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Liban - Loi électorale

Le cabinet accouche de la proportionnelle, mais ses chances de survie sont minimes

Le Conseil des ministres a adopté hier une série d’articles du projet de loi électorale présenté par le ministre Marwan Charbel et entend trancher aujourd’hui le dernier nœud gordien, la taille des circonscriptions.

Le chef de l’État s’est entretenu hier avec Walid Joumblatt au palais de Beiteddine en marge du Conseil des ministres.Photo Dalati et Nohra

Élie FAYAD

Au terme d’une séance marathonienne tenue au palais présidentiel d’été, à Beiteddine, le Conseil des ministres, réuni sous l’égide du président de la République, Michel Sleiman, et en présence du chef du gouvernement, Nagib Mikati, est parvenu hier à faire passer le principe de la proportionnelle, sur lequel tout le monde au sein du cabinet est d’accord, à l’exception notable des ministres joumblattistes.
Mais des désaccords persistent entre les diverses composantes gouvernementales – y compris chez « les chantres de la proportionnelle », comme les a nommés le ministre des Affaires sociales, Waël Bou Faour – sur l’autre point fondamental de la loi électorale, à savoir la taille et le nombre des circonscriptions.
Il a donc fallu prolonger encore l’espèce de séminaire que tient le Conseil des ministres depuis une semaine en vue d’adopter définitivement le projet de loi électorale, pourtant fortement menacé d’aller s’échouer sur les bancs du Parlement.
Une séance supplémentaire a été fixée à cette fin et elle est prévue aujourd’hui mardi, mais cette fois-ci au palais de Baabda.
Outre la composante joumblattiste, l’ensemble des groupes formant le gouvernement, tant au sein du 8 Mars que dans les rangs des centristes du chef de l’État et du Premier ministre, ont toujours prôné avec plus ou moins d’ardeur le principe de l’adoption de la proportionnelle. Ce point a donc été avalisé sans difficulté, tout comme l’a été le principe du quota féminin, confiné cependant dans des limites plus que timides (10 % seulement).
Mais si l’on est d’accord sur le principe de la proportionnelle, tout comme d’ailleurs sur ce qui est de nature à en limiter la portée, à savoir le vote préférentiel (chaque électeur vote nommément pour un ou deux candidats à l’intérieur d’une liste donnée), on ne l’est toujours pas sur le découpage électoral.
Ainsi, l’aile « dure » du 8 Mars, formée principalement du tandem chiite Amal-Hezbollah et des formations prosyriennes, préconise comme on le sait la circonscription unique, mais à en croire des sources proches du dossier, elle serait prête à accepter tout au plus un découpage en cinq circonscriptions électorales, se confondant avec les mohafazats traditionnels du pays.
L’entourage du Premier ministre est quant à lui favorable à un découpage plus « soft », prenant davantage en compte les particularités locales, soit en moyenne une quinzaine de circonscriptions. Entre les deux, les milieux du chef de l’État proposent une formule médiane, fondée sur une dizaine d’unités électorales.
Reste le camp aouniste, qui ballotte depuis quelque temps entre la proportionnelle « dure » à la Nabih Berry et Hassan Nasrallah et les impératifs du rééquilibrage électoral en faveur des chrétiens, tel qu’envisagé par la commission de Bkerké, dont le CPL est partie prenante.
Or M. Bou Faour, qui faisait office hier de ministre de l’Information par intérim, a affirmé aux journalistes à l’issue du Conseil des ministres que la commission de Bkerké était parvenue à une mouture prévoyant non moins de 48 circonscriptions à pourvoir selon le mode majoritaire.
Les sources citées plus haut ne démentent pas formellement cette affirmation, mais précisent que la commission n’a pas encore définitivement enterré la proportionnelle, en attendant de voir ce qui va sortir du Conseil des ministres. Au cas où ce dernier opterait pour des circonscriptions relativement réduites, il serait alors possible de concilier les points de vue.
Hormis ce cas de figure, franchement difficile à mettre en place, on ne voit pas comment la proportionnelle pourrait avoir des chances de survie, sachant l’hostilité viscérale que lui voue une partie non négligeable de la classe politique, non pas nécessairement dans le principe, mais dans son applicabilité dans le contexte actuel du pays. Cette partie comprend bien sûr le PSP, mais aussi le courant du Futur, auquel se joindraient les chrétiens du 14 Mars. Une majorité antiproportionnelle se dessine donc déjà à la Chambre, quelle que soit l’orientation que prendra au final le bloc du Changement et de la Réforme.

« Nous avons surmonté les crises »
Pour en revenir au Conseil des ministres, le chef de l’État a ouvert la séance en se félicitant de la capacité démontrée du Liban à surmonter les épreuves de ces derniers mois en rapport avec la crise syrienne.
« Nous avons surmonté jusqu’à cet instant de nombreuses crises et difficultés. Nous avons évité beaucoup de discordes, tant entre les Libanais que pour ce qui a trait aux risques de recours à la violence de la part de l’État », a déclaré M. Sleiman, avant d’ajouter : « L’essentiel est pour nous de préserver le prestige de la loi et la logique de l’État. Lorsque celui-ci se comporte avec sagesse et pondération, il n’est pas susceptible de céder à la pression ou au chantage. »
Le président a d’autre part assuré qu’« en dépit de toutes les informations, vraies ou fausses, qui circulent au sujet des otages libanais en Syrie, l’État poursuit ses efforts en toute responsabilité pour régler cette affaire délicate et importante ».
Avant d’aborder le dossier de la loi électorale, le ministre de l’Intérieur, Marwan Charbel, a exposé à ses collègues les résultats de la campagne de destruction des champs de cultures interdites dans la Békaa-Nord et le constat qu’il a pu faire de l’état d’esprit de la population lors de sa visite dans cette région au cours du week-end écoulé.
Il a été décidé naturellement de poursuivre cette campagne, mais dans le même temps, le Conseil des ministres s’est efforcé d’offrir un lot de consolation à la population concernée. Ce lot consiste en une commission ministérielle chargée, dans un délai de trente jours, de trouver des alternatives rentables aux cultures interdites.
Interrogé par la suite sur la concomitance de la séance et d’une visite qu’a effectuée le chef du PSP, Walid Joumblatt, chez le président Sleiman, M. Bou Faour a précisé que cette visite était prévue à l’avance et qu’elle n’avait aucun rapport avec le débat sur la loi électorale.
Il a conclu en indiquant que les ministres joumblattistes s’apprêtaient aujourd’hui, en cas d’accord sur le découpage, à voter contre le projet de loi électorale.
Élie FAYADAu terme d’une séance marathonienne tenue au palais présidentiel d’été, à Beiteddine, le Conseil des ministres, réuni sous l’égide du président de la République, Michel Sleiman, et en présence du chef du gouvernement, Nagib Mikati, est parvenu hier à faire passer le principe de la proportionnelle, sur lequel tout le monde au sein du cabinet est d’accord, à...

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Et si en finalité... les résultats" finauds" etaient inversement proportionnels à nos attentes démocrates ?

M.V.

08 h 20, le 07 août 2012

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Commentaires (1)

  • Et si en finalité... les résultats" finauds" etaient inversement proportionnels à nos attentes démocrates ?

    M.V.

    08 h 20, le 07 août 2012

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