Les membres du jury à leur arrivée hier soir au Lido. Photo Gabriel Bouys/AFP
Défilé d’actrices et d’acteurs en habit de soirée sur le tapis rouge du Lido hier soir pour le coup d’envoi du 69e Festival de Venise, qui s’est ouvert avec la présentation hors compétition d’un thriller politique de l’Indienne Mira Nair. Lors de la cérémonie d’ouverture dans le Palais du cinéma en partie rénové, le président de la Biennale de Venise Paolo Baratta a rappelé que la Mostra, doyen des festivals de cinéma, fêtait cette année son 80e anniversaire, le premier festival s’étant tenu en 1932 en plein air sur la terrasse de l’hôtel Excelsior.
Avant la cérémonie, le défilé des prestigieux invités sur le tapis rouge a fait la joie des paparazzi : le réalisateur américain Michael Mann, président du jury, l’actrice américaine Kate Hudson, qui joue dans le film d’ouverture, l’Australienne Naomi Watts... « Je préfère ce rôle de juré, qui me permet d’observer le travail des autres », a confié pour sa part avant d’entrer dans le palais Laetitia Casta, membre du jury mariée à l’acteur italien Stefano Accorsi, et vêtue pour la cérémonie d’une robe de dentelle noire tout en transparences. Une place vide avait été réservée sur le podium à Jafar Panahi, condamné à cinq ans de détention, afin d’exprimer la solidarité du festival avec le réalisateur iranien.
Outre le jury chargé d’attribuer le prestigieux Lion d’or à l’un des 18 films en lice, la cérémonie a également permis de présenter au public celui du meilleur premier film (dont fait partie le DJ français Bob Sinclar) et celui de la section Horizons.
Le casting au grand complet de L’intégriste malgré lui était bien sûr présent à la cérémonie, avec notamment l’Américain Liev Schreiber et l’Anglo-Indien Riz Ahmad. Sans oublier la réalisatrice elle-même, Mira Nair, bien connue à Venise où elle a déjà remporté un Lion d’or avec Le Mariage des moussons (2001). Présenté hors compétition, ce thriller subtil a été bien accueilli par les critiques du Lido. Tiré du roman éponyme de Mohsin Ahmid, ce film suit à coups de flash-backs le rêve américain d’un jeune Pakistanais, Changez Khan, interprété par Riz Ahmad. Diplômé à Princeton, ce brillant élément est engagé par une grosse firme de New York où il est chargé de maximiser la valeur d’entreprises en difficultés. Grassement payé, il rencontre Erica (Kate Hudson), une jeune photographe sophistiquée avec laquelle il noue une relation.
Sa vie semble toute tracée jusqu’aux attentats du 11 septembre 2011, qui viennent bouleverser ses certitudes : harcelé par la police en raison de sa couleur de peau (fouilles corporelles, contrôles d’identité...), il vit aussi très mal la paranoïa xénophobe qui l’entoure et s’interroge sur son identité. « Nous savons tous qu’il y a eu un énorme schisme entre Orient et Occident au cours de la dernière décennie et qu’un mur s’est élevé » entre ces deux mondes, a expliqué Mira Nair lors d’une conférence de presse. « Je voulais d’une certaine manière rétablir le dialogue, aller au-delà des stéréotypes, de la myopie et de l’ignorance », a-t-elle affirmé. Un pari réussi pour l’auteure de Salaam Bombay (1988), qui évite les stéréotypes et recourt à des clins d’œil lourds de sens pour faire passer ses messages.
Aujourd’hui marquera officiellement le début de la course au Lion d’or, avec la présentation de deux films en compétition : Izmena (Betrayal, littéralement « Trahison ») du Russe Kirill Serebrennikov et Superstar du Français Xavier Giannoli.
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