L'adjudant Bikram Bahadur Rana était en patrouille dans le centre du Népal quand ses compagnons et lui ont déclenché sur leur passage deux bombes laissées par des rebelles maoïstes cachés dans la forêt.
L'explosion a projeté le jeune soldat de 24 ans sur le sol. Des éclats ont meurtri son visage, du sang coulait de ses blessures, des balles sifflaient derrière lui tandis qu'il tâtonnait pour tenter d'attraper son fusil. L'adjudant avait perdu la vue.
Rana, qui a maintenant 33 ans, est venu à Londres pour participer aux épreuves du 100 m aux jeux Paralympiques où son pays n'est représenté que par deux athlètes.
Mais cet ancien soldat se souvient comme si c'était hier du dernier jour de son service actif au sein de l'armée régulière népalaise, qui combattait alors la rébellion maoïste.
"C'était le matin du 12 septembre 2003. Il y avait une pluie légère et nous avions rejoint une route dans la forêt".
"J'étais avec deux autres soldats quand la bombe a explosé. Tous deux sont morts sur le coup et j'ai été grièvement blessé. Mes yeux étaient touchés, mon visage était couvert de sang et j'avais des blessures sur tout le corps".
Des insurgés sont alors sortis de leur cachette et ont ouvert le feu.
La dernière chose dont Rana se souvient, c'est du silence tombant sur la forêt une fois les rebelles partis. "J'entendais aussi une musique, comme le bruit de l'eau qui coule dans une rivière, mais j'ai découvert que c'était celui du sang qui s'échappait de mon cou et de mon abdomen".
Les médecins ont tenté de sauver un de ses yeux, mais malgré deux semaines passées dans un hôpital militaire, il est resté totalement aveugle.
"Pendant trois mois, je ne suis pas retourné au travail. Je suis resté à l'hôpital, puis avec mes proches", raconte-t-il. "Mais je ne voulais pas passer ma vie à ne rien faire", poursuit le jeune homme qui vit à Katmandou avec sa femme et ses deux enfants.
Durant sa convalescence, Rana s'est rendu à l'Association népalaise des aveugles, où il a été inspiré par l'exemple d'un officier qui prenait des cours d'informatique malgré sa cécité.
Il s'est mis lui aussi à fréquenter cette association et a été initié au sport pour aveugles par un entraîneur de cricket, venu du Pakistan en visite.
Il a commencé par cette discipline, puis il s'est lancé dans l'athlétisme en 2008. Il est devenu champion régional, puis national du 200 m en 2009.
Rana, qui continue à pratiquer le cricket à haut niveau en parallèle, dans la catégorie handicapés, a réalisé un temps de 12 sec 85 au 100 m aux jeux handisport asiatiques en 2010. Il a terminé neuvième sur 32 coureurs mais a bénéficié d'une invitation ("wild card") pour les Jeux de 2012 dans la capitale britannique.
La route vers Londres n'a toutefois pas été dénuée d'embûches pour Rana et sa coéquipière Maiya Bishankhe, qui est née avec un seul avant-bras et court aussi le 100 m.
Ils ont été très peu aidés par les autorités népalaises, un pays qui investit peu dans le handisport. Ils n'ont par exemple bénéficié d'aucun conseil nutritionnel et n'ont reçu aucune tenue sportive pour les Jeux.
"Nous aurions pu revenir avec une médaille si nous nous étions entraînés convenablement", estime-t-il. "Mais le gouvernement n'a pas été capable de proposer l'entraînement nécessaire aux plus capables d'entre nous".
Etre à Londres reste toutefois pour Rana une grande victoire personnelle. "Je suis très fier de ce que je suis arrivé à faire. Bien que je sois aveugle, je vais pouvoir participer aux compétitions sous les couleurs de mon pays. Et je pense que mon pays est fier de moi".
Lire aussi
Du tournoi entre blessés de la Seconde Guerre mondiale aux Jeux paralympiques
La lutte inégale de Kayitaré contre les lames en carbone
Retrouvez le reste de l'actu des Jeux Paralympiques de Londres, dans la section sport
L'explosion a projeté le jeune soldat de 24 ans sur le sol. Des éclats ont meurtri son visage, du sang coulait de ses blessures, des balles sifflaient derrière lui tandis qu'il tâtonnait pour tenter d'attraper son fusil. L'adjudant avait perdu la vue.
Rana, qui a maintenant 33 ans, est venu à Londres pour participer aux épreuves du 100 m aux jeux Paralympiques où son pays n'est représenté que par deux athlètes.
Mais cet ancien soldat se souvient comme si c'était hier du dernier jour de son service actif au sein de l'armée régulière népalaise, qui combattait alors la rébellion maoïste.
"C'était le...