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Liban - Épilogue

Farès Chéhab : émir en troisième classe à bord du Titanic

Le petit-neveu de Farès Chéhab, décédé lors du naufrage du Titanic, partage l’histoire de son grand-oncle et celle de sa famille.

L’agent de voyage de Farès Chéhab l’avait convaincu de voyager à bord du Titanic. Il lui avait assuré qu’une personne de son rang ne pouvait manquer la traversée du paquebot.  Photo wormstedt.com

« Il faut savoir que Farès Chéhab était jeune, beau, et célibataire. Il ne laissait pas indifférent », commence son petit-neveu Harès Chéhab, 59 ans, consultant en communication à Dubaï. Une manière plutôt efficace de planter le décor. Violoniste de profession, et de surcroît chef d’orchestre de l’orchestre de chambre de Beyrouth, l’émir Farès Chéhab appartenait à la célèbre famille, à l’époque princière, descendante de la branche du Prophète.
Pendant très longtemps, les descendants de Farès Chéhab ne disposaient sans le savoir que d’une version incomplète de son histoire, qui expliquait néanmoins le départ précipité de l’émir. « Farès entretenait une liaison qui risquait de provoquer énormément de problèmes, sinon un duel », explique Harès Chéhab. « À l’époque, les mariages interconfessionnels n’étaient pas admis », précise-t-il, avant d’ajouter qu’il ne souhaite néanmoins pas s’étendre sur certains « petits secrets de famille ».
Les Chéhab convainquent alors Farès de faire un voyage. Fuyant le scandale, il prend la route de Cherbourg, petit port français où il s’apprête à embarquer pour les États-Unis à bord d’un paquebot. Son tragique destin sera scellé par une rencontre avec son agent de voyage, ce dernier lui assurant qu’une personne de son rang ne pouvait manquer la traversée à bord du Titanic. Le 10 avril 1912, Farès Chéhab, alors âgé d’une trentaine d’années, embarque pour le grand voyage. Une version des faits corroborée par les témoignages de passagers le décrivant coiffé du traditionnel tarbouch turc.

Assembler les pièces du puzzle
L’histoire est parfois capricieuse, et il arrive que certaines familles mettent des décennies à reconstituer certains détails de la vie de leurs ancêtres. Pour la famille Chéhab, le voile se lève en 1996, date à laquelle le Greenwich Museum décide d’organiser une cérémonie de commémoration. Des recherches concernant Farès Chéhab furent engagées par le musée après qu’un détail les eut interpellés : l’homme, dont le nom suggérait un titre important, était passager en troisième classe. Un élément dont sa famille n’avait pas connaissance. Le puzzle commence alors à se reconstituer. L’émir partait retrouver aux États-Unis une amie missionnaire rencontrée à Beyrouth, dont la tâche était d’organiser et d’assister le transfert des nombreux émigrés libanais souhaitant travailler aux États-Unis. « Il semblerait que cette femme ait demandé à Farès d’escorter un groupe dont elle avait la charge », explique Harès Chéhab.
« Il n’a fait aucune tentative pour se sauver lui-même », ajoute-t-il, visiblement encore un peu perplexe. « Les derniers témoignages racontent qu’il se tenait debout derrière l’orchestre. Aujourd’hui encore, il est parfois fait mention de sa bague. Il l’aurait remise à un passager dans un canot de survie, pour qu’elle soit envoyée à sa famille. Mais cela reste un mystère de plus pour moi. Il devait certainement s’agir de sa chevalière, tous les aînés des Chéhab disposaient de ce bijou, gravé aux armoiries de la famille – un lion, une chaîne cassée, deux colombes. Mais elle n’est malheureusement pas chez nous. »

C.W.



Pour mémoire :


Une commémoration pour les Libanais à bord du Titanic

 

L’obsession Titanic, 100 ans après

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