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À La Une - Crise

Syrie : De la bourde de Ban à Téhéran au nouvel échec à New York...

« Nous ne céderons pas, malgré vos chars et vos canons », scandent les manifestants ; au moins 67 morts hier.

L’aparté de deux amis/alliés : Walid Moallem et Adnane Mansour. Youssef Boudlal /AFP

Comme chaque vendredi depuis le début de l’insurrection en mars 2011, des dizaines de milliers de Syriens sont descendus dans les rues, mais parfois en petits groupes par crainte des bombardements, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). « Nous ne céderons pas, malgré vos chars et vos canons », ont scandé les manifestants à Assali, un quartier du sud de Damas. Les forces du régime, qui assimile les rebelles à des terroristes, avaient pourtant été largement déployées. Ainsi, les accès à Damas étaient fermés et la plupart des quartiers de la capitale parsemés de barrages des services de sécurité. À Marea, localité rebelle de la province d’Alep, quelques dizaines de personnes ont scandé « Bachar, dégage ! », les yeux rivés vers le ciel, à la recherche d’un avion de combat ou d’un hélicoptère qui bombardent régulièrement.

Abou el-Zouhour
À travers le pays, au moins 67 personnes ont été tuées, selon un bilan provisoire de la chaîne satellitaire al-Arabiya.
À Aïn Terma, dans la province de Damas, des dizaines de personnes ont été tuées ou blessées par des tirs, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), qui n’était pas en mesure de donner plus de détails. L’armée a mené un raid à Aïn Terma a confirmé via Skype un militant qui s’est identifié comme Mohammad. « Des corps sans vie gisent sur le sol, des maisons et des magasins ont été pillés », a-t-il dit. Dans la province d’Idleb, six personnes ont été tuées dans des bombardements autour d’Abou el-Zouhour, où se trouve l’une des deux importantes bases aériennes militaires de la région, théâtre de combats pour la deuxième journée consécutive, a indiqué l’OSDH. Selon un chef rebelle local, le régime utilise cette base « pour envoyer ses avions bombarder les maisons des civils ». Les rebelles, qui avaient affirmé jeudi avoir abattu un avion de combat peu après son décollage de cette base, ont également tenté hier matin de s’emparer d’un bâtiment de la défense aérienne à Boukamal. Toujours selon al-Arabiya, les rebelles ont détruit quatre hélicoptères à Idleb et détiennent neuf transports de troupes à Damas.


L’OSDH a en outre rappelé que des « centaines de familles » en étaient à leur 90e jour de siège à Homs dans plusieurs quartiers rebelles. Les personnes bloquées témoignent d’un quotidien de peur et de désespoir. « Nous n’avons que du riz et des grains de blé (...) les blessés et les personnes âgées ont besoin de médicaments. Les enfants ont besoin de lait. Mais plus personne au monde ne pense à nous », a déclaré via Skype un militant se présentant sous le nom d’Abou Bilal.

La bourde de Ban
Sur le front diplomatique, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a rencontré le Premier ministre syrien Waël al-Halaqi à Téhéran, en marge du sommet des non-alignés, pour répéter ses appels à cesser la répression. « J’ai rappelé que toutes les parties devaient cesser toute forme de violence, la responsabilité principale incombant au gouvernement syrien qui doit cesser d’utiliser des armes lourdes », a-t-il ainsi déclaré dans ce qui ressemble à une grosse bourde et créant un gros malaise. Il a invité les pays étrangers à cesser de fournir des armes « aux deux parties ». La veille, il avait demandé au président iranien Mahmoud Ahmadinejad « d’user de l’influence » de l’Iran pour convaincre son allié syrien de mettre fin aux violences. Le guide suprême iranien Ali Khamenei a cependant accusé les États-Unis et Israël d’être « les principaux responsables cachés » de la crise. Le vice-ministre syrien des Affaires étrangères, Fayçal Mekdad, a, lui, accusé Ankara d’« entraîner » et de « faire passer des terroristes en Syrie ».
Aucune issue n’était en vue après plus de 17 mois d’une révolte qui s’est militarisée face à la répression, et de violences qui ont fait plus de 26 000 morts. Après de vains appels au départ du président Assad, fermement soutenu par Moscou, Pékin et Téhéran, les pays occidentaux se concentrent désormais sur le volet humanitaire. La France a appelé hier « tous les donateurs à se mobiliser » pour renforcer l’aide aux réfugiés. Jeudi soir, en marge d’une réunion ministérielle du Conseil de sécurité de l’ONU, Paris et Londres avaient annoncé un effort humanitaire supplémentaire de plusieurs millions d’euros.
M. Ban a part ailleurs a déclaré qu’il avait fait pression sur le gouvernement syrien pour qu’il ouvre davantage son pays aux humanitaires internationaux et qu’il avait reçu une réponse positive.

Absence russo-chinoise
La réunion du Conseil de sécurité de l’ONU s’est achevée hier matin sans résolution ni communiqué, alors que les puissances occidentales ont à nouveau menacé d’une intervention militaire. L’adoption d’une résolution en ce sens par le Conseil paraît impossible étant donné le blocage russo-chinois. « Combien de temps allons-nous rester assis à regarder, alors qu’une génération entière est en train d’être décimée par des bombardements aveugles et des attaques ciblées de masse ? » a demandé le ministre turc des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu. « Devant cette situation qui heurte la conscience humaine, la conviction de la France est qu’il faut tout faire, tout tenter pour mettre fin aux violences et soulager la population civile », a indiqué pour sa part le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius.
L’absence des ministres chinois et russe des Affaires étrangères à cette réunion vient rappeler l’impasse dans laquelle se trouve le Conseil de sécurité. Moins de la moitié des pays membres du Conseil ont envoyé leurs ministres assister à la réunion. Parmi les cinq membres permanents, seuls la France et le Royaume-Uni ont envoyé leur ministre.
Le Canada a par ailleurs annoncé le renforcement de ses sanctions, en ajoutant 47 personnes, dont plusieurs généraux, et trois entités, comprenant la compagnie Syrian Air, à la liste des personnalités et organismes visés.

 

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