Un combattant de l'opposition syrienne, le 29 août, à Alep. ARIS MESSINIS/AFP
Intraitable après plus de 17 mois d'un conflit dévastateur, le président syrien Bachar el-Assad s'est montré, dans des déclarations diffusées mercredi, résolu à gagner la guerre face à la rébellion.
"Je peux résumer (la situation) en une phrase : nous progressons, la situation sur le terrain est meilleure mais nous n'avons pas encore gagné, cela nécessite encore du temps", a déclaré M. Assad, selon des extraits d'une interview à la chaîne privée pro-régime ad-Dounia qui l'a diffusée in extenso en soirée.
Le président a reconnu que son régime avait commis de "nombreuses erreurs", estimant toutefois que malgré cela, il existait "un lien solide" entre le pouvoir et le peuple.
"Ce qui se passe n'est ni une révolution ni un printemps, il s'agit d'actes terroristes", a-t-il dit en accusant la Turquie "de porter une responsabilité directe dans l'effusion du sang en Syrie". "C'est le sort d'une patrie qui est en jeu, non pas d'un régime", a affirmé M. Assad avant d'ajouter: "soit la Syrie s'en sort soit elle coule".
Il a aussi jugé "irréaliste" la création d'une zone-tampon en Syrie pour accueillir les réfugiés. La création de cette zone doit être à l'ordre du jour d'une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU jeudi à New York, à laquelle seuls les ministres français et britannique des Affaires étrangères assisteront, sur les cinq ministres représentant les membres permanents de cette instance, selon des diplomates.
"Parler de zones tampons n'est premièrement pas sur la table, deuxièmement c'est (une idée) irréaliste même pour les Etats hostiles et ennemis de la Syrie", a dit M. Assad dont le pays compte, comme depuis le début du conflit en mars 2011, sur l'appui des alliés russe et chinois au Conseil de sécurité.
Sûr de lui, Bachar el-Assad est allé jusqu'à railler les défections de hauts responsables politiques et militaires, dont le Premier ministre Riad Hijab et plusieurs proches du régime, des diplomates et de nombreux généraux.
"Les gens patriotes et les gens bien ne s'enfuient pas, ne quittent pas la patrie. Finalement, cette opération (de défection) est positive, c'est une opération d'auto-nettoyage de l'Etat premièrement et de la nation en général", a lancé M. Assad.
(Lire aussi : Malgré les défections, le noyau dur du régime syrien reste intact)
Dans ses dernières déclarations en date, le 26 août, M. Assad s'était aussi montré inflexible, en promettant de vaincre à "n'importe quel prix". "Le peuple syrien ne permettra pas au complot étranger de réussir", a-t-il dit devant un émissaire d'Iran, son principal allié dans la région.
Le régime Assad, qui n'a jamais reconnu l'ampleur de la contestation lancée dans la foulée du Printemps arabe, accuse l'opposition et les rebelles d'être des "gangs terroristes à la solde de l'étranger" qui cherchent à semer le chaos en Syrie. Il se targue du soutien d'une partie de la population pour venir à bout de la rébellion formée de déserteurs et de civils ayant pris les armes.
Ban en appelle à l'Iran
Sur le front diplomatique, l'Iran, principal allié régional du régime Assad, accueille jeudi et vendredi un sommet des non-alignés auquel participeront le Premier ministre et le chef de la diplomatie syriens.
Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, à Téhéran à l'occasion du sommet, a demandé à l'Iran "d'user de son influence pour faire valoir auprès des dirigeants syriens la nécessité de mettre fin d'urgence à la violence et de créer les conditions d'un dialogue véritable" entre pouvoir et opposition, a indiqué son porte-parole Martin Nesirky.
M. Ban "croit fermement que l'Iran, étant donné son influence régionale et son influence sur la Syrie, peut jouer un rôle important dans un règlement" de cette crise.
Le département d’État américain, qui avait émis de très fortes réserves sur le voyage de M. Ban en Iran, a répondu que les États-Unis "seraient d'accord avec (M. Ban) pour dire que l'Iran a un rôle à jouer". "Et ce rôle consiste à rompre avec le régime d'Assad et à cesser de lui fournir de l'aide matérielle, des armes et des conseillers", a accusé la porte-parole de la diplomatie américaine Victoria Nuland.
M. Ban, qui a rencontré le Guide suprême iranien Ali Khamenei et le président Mahmoud Ahmadinejad, a aussi réitéré son opposition à toute "militarisation supplémentaire" de ce conflit et "demandé à tous les pays de ne plus fournir d'armes aux différentes parties impliquées en Syrie".
Ban Ki-moon reçu, mercredi à Téhéran, par le Guide suprême iranien Ali Khamenei.
AFP PHOTO/HO/KHAMENEI.IR
De leur côté, le président égyptien Mohamed Morsi et le président français François Hollande ont estimé lors d'un entretien téléphonique qu'"aucune solution politique n'était désormais possible sans le départ de Bachar el-Assad", a indiqué l'Elysée mercredi soir dans un communiqué.
"Les deux chefs d'Etat sont convenus de se rencontrer prochainement et de maintenir une concertation étroite entre la France et l'Egypte au sujet de la Syrie et des autres questions régionales et internationales d'intérêt commun", selon la présidence française.
"Guerre sacrée" contre le "terrorisme"
Sur le terrain, les violences se poursuivent notamment dans Damas et sa banlieue est, à Alep (nord) et à Idleb (nord-ouest), où les insurgés opposent une forte résistance à l'armée, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Au moins 101 personnes, dont 56 civils, 29 soldats et 16 rebelles, ont péri dans les violences à travers le pays, selon un bilan provisoire de l'OSDH.
Les rebelles ont affirmé avoir lancé une attaque audacieuse avec des chars, généralement saisis après des défections de militaires, contre l'aéroport militaire de Taftanaz entre Idleb et Alep, y détruisant cinq hélicoptères.
Mais la télévision d'Etat a affirmé que les forces armées avaient repoussé l'attaque en faisant des tués parmi les "terroristes".
Selon le quotidien privé proche du pouvoir, al-Watan, l'armée poursuit son "opération de nettoyage" à Alep où les combats durent depuis plus d'un mois pour le contrôle de cette ville stratégique du nord du pays.
A l'hôpital de la ville, les corps de femmes et d'enfants défigurés, retrouvés dans les décombres d'habitations effondrées, témoignent des violences. Un médecin, Abou Ismaïl, a affirmé à l'AFP que 25 civils étaient tués en moyenne par jour dans la métropole. L'AFP n'est pas en mesure de vérifier ces informations de source indépendante.
Dans une banlieue de Damas, Zamalka, l'agence officielle Sana a rapporté que des "terroristes" avaient tué des femmes et des hommes "sous les yeux des habitants", puis placé leurs corps dans une mosquée, avant de la piéger "pour accuser l'armée (...) et provoquer des réactions internationales contre la Syrie à la veille de la réunion" de l'ONU", a-t-elle dit.
Dans la capitale, la peur et lassitude s'installent. "Je suis toujours contre le régime mais la poursuite de la guerre, c'est un suicide collectif", affirme Mohammad, un entrepreneur sunnite.
La chaîne officielle al-Ikhbariya a pour sa part souhaité que la paix soit rétablie "après la victoire de la Syrie dans sa guerre sacrée contre le terrorisme".
Mardi, 189 personnes ont péri, dont 143 civils y compris les 27 morts dans l'explosion d'une voiture piégée lors de funérailles dans une banlieue de Damas, selon l'OSDH.
En plus de 17 mois, plus de 25.000 personnes ont péri selon cette ONG et des centaines de milliers de Syriens ont trouvé refuge dans les pays voisins, principalement en Jordanie, en Turquie et au Liban.
L'appel de Human Rights Watch
Sur un autre plan, Ankara s'est dit mercredi favorable à la création d'une zone tampon à l'intérieur de la Syrie pour les civils fuyant les combats. "Nous nous attendons à ce que les Nations unies s'engagent sur la question de la protection des réfugiés à l'intérieur de la Syrie et si possible de leur accueil dans des camps (en Syrie)", a déclaré le chef de la diplomatie turque Ahmet Davutoglu.
Mais le chef de la diplomatie française Laurent Fabius a reconnu mercredi que la mise en place de zones tampons en Syrie, évoquée lundi par le président François Hollande, était "très compliquée" et qu'elle nécessitait notamment une zone d'exclusion aérienne partielle.
La Turquie a temporairement interrompu l’accueil sur son territoire des réfugiés syriens, le temps de mettre en place de nouveaux camps capables de les recevoir, a indiqué hier un diplomate turc.
Dans ce contexte, l'ONG de défense des droits de l'homme Human Rights Watch (HRW) a appelé mercredi les pays voisins de la Syrie à laisser leurs frontières ouvertes aux réfugiés fuyant les violences.
"Alors que la violence s'intensifie en Syrie et que le nombre et le rythme de réfugiés s'accélèrent, il est d'autant plus critique que les frontières restent ouvertes et que le droit fondamental de pouvoir demander l'asile dans un autre pays soit respecté", affirme le directeur du programme dédié aux réfugiés de HRW dans un communiqué.
Human Rights Watch s'inquiète de voir des Syriens fuyant les violences bloqués aux frontières turque et irakienne, où ils arrivent en grand nombre. Selon l'ONG, ils seraient 9.000 retenus par les filtrages mis en place à la frontière turque, tandis que des centaines d'autres restent sous la menace des violences syriennes alors qu'ils tentent d'entrer en Irak.
Enfin, la responsable des relations extérieures du Conseil national syrien (CNS) Bassma Kodmani a dit mercredi avoir démissionné de cette instance de l'opposition avec "quelques autres" et a appelé à la constitution d'un "gouvernement de transition", sur la radio française RFI.
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Reportage
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Le président a reconnu que son régime avait commis de "nombreuses erreurs", estimant toutefois que malgré cela, il existait "un lien solide" entre le pouvoir et le peuple."Ce qui se passe n'est ni une révolution ni un printemps, il s'agit d'actes terroristes", a-t-il dit en accusant la Turquie "de porter...
Les peuples méritent souvent leurs dirigeants! La dureté et certains manques de libertés de la part d'un régime a "parti unique" sont parfois dictés par la présence d'un mal absolu, d'un cancer à ses portes. Ils se militarisent et se sécurisent parfois à outrance hélas à cause des possibles infiltrations du puissant ennemi en matière d'Intelligence et de complot pour renverser les régimes non accommodants et SEULEMENT CEUX-DERNIERS. Nous oublions un fait important: l'Egypte, L'Irak, l'Iran, la Syrie, la Jordanie et SURTOUT notre pays, n'aurait pas été ce qu'ils sont si les sionistes venus de toutes parts n'avait pas été implantés en Palestine. Ainsi l'équation qui consiste à dire: soit vous acceptez ces criminels usurpateurs soit nous vous rendons la vie comme un enfers N'EST PAS ACCEPTABLE. Néanmoins les changements ne peuvent se faire par la chute de ces régimes à coup de slogans de type confessionnels et la destructions de l'état à travers de l'aide armée par l'étranger qui soutient justement l'ennemi de ce régime et de nos peuples.
07 h 05, le 30 août 2012