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Participation des femmes à la vie politique : le Liban à la traîne

Eichhorst en faveur d’un quota féminin sur les listes électorales et au niveau des sièges

Trois questions à l’ambassadrice Angelina Eichhorst, chef de la Délégation de l’Union européenne au Liban, sur la participation des femmes à la vie politique

Angelina Eichhorst, chef de la Délégation de l’Union européenne au Liban.

Propos recueillis par A.-M.H.

Question - Quelle est votre opinion sur la participation de la femme libanaise à la vie politique ?
Réponse - Il est étonnant qu’il y ait uniquement quatre femmes au Parlement dans un pays aussi ouvert que le Liban, qui se caractérise par une certaine liberté d’expression et un niveau d’éducation très élevé. Je ne le comprends pas. C’est peut-être le système politique qui n’encourage pas la participation des femmes. Il est aussi étonnant de voir que les femmes libanaises stagnent au niveau de leur participation à la vie active. Le gouvernement avait pourtant clairement annoncé sa politique de lutte contre les inégalités. Au Conseil des ministres, formé de trente hommes et d’aucune femme, j’ai demandé comment ils envisagent d’évoluer en l’absence de femmes. Chaque ministre a répondu séparément qu’il est en faveur de la participation des femmes. Mais sans plus. Quant aux quatre femmes parlementaires, je les encourage à s’exprimer plus sur la question de la participation féminine en politique. Car les femmes et les jeunes filles libanaises ont besoin d’un modèle féminin auquel elles puissent s’identifier, autres que les stars de cinéma ; un modèle de femmes qui se battent pour leurs intérêts communs à toutes.

Êtes-vous en faveur de la mise en œuvre du système des quotas ?
Il faut impérativement un quota féminin non seulement sur les listes électorales, mais aussi au niveau des sièges au Parlement. C’est une priorité et cela ne peut être considéré comme une mesure discriminatoire. Car il faut mettre en place un mécanisme qui donne aux femmes l’accès à la vie politique. Faute de quoi, les hommes continueront de stigmatiser les femmes, sous prétexte qu’il n’existe pas assez de femmes qualifiées pour prendre part à la vie politique ou prendre des décisions. Le jour où la parité sera atteinte, le quota ne sera plus nécessaire. Il sera alors possible d’envisager les choses différemment. Le système des quotas féminins en politique prend de l’ampleur, même dans les pays arabes. Ces derniers évoluent, mais le Liban, lui, reste à la traîne. Il est un fait que l’évolution de la parité entre les hommes et les femmes n’est pas lente uniquement au Liban ou dans les pays du sud de la Méditerranée. Même en Europe, les choses ne vont pas assez vite et les inégalités persistent entre hommes et femmes, notamment au niveau des salaires ou de la participation des femmes aux conseils d’entreprise. Dans cette optique, l’Europe a mis en place des objectifs annuels et des lois. À titre d’exemple, la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, s’est fixé pour objectif de nommer 30 % d’ambassadrices femmes de l’Union européenne, le pourcentage étant de 21 % seulement à l’heure actuelle.

Quels sont les projets mis en place par l’Union européenne pour la femme au Liban ?
La Délégation de l’Union européenne au Liban s’implique dans le projet d’autonomisation des femmes par le biais d’organismes de la société civile. Nous soutenons leurs projets de création de petites et moyennes entreprises et leur accordons des microcrédits afin de leur permettre de contribuer au développement économique et social. Nous soutenons aussi la mise en place de lois pour lutter contre les discriminations envers les femmes. Dans ce contexte, l’UE travaille en étroite collaboration avec l’association Kafa à laquelle elle a apporté son expertise pour l’adoption de la loi contre la violence domestique. L’UE s’implique aussi, toujours en collaboration étroite avec des ONG, pour que la femme libanaise ait le droit de transmettre sa nationalité. Notre investissement dans ces projets reflète notre implication internationale au niveau des droits de l’homme. Si ces questions sont d’une grande sensibilité, elles n’en demeurent pas moins d’une grande importance.
Propos recueillis par A.-M.H. Question - Quelle est votre opinion sur la participation de la femme libanaise à la vie politique ? Réponse - Il est étonnant qu’il y ait uniquement quatre femmes au Parlement dans un pays aussi ouvert que le Liban, qui se caractérise par une certaine liberté d’expression et un niveau d’éducation très élevé. Je ne le comprends pas. C’est peut-être...