La carcasse calcinée d'une voiture, dans le quartier de Jaramana, en banlieue de Damas, où un attentat à la voiture piégée a été perpétré le 3 septembre 2012. REUTERS/SANA
Un attentat à la voiture piégée a frappé lundi une localité principalement chrétienne et druze dans la banlieue de Damas, a annoncé l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), précisant que des rapports non confirmés faisaient état de plusieurs blessés. La bombe a explosé à Jaramana, à 10 km au sud-est de la capitale, où un attentat à la voiture piégée avait déjà fait au moins 27 morts le 28 août parmi les participants à des funérailles de partisans du régime de Bachar el-Assad, selon l'OSDH.
"Il y a une augmentation des attentats à la voiture piégée en Syrie", a déclaré à l'AFP Rami Abdel Rahman, directeur de l'OSDH, une organisation basée en Angleterre et s'appuyant sur un réseau de militants et de témoins. "En même temps, des hommes de Jaramana, dont la plupart des habitants soutiennent le régime, ont pris les armes pour défendre leur ville. Cela veut dire que le régime a vraiment perdu le contrôle, puisqu'il n'a plus les moyens de défendre ses propres partisans", a-t-il ajouté.
Dimanche, un attentat à la bombe avait déjà frappé un quartier du centre de Damas, Abou Remmaneh, abritant des bâtiments de la Sécurité et le bureau du vice-président Farouk al-Chareh, selon la télévision d'Etat. L'attaque a fait quatre blessés dans ce quartier résidentiel chic situé à proximité de la place ultra-sécurisée des Omeyyades, a précisé la chaîne, en évoquant un attentat "terroriste".
Un groupe islamiste obscur, "la Brigade des petits-fils du Prophète", qui se présente comme proche de l'Armée syrienne libre (ALS, rébellion), a revendiqué l'attentat sur sa page Facebook, en affirmant qu'il s'agissait d'"une réponse aux massacres à Daraya et dans les autres villes".
Les attentats se sont multipliés ces derniers jours à Damas, où l'armée tente de nettoyer des poches de résistance des rebelles.
Bulldozers
C'est dans ce contexte que le régime a sorti les bulldozers, selon l'opposition. A Tawaheen, un quartier pauvre de la capitale syrienne proche de l'autoroute Damas-Beyrouth, les bulldozers sont entrés en action lundi matin, détruisant des boutiques et des maisons, ont déclaré habitants et militants d'opposition. "Ils ont commencé il y a trois heures. Les habitants sont dans la rue", a déclaré une femme habitant un immeuble dominant le secteur.
Selon des opposants, l'armée a obligé des riverains à effacer des graffiti anti-Assad ou à écrire des slogans à la gloire du président syrien.
Ces informations restent invérifiables en raison des restrictions imposées par les autorités syriennes aux médias indépendants.
"C'est un acte de punition collective sans justification. Les rebelles sont partis, il n'y a même plus de manifestations dans le quartier", a déclaré un militant, Mouaz al Chami, dans une vidéo montrant les démolitions. "Le régime ne peut s'empêcher de se montrer aussi brutal que dans les années 1980", a-t-il ajouté, faisant allusion aux massacres et aux destructions commis à Hama en 1982 contre un soulèvement islamiste sur ordre du père de Bachar, Hafez el-Assad.
(Lire aussi : A Madrid, l'opposition syrienne plaide pour une intervention armée)
Bombardement aérien
Dix-huit personnes qui s'étaient réfugiées dans un immeuble ont, par ailleurs, été tuées lundi dans le bombardement mené par un avion de combat dans la localité d'al-Bab, près d'Alep (nord), a annoncé l'OSDH.
Les victimes sont dix hommes, six femmes et deux enfants, un garçon et une fille, a précisé à l'AFP Rami Abdel Rahmane.
Ville de 80.000 habitants à 30 km au nord-est d'Alep, al-Bab sert de base arrière aux rebelles engagés depuis six semaines dans une bataille cruciale contre les forces gouvernementales dans la grande métropole du nord de la Syrie.
Vendredi, une série de raids aériens sur al-Bab avait fait 12 morts selon l'OSDH et une source médicale, tandis que les habitants ont évoqué 20 morts.
D'autres localités de la province ont également été visées lundi par des bombardements, selon l'OSDH.
L'agence syrienne officielle Sana rapporte de son côté que les "courageuses forces armées ont continué à pourchasser les terroristes, qui ont subi de lourdes pertes". De grandes quantités d'armes et de munitions ont été saisies, et l'armée a aussi "détruit des camionnettes équipées d'armes lourdes à Kafr al-Hamra, à l'entrée nord d'Alep", ajoute l'agence.
Dimanche, les violences ont fait au moins 132 morts à travers le pays, dont près d'une centaine de civils. Au total, au moins 26.283 personnes ont été tuées depuis le début de la révolte en Syrie en mars 2011, dont 5.440 en août, le mois le plus meurtrier du conflit, selon l'OSDH.
L'armée syrienne avait lancé dimanche une attaque dans la province rebelle de Hama, tuant plus de 20 civils. Plusieurs autres bastions rebelles avaient été bombardés.
Brahimi "effrayé par le poids des responsabilités"
Les tentatives diplomatiques visant à sortir du conflit en Syrie sont "quasi impossibles" et insuffisantes pour mettre un terme aux combats, a reconnu lundi le nouvel émissaire international, l'Algérien Lakhdar Brahimi.
"Je sais combien cela est difficile, combien cela est quasi impossible - je ne peux pas dire impossible -, quasi impossible. Et nous ne faisons pas grand chose, ce qui en soi pèse d'un poids terrible", a déclaré le médiateur de l'Onu et de la Ligue arabe au micro de la BBC.
Le diplomate algérien a succédé fin août à Kofi Annan, qui a renoncé à sa mission d'envoyé spécial conjoint des Nations unies et de la Ligue arabe en dénonçant notamment les blocages au Conseil de sécurité sur le dossier syrien.
Lakhdar Brahimi s'est dit "effrayé par le poids des responsabilités" pesant sur ses épaules. Il a ajouté avoir la sensation de se retrouver "face à un mur de briques" à la recherche de fissures susceptibles de déboucher sur une solution. "J'entre en fonction les yeux grand ouverts et sans illusions", a-t-il poursuivi.
Samedi, M. Brahimi avait affirmé que le changement dans le pays était "inévitable", tout en se gardant d'appeler au départ du président Bachar el-Assad. "Nous allons l'écouter et il va lui aussi nous écouter", avait rétorqué le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Jihad Makdissi, en attribuant à la communauté internationale "la responsabilité" de la poursuite des violences. Le ministère syrien des Affaires étrangères a également annoncé que l'émissaire Brahimi serait "bientôt" à Damas.
Humanitaire
Le nouveau président du CICR (Comité international de la Croix-Rouge), Peter Maurer, est par ailleurs en route pour Damas, où il doit rencontrer le président syrien, a annoncé lundi l'organisation humanitaire basée à Genève. "Le président du CICR, Peter Maurer, arrive aujourd'hui en Syrie pour une visite de trois jours, la première depuis sa prise de fonctions le 1er juillet", a précisé un communiqué de l'organisation internationale.
Les discussions porteront essentiellement sur la situation humanitaire et sur les difficultés rencontrées par le CICR et le Croissant-Rouge arabe syrien qui essayent de secourir les personnes touchées par le conflit armé.
Le CICR est également en contact régulier avec les groupes d'opposition à la fois en Syrie et à l'étranger.
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"Il y a une augmentation des attentats à la voiture piégée en Syrie", a déclaré à l'AFP Rami Abdel Rahman, directeur de l'OSDH, une organisation basée en Angleterre et s'appuyant sur un réseau de militants et de témoins. "En même temps, des hommes de Jaramana, dont la plupart des habitants soutiennent...
L.Brahimi avoue donc implicitement ,qu'il est incapable de continuer sa mission ,c'est juste un peu plus honnete que le désastreux kofi Annan,par contre pour les civiles syriens il n'y a vraiment rien d'encourageant dans ce type de nouvelles.
11 h 09, le 03 septembre 2012