Le bloc du Futur réuni hier sous la présidence de Fouad Siniora. Photo Dalati et Nohra
Le communiqué publié à l’issue des débats commence par souligner l’importance de la prochaine visite du pape Benoît XVI à Beyrouth, invitant tous les Libanais à réserver un accueil populaire massif au Saint-Père. Évoquant le mémorandum transmis hier au chef de l’État, le bloc du Futur a mis l’accent sur sa « détermination à assurer le suivi nécessaire afin de mettre en application la teneur du mémorandum, en collaboration avec les alliés du 14 Mars ». Le communiqué stigmatise dans ce cadre « l’escalade enregistrée dans les agressions perpétrées par l’armée du régime syrien et ses “chabbiha” (milice pro-Assad) contre les localités libanaises limitrophes des frontières nord et est (avec la Syrie), et qui ont atteint des zones situées en profondeur sur le territoire libanais ».
« Ces agressions ont atteint un seuil qui n’est plus tolérable, d’autant qu’elles semblent aller crescendo afin d’accroître la tension politique et sécuritaire au Liban et dans la région du Nord, souligne le communiqué. Après l’échec du complot fomenté par la cellule des deux criminels (Michel) Samaha et (le général syrien Ali) Mamlouk, le régime syrien tente par tous les moyens de transposer sa crise au Liban. Le bloc estime insuffisante la mesure timide et de pure forme prise par le chef du gouvernement (qui a demandé à l’ambassadeur du Liban à Damas d’adresser au ministère syrien des Affaires étrangères une note sur les agressions syriennes). Des mesures sérieuses sont requises de la part du gouvernement, dont notamment : considérer l’ambassadeur de Syrie persona non grata car il est devenu un agent des services de renseignements plutôt qu’un diplomate ; présenter une plainte (contre la Syrie) à la Ligue arabe ; informer le Conseil de sécurité de la série d’agressions (syriennes) ; suspendre les accords sécuritaires en vigueur entre les deux pays, dans l’attente de leur révision lorsque les circonstances le permettront ; demander aux forces de la Finul, conformément à la résolution 1701, d’aider le Liban à contrôler les frontières libano-syriennes. »
Les massacres en Syrie
Le bloc du Futur s’élève en outre contre « l’impuissance des communautés arabe et internationale à adopter un plan clair, susceptible de soutenir le peuple syrien dans sa noble révolution ». « Le maintien de la situation présente permet au régime de la famille Assad d’accomplir des massacres, de tuer des innocents et de détruire des villes et des villages syriens sans aucune dissuasion », ajoute le communiqué.
Et d’ajouter : « Une telle situation constitue un feu vert qui paraît être accordé au régime (d’Assad) afin qu’il poursuive les tueries et la destruction de la Syrie, ce qui sert l’intérêt d’Israël, lequel assiste au spectacle des avions qui s’emploient à détruire les quartiers et les villes de Syrie, semant la mort et la destruction, alors que ces appareils avaient été achetés avec l’argent des citoyens syriens pour faire face à l’agression israélienne. »
« Il est impératif de mettre un terme au bain de sang en adoptant, sans délais, des mesures concrètes et drastiques pour arrêter les massacres quotidiens et les crimes contre l’humanité, poursuit le bloc du Futur. Dans ce cadre, le bloc applaudit à la position du président égyptien Mohammad Morsi qui a souligné son soutien au peuple syrien et qui a condamné le régime illégitime et répressif » en place à Damas.
Les atteintes
à l’autorité
de l’État libanais
En ce qui concerne la situation interne au Liban, le bloc du Futur a vivement stigmatisé les abus et les débordements auxquels se livre le Hezbollah et qui sapent à différents niveaux l’autorité de l’État. Le communiqué a relevé sur ce plan les faits suivants :
- Des dépôts d’armes relevant de groupuscules financés et équipés en armes par le Hezbollah ont été découverts à Tripoli, dans la région de Zahrieh, où certains miliciens ont agressé l’armée et blessé des militaires, mais ont été libérés sans que des mesures judiciaires soient prises à leur encontre, ce qui a porté un coup au prestige de l’État.
- Du fait des pressions exercées par le Hezbollah, la personne qui avait tenté de mettre le feu au siège de la NTV et qui avait été prise en flagrant délit a été libérée et des tirs nourris ont accompagné sa remise en liberté, sachant que ces tirs sont intervenus à quelques pas du Grand Sérail pendant que le gouvernement était réuni.
- Des hors-la-loi continuent de séquestrer dans la zone contrôlée par le Hezbollah, dans la banlieue sud, des citoyens syriens et un ressortissant turc sans que les autorités concernées engagent des poursuites contre ces hors-la-loi.
En conclusion, le communiqué déplore la soumission du gouvernement aux pressions et aux « abus politiques, judiciaires et sécuritaires », soulignant dans ce cadre la nécessité de retirer les armes de Tripoli et de toutes les régions du pays.