Les jihadistes seraient de plus en plus nombreux en Syrie et investiraient le nord et l’est du pays où le réseau terroriste el-Qaëda serait bien implanté, révèlent plusieurs médias qui se sont penchés sur la question.
Dans un reportage, l’AFP affirme que les révolutionnaires syriens ont vu arriver, par petits groupes, des jihadistes sunnites étrangers venus combattre le régime du président Bachar el-Assad.
Si l'adversaire est le même, la motivation est différente. Les rebelles syriens affirment verser leur sang pour faire tomber le régime despotique tandis que les combattants étrangers disent venir pour éliminer du pouvoir les alaouites, qu'ils considèrent comme des apostats, selon l’AFP.
Ainsi, à Bab al-Hawa, un poste-frontière avec la Turquie conquis la semaine dernière par l'Armée syrienne libre (ASL), composée en majorité de déserteurs de l'armée nationale, l'AFP a pu voir des dizaines de combattants disant venir de pays arabes ou musulmans. Ils prétendent venir d'Algérie, du Maroc, d'Arabie saoudite, des Emirats arabes unis, d'Egypte, de Libye et de Tunisie. D'autres assurent venir de plus loin encore... de Tchétchénie ou de Somalie.
Depuis le début de la révolte, il y a plus de 16 mois, le régime syrien a accusé les rebelles d'accueillir les combattants d'el-Qaëda. Des accusations visant à étayer la théorie du pouvoir syrien selon laquelle le mouvement de contestation n'est qu'un complot étranger. Il est très difficile de connaître le nombre exact de combattants étrangers, où de jihadistes sur le territoire syrien, mais il est certain que les rebelles syriens ne veulent pas leur reconnaître un rôle dans la bataille, poursuit l’AFP.
Dans un reportage daté d’Alep, le quotidien français Le Figaro affirme pour sa part que "le soulèvement contre le régime de Bachar el-Assad reste avant tout celui de la Syrie musulmane sunnite, pieuse, conservatrice et majoritaire, qui se dresse non seulement contre une dictature particulièrement sanglante, mais aussi contre un clan familial, celui des el-Assad, appartenant à une minorité religieuse schismatique et méprisée: les alaouites"
Mais, poursuit Adrien Jaulmes, le reporter du Figaro, "l'isolement de la rébellion, dépourvue de soutiens extérieurs, la rend vulnérable à des influences d'organisations musulmanes extrémistes venues du Golfe et d'Arabie saoudite.
On aperçoit parfois dans les zones rebelles de mystérieux prédicateurs itinérants saoudiens, Coran en main, qui viennent prêcher une version nettement plus politique et radicale de l'islam que celle pratiquée localement".
Le Figaro rappelle en outre que deux journalistes occidentaux enlevés à la mi juillet, ont affirmé avoir été détenus pendant une semaine par des jihadistes occidentaux, des musulmans britanniques d’origine pakistanaise et bengalie, "ayant pour certains de forts accents londoniens".
Pour le New York Times, alors que l’issue de la révolte contre le régime de Damas parait lointaine, le rôle des jihadistes et des groupes de combattants d’el-Qaëda devient de plus en plus important. Les derniers mois ont vu l’émergence d’organisations mieux cadrées et plus importantes combattant au nom du jihad, avec la conviction d’avoir un mandat divin pour venir à bout du régime d’Assad, notent Neil MacFarquhar et Hweida Saad.
Le NYT note que les rebelles insistent sur le fait que la présence de combattants étrangers en Syrie reste limitée et que tous ne sont pas des jihadistes.
La chaîne de télévision américaine CNN fait, pour sa part, état de la présence en Syrie d’un groupe de combattants libyens obéissant aux ordres d’un commandant rebelle réputé, Al-Mahdi al-Harati, venus épauler les rebelles de l'Armée Syrienne Libre (ASL). Al-Harati qui était à la tête de la Brigade révolutionnaire de Tripoli, premier groupe rebelle à entrer dans la capitale libyenne en août dernier, se trouve en Syrie depuis des mois et dirige ses hommes ainsi que des rebelles syriens.
"Il n’y a rien de mieux que le jihad durant le ramadan, certains disent de nous que nous sommes des jihadistes extrémistes, mais nous ne le sommes pas. En Libye, nous avons fait l’expérience et découvert la beauté du jihad", affirme à CNN un combattant Mohammad, 23 ans.
Un responsable sécuritaire libyen a indiqué à la chaîne que le gouvernement de Tripoli était au courant de la présence de combattants libyens en Syrie, mais il a souligné qu’ils agissaient à titre personnel et n’étaient nullement mandatés par la Libye.
Al-Jazeera cite pour sa part l’auteur et cinéaste Phil Rees pour qui la Syrie est devenue pour el-Qaëda une "terre attrayante". La chaîne qatarie fait état de l’arrivée de combattants venus notamment d’Irak et de Libye, alors que l’argent coule à flot pour aider à renverser le régime baassiste.
Dans un reportage daté de Deir Ezzor, le quotidien britannique The Guardian relate, pour sa part, l’exemple d’un groupe de combattants se réclamant d’el-Qaëda. "Abou Khoder et ses hommes combattent pour el-Qaëda et se font appeler les +étrangers+ et constituent l’une des nombreuses organisations jihadistes ayant pris leurs quartiers dans l’est du pays", écrit le reporter du Guardian, Gaith Abdul-Ahad dans un reportage intitulé "El-Qaëda renverse le cours de la bataille pour les rebelles dans l'est de la Syrie".
Selon Abou Khoder, cité par le quotidien, ses hommes travaillent étroitement avec l’ASL dans la région. "Nous nous rencontrons presque tous les jours, nous recevons des instructions claires d’el-Qaëda pour aider l’ASL, nous leur procurons des engins explosifs et des voitures piégées".
Le discours religieux et sectaire a pris une importance considérable en Syrie depuis les premiers jours de la révolte. Cela en grande partie à cause du besoin de financement venant de réseaux islamistes bien établis et parce que la religion rassemble mieux les combattants avec la promesse du martyre, poursuit le journaliste.
Dans un reportage, l’AFP affirme que les révolutionnaires syriens ont vu arriver, par petits groupes, des jihadistes sunnites étrangers venus combattre le régime...
commentaires (5)
Je ne suis pas d'accord avec ce qui se passe en Syrie. Les interventions étrangères, internationales et locales, par mercenaires interposés, de toutes les couleurs, ne se cachent plus. Je dis à mes compatriotes Libanais, qui croient que la chute du régime serait la fin de tous les maux au Liban, que les retombées de la crise syrienne, qu'il y est chute de régime ou non, seraient très néfastes pour notre Pays. Le(s) complot(s) sont de taille et les catastrophes le seraient plus aussi. On n'en voit encore que l'infime partie...
SAKR LEBNAN
14 h 39, le 31 juillet 2012