L’équipe du film « Lemale Et Ha’Chalal » pose pour les photographes, lors de la présentation du long métrage à Venise. Gabriel Bouys/AFP
Du Mont-Saint-Michel aux plaines de l’Oklahoma en passant par Paris et Versailles, la caméra vagabonde de Terrence Malick propose avec To the Wonder un voyage initiatique à la recherche de l’amour et de la foi, à travers l’errance d’un couple et le désarroi d’un prêtre. Neil et Marina, interprétés par Ben Affleck et Olga Kurylenko, se rencontrent, s’aiment et font rayonner leur amour dans le cadre enchanteur d’un Paris de carte postale et du Mont-Saint-Michel, surnommé la « merveille (wonder en anglais) de l’Occident ». Mais leur transport amoureux vit mal l’atterrissage dans les plaines désolées de l’Oklahoma : le couple vit dans une sorte de maison-modèle où il semble camper plutôt que vivre. Malgré les promenades dans les champs de blé, la routine et le silence viennent peu à peu miner cet amour parti en trombe. « Dans la vie de tous les jours, ils sont incapables de coexister. C’est l’histoire d’un couple qui ne peut pas vivre ensemble », a expliqué Olga Kurylenko, actrice française d’origine ukrainienne, au cours d’une conférence de presse à laquelle n’étaient présents ni le réalisateur ni Ben Affleck. Dans ce désert américain vit aussi un prêtre, joué par Javier Bardem, confronté à un doute frisant la crise de vocation.
À travers ces trois personnages, Terrence Malick disserte sur l’amour, en particulier la souffrance amoureuse, la foi, mais aussi et peut-être surtout la beauté sans égale de la nature, mise en danger et contaminée par l’homme. Les dialogues, en fait le plus souvent des monologues (en français, anglais et italien), sont réduits au minimum pour laisser la place à un personnage peu disert, la Nature, simplement mise en musique. « Parfois, le silence est plus fort que les mots. Terrence Malick réussit à raconter une histoire à travers les corps, le silence, les mouvements : il n’a pas besoin de mots », a estimé Olga Kurylenko. La lumière du soleil ou de la lune qui se reflète dans l’eau, un troupeau de bisons, la marée montante sur le sable, les champs de blé doré, un sous-bois humide... La caméra de Terrence Malick semble vouloir immortaliser ces merveilles de l’éden avant qu’elles ne disparaissent sous les coups de boutoir de l’humanité, même s’il s’attarde aussi sur les beautés créées par l’homme, de l’abbaye du Mont-Saint-Michel jusqu’aux jardins de Versailles et aux trésors du Louvre. Un film qui s’inscrit dans la droite ligne de l’opus précédent de Terrence Malick, The Tree of Life (2011).
Marivaudage à Tel-Aviv
Insolite ovni dans le ciel du Lido, Lemale Et Ha’Chalal (Fill the void – Combler le vide) transporte les spectateurs au sein d’une famille juive orthodoxe de Tel-Aviv, qui à la suite d’un décès tragique devient le théâtre d’un étrange marivaudage
amoureux.
Esther meurt en donnant naissance à son premier enfant, laissant désemparés son mari Yochay ainsi que ses parents et sa sœur de 18 ans, Shira. Cette dernière était sur le point d’épouser un jeune homme de son milieu, mais la mort soudaine vient bouleverser ce chemin tout tracé. La mère de Shira, qui ne veut pas voir son petit-fils nouveau-né quitter le cocon familial, imagine alors une solution qui lui semble idéale : marier Shira au jeune veuf Yochay. Le va-et-vient amoureux, les intrigues, les émois et les crises commencent alors à ébranler l’équilibre de cette famille
respectable.
Ce film « raconte l’expérience et les sentiments du premier amour, qui vit seulement dans le cœur et n’est pas lié à la raison », explique la réalisatrice, Rama Burshtein, née en 1967 à New York mais qui a étudié et vit en Israël, et dont c’est le premier long métrage. « Je me contente de raconter des histoires, je n’ai pas d’autres objectifs d’ordre politique ou religieux », a-t-elle ajouté. Le personnage de Shira, une adolescente qui devient femme sous nos yeux, est attachant et fascinant, bien loin des préjugés que l’on pourrait projeter sur une communauté de ce type. L’histoire cette jeune fille qui découvre l’amour tout en étant tiraillée par le devoir filial a un caractère universel.
(Source : AFP)