Sur une vidéo amateur publiée par les réseaux sociaux, on peut voir Abdallah Senoussi à sa descente d’un hélicoptère dans la cour de cette prison, en compagnie du chef d’état-major Youssef al-Mangouch, sur fond de cris des membres de services de sécurité : « Le sang des martyrs n’a pas été versé en vain. » Souriant, longue barbe poivre et sel, M. Senoussi portait des habits traditionnels libyens et semblait en bonne santé.
Selon le ministre des Finances Hassan Zoghlam, qui faisait partie de la délégation libyenne ayant ramené M. Senoussi, ce dernier a refusé qu’on lui passe les menottes. « Je suis Abdallah Senoussi, on ne me met pas des menottes à la main », a-t-il dit. Selon le ministre, M. Senoussi a résisté à cinq hommes qui ont réussi difficilement à lui passer les menottes, avant qu’il monte dans l’avion à Nouakchott. Des familles des victimes du massacre des geôles d’Abou Slim ont manifesté leur joie devant la prison, brandissant des photos de prisonniers tués. Outre la répression de la révolte déclenchée en février 2011, Tripoli accuse l’ex-chef de renseignements libyens d’avoir commandité le massacre de la prison d’Abou Slim en 1996 à Tripoli quand 1 200 prisonniers avaient été tués dans une fusillade.
Rappelons que la CPI a émis le 27 juin 2011 un mandat d’arrêt à l’encontre de M. Senoussi, l’accusant d’avoir commis « des meurtres et des persécutions de civils constitutifs de crimes contre l’humanité » dès le début, mi-février 2011, de la révolte contre le régime du colonel Kadhafi. La France avait, elle, délivré à son encontre un mandat d’arrêt international à la suite de sa condamnation par contumace à la réclusion criminelle à perpétuité dans l’affaire de l’attentat du 19 septembre 1989 contre le vol UTA 772 qui avait coûté la vie à 170 personnes, dont 54 Français. Dans une déclaration, la CPI a indiqué ne pas avoir reçu d’informations officielles au sujet de l’extradition de M. Senoussi. La Cour a ajouté que les autorités libyennes étaient « dans l’obligation de livrer » M. al-Senoussi sur la base du mandat d’arrêt. « Le mandat d’arrêt de la CPI pour al-Senoussi est toujours en vigueur et la Libye a l’obligation de le remettre sans délai à La Haye », a estimé de son côté Amnesty International, qui met en garde contre un « procès inéquitable en Libye ».
(Source : AFP)