Le ministre espagnol de l’Économie Luis de Guindos a annoncé une nouvelle réglementation permettant à l’Etat de prendre plus rapidement et plus facilement le contrôle des banques en difficulté. Paul Hanna/Reuters
La « bad bank », qui doit être opérationnelle fin novembre ou début décembre, devrait avoir une durée de vie de 10 à 15 ans, et l’objectif du gouvernement est qu’elle dégage des bénéfices sur cette période afin de réduire autant que possible le coût à la charge de l’État, a expliqué le ministre. « Les prix de ces actifs doivent permettre que la structure ne génère pas de pertes au cours de son existence, ce qui est très important pour minimiser l’impact sur les contribuables », a-t-il ajouté lors d’une conférence de presse.
Luis de Guindos a aussi annoncé une nouvelle réglementation permettant à l’État de prendre plus rapidement et plus facilement le contrôle des banques en difficulté, ainsi qu’une baisse des rémunérations des dirigeant des banques qui auront fait l’objet d’un sauvetage et des mesures empêchant les banques de vendre des produits financiers complexes à des investisseurs non avertis.
L’Espagne a demandé en juin une aide à l’Europe pour son système bancaire, après avoir nationalisé Bankia, un gros établissement particulièrement exposé au marché immobilier, dont les besoins de capitaux s’élevaient à 19 milliards d’euros. Ses partenaires européens se sont engagés à mobiliser jusqu’à 100 milliards si nécessaire. Le ministre de l’Économie a précisé que Bankia pourrait obtenir une aide d’urgence du gouvernement avant que les fonds apportés par l’Europe ne soient débloqués. Au moins quatre autres banques espagnoles, déjà passées sous le contrôle de l’État, recevront des aides dans le cadre du plan européen. Un certain nombre d’autres établissements de crédit devraient avoir besoin d’un renflouement, mais leur nom ne sera pas dévoilé avant la fin septembre, au terme d’un audit indépendant confié aux quatre grands cabinets indépendants internationaux.
En échange des actifs immobiliers qu’elles transféreront à la « bad bank », les banques recevront des liquidités, des emprunts d’État ou une part du capital de la nouvelle structure de défaisance. Les emprunts d’État reçus dans ce cadre pourront être utilisés comme garantie pour obtenir des liquidités auprès de la Banque centrale européenne, comme cela avait été le cas pour les banques irlandaises il y a quelques années, a expliqué Luis de Guindos. Ce schéma a été approuvé par la Commission européenne et par le Fonds monétaire international, a-t-il assuré.
La « bad bank » sera elle-même financée par le FROB, le fonds espagnol d’aide au secteur, par des investisseurs privés et par des capitaux empruntés sur les marchés, a précisé le ministre. Il a assuré que le montant nécessaire provenant des fonds de secours européens serait faible. La vice-présidente du gouvernement espagnol, Soraya Saenz de Santamaria, a déclaré de son côté que cette nouvelle réforme parachèverait la restructuration du secteur bancaire et permettrait de rétablir des flux de crédit normaux. L’État espagnol lui-même s’efforce d’éviter d’avoir à demander un plan d’aide global pour faire face à l’envolée de ses coûts de financement et à ses propres difficultés économiques et budgétaires.
(Source : Reuters)