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À La Une - Droits de l’homme

Nouveau tests de la honte au Liban : la MTV au coeur de la polémique

Le scandale du test anal, ou test de la honte, resurgit après l’arrestation de 36 jeunes homosexuels dans une salle de cinéma à Bourj Hammoud, lors d’une diffusion d’un film pornographique. Trois d’entre eux demeurent entre les mains du parquet.

La communauté gay est en émoi après l’arrestation samedi dernier, par la brigade des mœurs, de 36 jeunes homosexuels (35 de source officielle) dans une salle de cinéma de Bourj Hammoud, le cinéma Plaza, lors d’une diffusion d’un film pornographique. La salle étant connue pour être un lieu de drague gay de la capitale, destiné à la classe défavorisée.

 

Mais hier, selon une source informée, trois jeunes gens seulement étaient toujours en état d’arrestation, à la caserne de Hobeiche, « pour homosexualité », conformément à l’article 534 du code pénal. Un article qui sanctionne « les rapports sexuels contraires aux lois de la nature » d’une peine pouvant atteindre un an de prison et « que la police est tenue de respecter, sur ordre du parquet ».


Quant aux autres jeunes gens, ils ont été libérés sous caution d’élection de domicile. L’enquête terminée, les dossiers de trois jeunes ont été déférés devant le parquet. Ils se trouvent toujours toutefois à la gendarmerie de Hobeiche, « par manque de place », précise la source, assurant qu’ « il n’y a eu aucun abus de pouvoir ». Elle ajoute que le cinéma a été fermé et son propriétaire arrêté « pour diffusion de films immoraux, ce qui est contraire à la loi ».

 


L’examen de la honte


Aucun abus de pouvoir, peut-être. Mais qu’en est-il de l’intégrité physique et morale de ces jeunes gens en détention depuis samedi ? On ne peut s’empêcher de se demander à quelles formes de traitements et d’humiliations ont eu droit ces jeunes, contraints de subir des examens supposés déterminer leur culpabilité ou leur innocence. « Pour l’instant, ils font profil bas. Ils viennent de milieux très conservateurs et modestes, indique à L’Orient-Le Jour le cofondateur et militant de Helem, Georges Azzi. Mais après avoir contacté la caserne de Hobeiche où ils ont été détenus, nous savons qu’ils ont subi des tests anaux. »


La pratique est honteusement courante, révoltante aussi. Une fois arrêtés, les homosexuels sont régulièrement soumis à des tests anaux, pratiqués au poste de police par un médecin légiste. Plus crûment, ils sont forcés de se déshabiller et de se pencher en avant. Un œuf est alors introduit dans leur anus. « Des examens de la honte », comme ne manquent pas de les qualifier les associations de défense des droits de l’homme, qui crient régulièrement au scandale et dénoncent une loi obsolète et discriminatoire. « De la torture », assurent les milieux homosexuels, qui condamnent ces examens pratiqués « en toute légalité ». « Ces examens n’aboutissent pas à un résultat irréfutable », avaient déjà souligné deux médecins légistes, Hussein Chahrour et Sami Kawas, lors d’une conférence organisée en mai dernier par l’Agenda légal, pour dénoncer le test anal. Le représentant de l’association Human Rights Watch, Nadim Houry, avait, de son côté, évoqué une atteinte à la « dignité humaine ».


Cette récente arrestation a fait du bruit. Dans le milieu gay, d’abord. Qui dénonce une campagne délibérée d’homophobie, de bigoterie et de racisme. Au niveau des associations homosexuelles aussi, à l’instar de Helem. La campagne a été provoquée par une émission de la MTV, Anta Horr, et son présentateur Joe Maalouf, en mai dernier. Ce dernier avait filmé son émission en caméra cachée dans des salles de cinéma de Hamra et de Tripoli, lors d’une diffusion de films pornos. Il a été accusé, par la communauté gay, « d’avoir montré, à visage découvert et sans leur approbation, de jeunes homosexuels qui s’embrassaient, d’autres qui se masturbaient aussi », comme le rapportent de nombreux réseaux sociaux et blogs qui se sont emparés de l’affaire. Il a surtout été montré du doigt par cette même communauté, pour avoir « provoqué l’arrestation de dizaines de jeunes homosexuels ».

 


La MTV réfute


« Il faut dire, note Ziad Naboulsi, porte-parole d’ALEF (Association libanaise pour l’éducation et la formation), que l’émission Anta Horr a utilisé un langage offensant à l’égard des LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres), qualifiant l’homosexualité d’anomalie et faisant une comparaison déplacée entre la religion et l’homosexualité. »


Outre la polémique qui n’en finit pas d’enfler, l’émission a donné un coup de fouet à la brigade des mœurs, qui a fait une première descente à Tripoli en mai et une dernière à Bourj Hammoud-Nabaa, samedi dernier. Résultat, les réseaux sociaux sont en ébullition et lancent un appel au boycott de la MTV.


Contactée par L’Orient-Le Jour, la MTV, par la voix de son directeur exécutif, Jihad Murr, assure que « la chaîne n’a rien contre l’homosexualité ou contre la communauté homosexuelle ». « Le fait de faire un reportage sur des lieux de débauche et de luxure, où des choses anormales se déroulent, ne veut absolument pas dire que nous sommes contre les homosexuels. L’émission a simplement dénoncé la diffusion de films pornos et les ébats sexuels dans ces lieux », soutient-il, insistant sur la nécessité de faire preuve de discernement.


Affaire à suivre...

 

Pour mémoire

Liban : « Les examens de la honte » dans les casernes, dénoncés par l’Agenda juridique

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Mais hier, selon une...

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