Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde - Révolte

Les rebelles ont compris qu’ils doivent s’organiser

La Syrie, un « État terroriste » pour Erdogan ; nouveaux raids et au moins 173 morts.

Le Mig 21 de l’armée syrienne que les rebelles assurent, avec un immense bonheur, avoir abattu avant-hier dans la nuit. AFP

Les rebelles engagés dans la lutte armée contre le président syrien Bachar el-Assad cherchent à réformer leur structure pour surmonter les divisions et éviter la prolifération de groupuscules. Les dirigeants de l’Armée syrienne libre (ASL), créée à l’été 2011 pour fédérer la lutte armée, tentent de se réformer, sachant qu’il manque pour l’instant un commandement central fort. Selon le général Moustapha el-Cheikh, chef du conseil militaire supérieur révolutionnaire qui chapeaute l’ASL, des consultations sont en cours et devraient être conclues dans une dizaine de jours. L’ASL pourrait alors adopter un nouveau nom, « l’Armée nationale syrienne », nommer à sa tête le général Mohammad Hussein Hajj Ali, son plus haut gradé, et surtout tenter de canaliser les fonds destinés aux rebelles afin d’empêcher la création de milices autonomes. « Il y a beaucoup de groupes qui se disent de l’ASL mais qui n’en font qu’à leur tête », a souligné le général.
Sur le front diplomatique, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a accusé Damas d’être devenu un « État terroriste », dénonçant une nouvelle fois les « massacres en masse » commis par le régime. « Bachar est englouti jusqu’au cou dans le sang » de ses concitoyens. Pékin a pour sa part rejeté toute pression et plaidé pour une « transition politique ».
Les pays arabes ont dénoncé quant à eux des « crimes contre l’humanité », appelant le gouvernement de Damas à « cesser immédiatement » les violences, à l’issue d’une réunion des ministres des Affaires étrangères au siège de la Ligue arabe au Caire.

Ahuri
Parallèlement, l’émissaire international Lakhdar Brahimi a annoncé qu’il se rendrait « dans les prochains jours » au Caire pour sonder la Ligue arabe et à Damas pour connaître les intentions des autorités syriennes et jeter les bases de sa mission. S’exprimant devant l’Assemblée générale de l’ONU, M. Brahimi a cependant évoqué un bilan « ahurissant » en matière de pertes humaines et de destructions depuis le début de la révolte, et appelé à ce que les efforts de la communauté internationale « aillent dans la même direction ». L’ambassadeur allemand à l’ONU Peter Wittig, qui vient de prendre la présidence du Conseil de sécurité, a estimé qu’il fallait lui « laisser du temps » pour mener sa médiation. « Même si la situation sur le terrain est dramatique », le nouvel émissaire de l’ONU et de la Ligue arabe « est dans une phase exploratoire ». L’Union européenne a, quant à elle, appelé les membres du Conseil à apporter à M. Brahimi, « le soutien qu’il demande ».

Ban vs Conseil de sécurité
Parallèlement, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a sévèrement critiqué la « paralysie » du Conseil de sécurité, estimant qu’elle nuit à la population syrienne et à la crédibilité des Nations unies. « Nous ne pouvons pas détourner les yeux au moment où une violence sectaire croissante échappe à tout contrôle, où l’urgence humanitaire s’aggrave et où la crise déborde des frontières » de la Syrie, a ajouté M. Ban, martelant : « Nous devons assumer les responsabilités les plus importantes des Nations unies. »
Sur un autre plan, trois sénateurs américains ont exprimé leur inquiétude au Premier ministre irakien Nouri al-Maliki au sujet du survol de l’Irak par des appareils iraniens à destination de la Syrie, affirmant qu’ils transportent des armes.

Boukamal
Pendant ce temps, les civils continuent de payer le prix fort de cette guerre qui a fait plus de 26 000 morts selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) et poussé à l’exode des centaines de milliers de Syriens. Hier encore, les violences ont fait au moins 173 morts à travers le pays, principalement à Alep, selon la chaîne satellitaire al-Arabiya. Cette ville est le théâtre d’une bataille stratégique entre armée et rebelles depuis six semaines, où des bombardements aériens sur des quartiers comme Marjé, el-Nairab, Hanano et Boustane al-Bacha ont fait au moins 32 morts, dont sept enfants. Selon des militants, les habitants civils qui n’ont pas pu fuir plusieurs quartiers rebelles assiégés par l’armée à Alep manquent cruellement de produits de première nécessité.
Dans l’est, l’aéroport militaire de la ville de Boukamal faisait toujours l’objet de combats acharnés. Selon l’OSDH, les rebelles contrôlent désormais « de grandes parties du site », mais ont perdu six hommes dans la bataille. Faiblement équipés, les insurgés avaient lancé l’attaque le 1er septembre, après s’être emparés d’un bâtiment de la défense aérienne où sont stockés des missiles antiaériens. Ils ont mené ces derniers jours des attaques contre plusieurs aéroports militaires utilisés pour bombarder leurs bastions.
Les violences ont aussi touché Idleb, Homs, Deraa et des quartiers de Damas et de sa province, selon les militants. Des rebelles de la province d’Idleb ont affirmé avoir abattu la veille un avion de chasse de l’armée loyaliste à son décollage de l’aérodrome militaire d’Abou Thouhour. « L’aérodrome est encerclé par la brigade Ahrar el-Cham et la brigade des Martyrs syriens, a précisé Abou Madjad, porte-parole de la brigade. En raison des difficultés de communication, je ne sais pas quelle est la situation actuellement. »

Sanctions injustes
À Damas, le nouveau patron du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Peter Maurer, a rencontré le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Moallem, qui a répété la volonté de son pays de coopérer avec le CICR, tout en dénonçant « les sanctions injustes imposées au peuple syrien ». M. Moallem a aussi appelé M. Maurer à user de son poids auprès de certains pays limitrophes de la Syrie pour qu’ils renoncent à armer et à financer les rebelles, que Damas qualifie de « terroristes ».
Enfin, la chaîne de télévision qatarie al-Jazira a annoncé que plusieurs de ses sites avaient été piratés, des internautes pointant du doigt des hackers favorables au pouvoir syrien. Le site d’informations en arabe notamment, piraté mardi soir, était rétabli hier.
(Sources : agences et rédaction)
Les rebelles engagés dans la lutte armée contre le président syrien Bachar el-Assad cherchent à réformer leur structure pour surmonter les divisions et éviter la prolifération de groupuscules. Les dirigeants de l’Armée syrienne libre (ASL), créée à l’été 2011 pour fédérer la lutte armée, tentent de se réformer, sachant qu’il manque pour l’instant un commandement central fort. Selon le général Moustapha el-Cheikh, chef du conseil militaire supérieur révolutionnaire qui chapeaute l’ASL, des consultations sont en cours et devraient être conclues dans une dizaine de jours. L’ASL pourrait alors adopter un nouveau nom, « l’Armée nationale syrienne », nommer à sa tête le général Mohammad Hussein Hajj Ali, son plus haut gradé, et surtout tenter de canaliser les fonds destinés aux rebelles afin...
commentaires (4)

C'est çà...qu'ils s'organisent.Et surtout qu'ils essayent de contrôler leurs nombreux éléments islamistes et extrêmistes...l'attaque sur Alep,qui ne s'est pas soulevé,l'attaque en cours sur la région du Krak et wadi el nasara sont de stupides erreurs sanglantes..merde alors!

GEDEON Christian

13 h 32, le 06 septembre 2012

Commenter Tous les commentaires

Commentaires (4)

  • C'est çà...qu'ils s'organisent.Et surtout qu'ils essayent de contrôler leurs nombreux éléments islamistes et extrêmistes...l'attaque sur Alep,qui ne s'est pas soulevé,l'attaque en cours sur la région du Krak et wadi el nasara sont de stupides erreurs sanglantes..merde alors!

    GEDEON Christian

    13 h 32, le 06 septembre 2012

  • Poussés par leurs pourvoyeurs, les choses se dirigent vers la création par les insurgés d'une armée bien organisée, comme d'un gouvernement en exil, que ces pourvoyeurs vont s'empresser à reconnaître. Entretemps, les matchs continuent...

    SAKR LEBNAN

    02 h 50, le 06 septembre 2012

  • Personne et aucun Etat au monde n'arretera l'hemorragie en Syrie. Rappelez-vous la guerre civile au Liban. Quand l'un des protagonistes s'affaiblissait, les Etats voisins lui donnaient un coup de main. Et quand il devenait fort, on aidait son ennemi jusqu'a.....l'aneantissement total des deux parties et la destruction du pays. Alors "on" faisait semblant qu'il etait maintenant temps d'intervenir, de faire un traite et de ramasser les armes. Et c'etait fini puisque toutes les parties etaient affaiblies a mort et qu'on pouvait faire ce qu'on voulait. Idem pour l'Irak, l'Egypte, la Tunisie, etc.... Il n'y a pas eu de printemps arabes. Il y a l'Amerique et Israel qui veulent demanteler le Moyen-Orient pour le controler, c'est tout. Pauvres rebelles qu'on utilise en leur faisant miroiter des promesses telles que la democratie, la liberte, etc... Et le pire, c'est qu'on n'apprend jamais des lecons des autres, surtout au Liban. La haine entre les differentes parties n'a pas change et c'est comme s'il n'y avait jamais eu de guerre civile au Liban. Et le pire, c'est que les Libanais se trouvent intelligents et superieurs aux autres peuples arabes...

    Michele Aoun

    02 h 43, le 06 septembre 2012

  • Si le régime syrien "est devenu terroriste", comme dit le Premier ministre Turc, Recep Tayyip Erdogan, et complètement fou et criminel, comme disent les gens de bon sens, puisqu'il transforme toute la Syrie en un gigantesque champ de ruine, de massacres et de mort, l'opposition syrienne, elle, est incroyablement noyée dans une immense et irresponsable division. La tragédie qui s'est abattue sur la Syrie et le peuple syrien est et sera une des plus grandes de l'histoire de l'humanité. Il faut un vrai miracle pour que le Liban sorte indemne de ses répercussions.

    Halim Abou Chacra

    23 h 04, le 05 septembre 2012

Retour en haut