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Moyen Orient et Monde - Tribune

Prospérité pour beaucoup ou misère pour tous ? À Rio, nous choisirons l’avenir que nous voulons

Le 20 juin, les dirigeants mondiaux se réuniront au Brésil à l’occasion du sommet Rio+20, afin de décider de l’avenir que nous voulons. Vingt ans après le premier Sommet de la Terre, le thème à l’honneur est l’économie verte dans le contexte du développement durable et l’éradication de la pauvreté.
Pourquoi cette conférence est-elle essentielle et pourquoi aspirer à une « économie verte » ? Une économie verte est une économie permettant une amélioration du bien-être humain et de l’équité sociale, tout en réduisant de manière significative les risques environnementaux et la pénurie de ressources écologiques. Au sein d’une économie verte, la croissance est stimulée par les investissements, qui diminuent la pression sur l’environnement et les services que celui-ci nous fournit tout en augmentant l’efficacité énergétique et l’efficacité des ressources.
En d’autres termes, et pour citer un diplomate africain : c’est notre propre stratégie de survie. L’économie verte est l’un des moyens pour parvenir au développement durable ; c’est une stratégie qui a pour but d’engendrer de la prospérité tant pour les hommes que pour la planète, aussi bien aujourd’hui que demain. Sans équité sociale, pas de développement durable. Sans une bonne gestion des ressources naturelles dont nos économies dépendent, pas de croissance. Nous avons besoin du développement durable pour engendrer la prospérité pour beaucoup, et non la misère pour tous.
Nous avons réalisé des progrès considérables depuis 1992, mais ce n’est manifestement pas suffisant. Chaque jour, des millions de personnes souffrent encore de la faim. Si nous continuons à exploiter nos ressources au rythme actuel, il nous faudra l’équivalent de plus de deux planètes pour subvenir à nos besoins d’ici à 2050, et nombreux sont ceux dont les aspirations à une meilleure qualité de vie ne seront pas comblées.
Dans nos sociétés, ce sont les plus pauvres qui pâtiront d’une utilisation non durable des ressources, puisque leur vie et leurs moyens de subsistance dépendent directement de l’eau, de la terre, des mers, des forêts et du sol. On assiste actuellement à l’émergence de nouveaux enjeux qui constituent un risque sérieux pour le développement durable, du changement climatique à la rareté croissante de l’eau, en passant par notre faible capacité de résistance aux catastrophes naturelles et par l’appauvrissement de la biodiversité et des écosystèmes.
Cependant, nous disposons des instruments pour relever ces défis et pour en exploiter le potentiel positif. De nombreux pays ont la possibilité de faire un bond vers des systèmes et des technologies efficaces qui leur permettraient d’exploiter leurs ressources, des forêts à la biodiversité, de la terre aux minéraux, d’une façon durable et à même de supporter l’augmentation de la consommation. On estime qu’entre 70 et 85 % des possibilités de stimuler la productivité des ressources se trouvent dans les pays en développement. Les pays qui apprendront à exploiter leur capital naturel avec intelligence et dans une optique durable seront les grands gagnants de demain. D’après un rapport de l’Organisation internationale du travail, le passage à une économie plus verte permettrait de créer de 15 à 60 millions d’emplois supplémentaires dans le monde au cours des deux prochaines décennies et de sortir des dizaines de millions de travailleurs de la pauvreté.
C’est la raison pour laquelle l’Union européenne continuera de se battre pour que Rio+20 aboutisse à des résultats ambitieux et ciblés. Nous voulons enclencher quelque chose d’irréversible ; quelque chose qui ait un réel impact sur la vie des gens. Au bout du compte, le thème central de cette conférence, c’est l’homme ; c’est nous, c’est notre avenir. Nous avons proposé des buts et des objectifs liés aux ressources naturelles clés qui sont à la base de l’économie verte : l’eau, les océans, la terre et les écosystèmes, les forêts, l’énergie durable et l’efficacité des ressources, y compris des déchets. Ces objectifs sont essentiels à la croissance durable et indissociables des questions de sécurité alimentaire, de diminution de la pauvreté et du développement social. Ces objectifs devraient amener le secteur privé à investir, stimuler l’innovation technologique et créer de l’emploi. L’un des résultats escomptés de Rio est l’introduction de la durabilité dans les rapports annuels des grandes entreprises privées cotées en Bourse avec, le cas échéant, l’obligation d’’expliquer pourquoi elles ne le font pas. La Banque mondiale a déjà lancé une initiative intéressante, dans laquelle les entreprises utilisent des mécanismes de comptabilité environnementale dans leurs statistiques. Cela pourrait être le début d’une nouvelle réalité, une réalité où le capital naturel a de l’importance et la durabilité de la valeur. Mais il est certain que le changement n’aura pas lieu sans la participation de tous. Ce sont non seulement les responsables politiques qu’il faut convaincre, mais c’est aussi les entreprises, la société civile et les individus qu’il faut impliquer.
Si de nombreux pays sont plus prospères aujourd’hui qu’il y a vingt ans, les plus pauvres de ce monde auront toujours besoin d’aide afin d’avoir accès à l’éducation, à des infrastructures correctes et à des compétences. C’est pourquoi l’UE reste le premier donateur mondial d’aide. En 2011, nous avons versé 53 milliards d’euros à l’aide au développement – plus de la moitié de l’aide versée dans le monde entier. Et c’est pour cette raison que nous tiendrons nos promesses. Malgré la crise financière actuelle, les pays de l’UE ont récemment réaffirmé leur engagement, ce qui se traduira par une importante aide au développement supplémentaire d’ici à 2015, et notamment pour des projets liés aux résultats de Rio.
Alors, quel est l’avenir que nous voulons ? Voici la réponse de Brittany Trilford, néo-zélandaise âgée de 17 ans, la gagnante du concours « L’avenir que nous voulons » qui s’adressera aux dirigeants à Rio : « Honnêtement, je serais déjà heureuse d’avoir un avenir. Et que cela soit garanti. Actuellement, ce n’est pas le cas. » Ce n’est pas seulement de l’avenir de la génération de Brittany et des générations futures dont il est question. Il est aussi question de nous, car c’est notre propre avenir que nous risquons de compromettre si nous ne réussissons pas à résoudre le problème des ressources limitées, du développement non durable et de la pauvreté de masse. Ne gâchons pas notre chance de choisir le type d’avenir que nous voulons.... tant qu’il est encore temps.

*Janez Potočnik est membre de la Commission européenne chargé de l’Environnement
Le 20 juin, les dirigeants mondiaux se réuniront au Brésil à l’occasion du sommet Rio+20, afin de décider de l’avenir que nous voulons. Vingt ans après le premier Sommet de la Terre, le thème à l’honneur est l’économie verte dans le contexte du développement durable et l’éradication de la pauvreté. Pourquoi cette conférence est-elle essentielle et pourquoi aspirer à une...
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