices sur le commerce mondial. « La liberté de navigation (...) en mer de Chine méridionale est garantie », a pourtant tenté de rassurer le ministre chinois des Affaires étrangères Yang Jiechi, dans une conférence de presse conjointe avec Mme Clinton. Il s’est dit ouvert à des discussions sur un code de conduite.
Reste qu’en pratique la Chine n’entend résoudre ses querelles territoriales que par des négociations bilatérales, alors que Mme Clinton a appelé les pays d’Asie du Sud-Est à « œuvrer en collaboration ». Sa visite mardi au secrétariat général de l’Asean à Djakarta a été considérée comme une tentative de cimenter l’alliance de ces pays afin qu’ils présentent un front commun et plus solide face à la Chine. Un « code de bonne conduite » en mer de Chine méridionale fait l’objet depuis de longues années de laborieuses tractations entre les pays d’Asie du Sud-Est, Pékin jouant en sous-main sur les divisions au sein de l’Asean pour en saper les timides avancées.
Quant à la mer de Chine orientale, elle est également le théâtre de poussées de fièvre chroniques. Hier, deux des principaux quotidiens japonais ont assuré que le gouvernement nippon avait décidé d’acheter à leurs propriétaires privés japonais un groupe d’îles, appelées Diaoyu par Pékin et Senkaku par Tokyo, dans une zone revendiquée par la Chine. Ces îles sont au cœur de la détérioration actuelle des relations entre les deux pays. La Chine a réagi en promettant de prendre les « mesures nécessaires pour défendre sa souveraineté territoriale nationale », sans plus de précisions.
(Source : AFP)