Face à la situation des réfugiés syriens, l’aide extérieure s’organise. C’est dans cet esprit que la réunion ministérielle du Conseil de sécurité de l’ONU, consacrée à l’examen de la crise humanitaire en Syrie, a été mise sur pied par la France qui assure la présidence du mois d’août. La séance a eu lieu en présence notamment des ministres des Affaires étrangères de la Turquie, de la Jordanie et d’Irak, et de Waël Bou Faour, ministre des Affaires sociales du Liban – « pays voisins qui ne peuvent assurer seuls le fardeau de la présence sur leur sol des réfugiés syriens ». Le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, qui présidait la séance, a mis en garde contre le « risque de déstabilisation politique et sécuritaire qui existe face à l’afflux de réfugiés ». « Au Liban, les besoins sont immenses, les ferments de discorde existent ; le Liban doit être protégé des risques de contagion de la crise syrienne », a-t-il déclaré.
Waël Bou Faour, qui s’adressait pour la « première fois » au nom du Liban au Conseil de sécurité de l’ONU, a prononcé un discours « délicat et équilibré. Nous avions le souci de choisir scrupuleusement et avec beaucoup de doigté tous les termes afin d’éviter toute provocation. J’ai respecté cet esprit. Je pense que notre discours, par rapport à ce qui se passe en Syrie, est bien plus modéré », a-t-il indiqué lors d’un entretien accordé hier à L’Orient-Le Jour à New York.
« Pure invention »
Réfutant les accusations du représentant de la Syrie à l’ONU Bachar el-Jaafari et les jugeant « dénuées de tout fondement », M. Bou Faour a relevé que « ce n’est pas la première fois que l’ambassadeur syrien profère de telles accusations. Avec le temps, elles se sont avérées incorrectes, a-t-il dit. Mais ce que je n’ai pas compris, c’est la raison de cette réaction hostile. Il a mal interprété notre discours ».
Répondant à l’ambassadeur qui se plaignait de la présence des réfugiés syriens au Liban, il a dit : « Nous avons voulu rendre au peuple syrien ce qu’il a fait pour nous lors de la guerre civile et lors de l’agression israélienne en 2006 contre notre pays. » Il a estimé en outre que les accusations du diplomate syrien sur « les sept bateaux chargés d’armes provenant du Liban » sont une « pure invention ». « A-t-il oublié l’affaire Samaha et le fait que le gouvernement libanais a appelé, depuis de nombreuses années, au tracé de la frontière que le régime syrien a toujours refusé de faire ? » s’est demandé Waël Bou Faour.
Rien d’immédiat
La présence du ministre libanais au Palais de Verre coïncidait avec la reconduction par le Conseil de sécurité du mandat de la Finul. En a-t-il profité pour soulever la question de la démarcation des frontières ? « Je suis venu au siège de l’ONU en tant que ministre des Affaires sociales et pour m’occuper de la question des réfugiés syriens », a-t-il expliqué. « Il fallait être présent pour expliquer la situation. Nos ressources sont limitées. Les Européens et les puissances occidentales ont manifesté leur volonté d’apporter une aide financière. Nous ne voulions pas rater cette occasion », a-t-il également insisté.
Rappelons que le ministre libanais a eu jeudi un déjeuner de travail en compagnie de Laurent Fabius. Quelle était la teneur de leurs discussions ? « Nous avons surtout évoqué la situation humanitaire des réfugiés syriens au Liban », a-t-il dit. Et d’ajouter : « Il est clair que cette question a besoin essentiellement d’une solution politique et non humanitaire. Mais la solution politique, sans intervention internationale, ne semble pas immédiate. L’aspect humanitaire risque de durer encore pour un certain temps. C’est ce sujet que le gouvernement devrait aborder. »
Permis de circulation
Soulevant la question sécuritaire liée aux réfugiés syriens au Liban, Waël Bou Faour a rappelé « le différend qui existe sur ce sujet au sein du gouvernement libanais et qui a pour origine la déportation de certains activistes syriens au régime de Damas. Nous nous sommes mis d’accord pour éviter de remettre les activistes entre les mains du régime syrien », a souligné le ministre. Cette décision a été prise par le président Sleiman et le Premier ministre Mikati, qui ont demandé expressément aux Forces de sécurité intérieure de la mettre en œuvre.
Pour que leur quotidien soit facilité au Liban, les réfugiés syriens pourront-ils obtenir un permis de séjour et de travail ? « Ce qui est plus important, c’est de leur fournir avant tout un permis de circulation. Certains arrivent au Liban illégalement à travers des passages de la montagne. Nous devons leur permettre de régulariser leur séjour dans notre pays », a clarifié le ministre.
Kamal bey
Livrant ses impressions, le ministre n’a pas manqué de dire que parlant au nom du gouvernement, son discours se devait d’être « équilibré ». Dans un élan d’émotion, il a avoué qu’il n’est pas « arrivé » à s’empêcher de penser à Kamal Joumblatt en parlant du soulèvement arabe. « Je ne pouvais aussi m’empêcher de parler de la Palestine », a-t-il ajouté, précisant que dans son discours devant le Conseil, il était « important de se référer à la politique de “dissociation” adoptée par le gouvernement libanais à l’égard de la situation en Syrie ». « C’est primordial : nous ne voulons pas que le Liban soit entraîné dans la crise syrienne. Nous sommes divisés au Liban, les positions politiques au sujet de cette crise divergent totalement. Le seul moyen de protéger le Liban est de mettre totalement en application la politique de dissociation », a-t-il conclu.
Courageux M. Abou Faour. Les mensonges et autres contre-vérités proférés par l'Ambassadeur de Syrie, le monde s'y est habitué. Je suis confiant que le régime syrien vit ses dernières semaines, peut-être ses derniers jours. Avec sa fin, j'espère que suivra celle des organisations libanaises qui lui sont alliées, telles que le Hezbollah et les mouvements politiques du Général Aoun et de M. Sleiman Frangieh, pour ne citer que ces deux-là.
14 h 25, le 02 septembre 2012