Les femmes du collectif "Sauvons le Togo" ont appelé à une "grève du sexe" pour sauver le pays. AFP / EMILE KOUTON
Pour contraindre les hommes à "s'investir davantage" aux côtés des femmes, quoi de mieux que de les priver de sexe. C’est ainsi que les femmes du collectif d'opposition "Sauvons le Togo", inspirées par plusieurs mouvements semblables, ont appelé, le 26 août dernier, leurs compatriotes et congénères à observer une semaine de "grève du sexe".
"Nous appelons toutes les femmes à priver leur mari de sexe pour une semaine. C'est pour nous une manière de contraindre tous les hommes (...) à s'investir davantage dans la lutte menée par le collectif +Sauvons le Togo+ depuis plusieurs semaines", explique Isabelle Améganvi, membre du collectif.
"Les femmes sont les premières victimes de la situation catastrophique que nous vivons au Togo. Raison pour laquelle nous disons à toutes les femmes : une semaine sans sexe. C'est aussi une arme de lutte", souligne Mme Améganvi, qui est également la deuxième vice-présidente de l'Alliance nationale pour le changement (ANC, l'un des principaux partis d'opposition de Jean Pierre Fabre).
"Sauvons le Togo", qui regroupe neuf organisations de la société civile togolaise et sept partis et mouvements d'opposition, demande l'abrogation de nouvelles dispositions du code électoral adoptées par l'Assemblée nationale sans consensus dans la classe politique, et réclame également le report à juin 2013 des élections législatives théoriquement prévues en octobre prochain, en raison de retards dans l'organisation du scrutin.
Les Togolaises en sont pas les premières à lancer un appel ou à avoir recours à la grève du sexe.
Cette idée, rappelle Le Monde, remonte à l’antiquité et notamment à la comédie Lysistrata, écrite en 411 avant J.-C. par le dramaturge grec Aristophane. Dans cette pièce, la belle Athénienne Lysistrata convainc ses congénères de se refuser à leur mari, jusqu'à ce que cessent la guerre entre Athènes et Sparte.
Plus près de nous, de multiples appels à la grève du sexe ont été lancés en Afrique.
En 2002, la Libérienne Lemah Gbowee, qui obtiendra en 2011 le prix Nobel de la paix, lance une grève du sexe pour obliger le régime de Charles Taylor à associer les femmes aux pourparlers de paix. Une pression à laquelle l’ancien président du Liberia ne résiste pas, indique Le Monde.
En 2009, un collectif de femmes décrète une semaine d’abstinence sexuelle pour contraindre les politiques à réformer le Kenya, qui traverse une crise politique. Histoire de tout verrouiller, le mouvement paie même les prostituées pour qu’elles se joignent à la grève. La Première Dame et l'épouse du Premier ministre sont également de la partie.
En 2011, c’est en Colombie qu’une grève du sexe est décrétée, rappelle France 24. Excédées par l’isolement de leur petit village, les femmes décident de tourner le dos à leur mari pour obtenir qu’une route soit tracée vers Santa Maria del Puerto de las Barbacoas. Les travaux débutent au bout de trois mois de grève.
En 2011, c'est en Europe qu'est lancé un appel à la grève du sexe. En Belgique, plus précisément, où la sénatrice Marleen Temmerman exhorte ses compatriotes à se refuser à leur homme pour sortir le pays d'une crise politique grave, se traduisant par l'incapacité à former un gouvernement fédéral. C'est aux épouses des négociateurs embourbés que Mme Temmerman lance avant tout son appel.
Mais ces grèves fonctionnent-elles ? Le site français Slate.fr s’est penché sur la question. Selon l’étude, ce genre de démarche est surtout "un moyen de retenir l’attention des médias".
La Libérienne Lemah Gbowee a écrit dans ses mémoires que la grève du sexe, qui dura de longs mois, n’a eu que peu ou pas d'effet concret, mais qu'elle a été extrêmement utile pour obtenir l'attention des médias, rappelle Slate.
"En général, les grèves du sexe semblent avoir plus de succès quand les femmes concernées ont peu d’autonomie économique, quand leurs demandes sont précises et réalistes et quand elles possèdent la force du nombre", ajoute Slate.
"Nous appelons toutes les femmes à priver leur mari de sexe pour une semaine. C'est pour nous une manière de contraindre tous les hommes (...) à s'investir davantage dans la lutte menée par le collectif +Sauvons le Togo+ depuis plusieurs semaines", explique Isabelle Améganvi, membre du collectif.
"Les femmes sont les premières victimes de la situation catastrophique que nous vivons au Togo. Raison pour laquelle nous disons à toutes les femmes : une semaine sans sexe. C'est aussi...
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04 h 54, le 31 août 2012