Rechercher
Rechercher

À La Une - Éclairage

Trois scénarios, mais aucune visibilité...

L’affaire dite de l’ancien ministre Michel Samaha semble prendre un cours judiciaire normal après l’inflation de fuites au sujet du contenu de l’enquête préliminaire retransmises par les médias. À ce sujet, une source proche du 8 Mars affirme que cette profusion de fuites est un procédé utilisé en général pour préparer l’opinion publique au résultat de l’enquête et constitue une sorte de pression sur la justice elle-même pour empêcher les juges d’aller à contresens. Pour l’instant, les avocats de la défense de l’ancien député et ministre refusent de se lancer dans ce genre de spéculations et contre-attaquent sur la forme, notamment sur la manière dont l’ancien ministre et député a été arrêté et sur les fuites qui constituent une violation du secret de l’enquête. Les avocats refusent aussi de se prononcer sur l’existence ou non d’une rétractation d’aveux de la part de M. Samaha devant le juge d’instruction militaire.
Indépendamment donc du contenu de l’interrogatoire et de l’évolution judiciaire de ce dossier, l’arrestation de Michel Samaha constitue un coup certain pour le 8 Mars, d’autant qu’elle s’est accompagnée de poursuites contre le numéro 3 du régime syrien, le général Ali Mamlouk. Ajoutée à la nouvelle position en flèche du leader druze Walid Joumblatt qui semble concrétiser le divorce avec le Hezbollah et Amal, cette arrestation pousse les milieux du 8 Mars à croire que le Liban officiel est en train de sortir de sa fameuse neutralité vis-à-vis du dossier syrien qui le rattrape chaque jour un peu plus et pèse sur la scène locale. En dépit des dénégations officielles, les milieux du 8 Mars craignent ainsi que ces deux développements soient le début d’un renversement du rapport de force interne. Le Premier ministre Nagib Mikati continue certes de défendre la politique de dissociation, mais, pour les milieux du 8 Mars, à partir du moment où la justice libanaise accuse un général influent au sein du régime syrien de préparer des troubles et des attentats au Liban, celle-là devient difficile, voire impossible. De leur côté, les milieux proches du Sérail ne cachent pas leur inquiétude face à l’évolution de la situation au Liban et en Syrie. Pour eux, trois scénarios sont envisagés à l’heure actuelle : le premier qui leur semble assez improbable est que le régime syrien parvienne à mater la rébellion et sorte vainqueur de la confrontation actuelle. Ce scénario paraît assez hypothétique d’autant que la communauté internationale n’est pas près de lâcher l’opposition syrienne. Le deuxième scénario prévoit au contraire une intensification des combats qui pousserait le président syrien à se replier vers le pays alaouite, dans ce qui ressemble à un début de partition de la Syrie qui pourrait se répercuter au Liban. C’est d’ailleurs ce qu’a dit un responsable israélien il y a quelques jours. Mais ce mouvement risque de ne pas se faire dans le calme, puisque les contours des mini-États confessionnels qui devraient naître dans la foulée de la partition en Syrie ne sont pas encore bien définis. Le Liban entrera alors dans une période d’instabilité qui risque de mener à la division. Le troisième scénario consiste dans la victoire claire de l’opposition et l’arrivée au pouvoir en Syrie d’un régime où le poids fort reviendrait aux Frères musulmans et aux islamistes en général. D’abord, pour s’installer et prendre en main les rênes du pays, ce nouveau régime devra affronter une période d’instabilité, qui aura son pendant au Liban. Ensuite, l’établissement d’un nouveau régime en Syrie aura forcément des répercussions sur le pays du Cèdre. Même si, officiellement, les relations entre les deux pays pourraient se renforcer sur le plan interne libanais, l’équation ne sera plus la même. Il est clair que le Hezbollah perdra avec le régime syrien actuel un solide allié et un élément important de l’axe dit de la résistance. D’autant que la campagne contre les armes du Hezbollah n’a jamais cessé et va même crescendo. Dans ce contexte, le Hezbollah restera-t-il les bras croisés face à la possibilité de le prendre pour cible et de le pousser à déposer les armes? Les cadres du parti refusent de répondre à cette question. Une source sécuritaire précise toutefois à cet égard que pour l’instant, deux éléments importants jouent en faveur de la stabilité au Liban : d’une part, les États-Unis et leurs alliés sont attachés à l’heure actuelle à cette stabilité – les responsables américains en visite à Beyrouth l’ont répété à plusieurs reprises – et, d’autre part, les parties libanaises sont conscientes de la gravité de la situation et veulent éviter une confrontation sur le terrain. Sans oublier l’armée qui reste la garante de la stabilité dans le pays et se déploie dans toutes les régions pour circonscrire les incidents.
Mais ce contexte global reste précaire et tributaire des développements en Syrie. Comme le dit un responsable libanais : « Nous sommes face à une page blanche et nul ne peut prédire ce qui y sera écrit. » L’arrestation de Michel Samaha et la dernière position de Joumblatt en sont-elles les premiers titres, ou bien s’agit-il dans le premier cas d’une simple affaire judiciaire et dans le second d’une évolution attendue, liée aux élections de 2013 ? Les réponses ne sont pas évidentes et les spéculations vont bon train. Mais ce qui est sûr, c’est qu’il n’y a pour l’instant au Liban aucune visibilité pour le proche et le moyen avenir.
L’affaire dite de l’ancien ministre Michel Samaha semble prendre un cours judiciaire normal après l’inflation de fuites au sujet du contenu de l’enquête préliminaire retransmises par les médias. À ce sujet, une source proche du 8 Mars affirme que cette profusion de fuites est un procédé utilisé en général pour préparer l’opinion publique au résultat de l’enquête et...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut