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À La Une - Présidentielle

La presse française, même de droite, salue le sacre de Hollande

La victoire du candidat socialiste annonce des changements en Europe et un "revers pour Merkel", estime la presse européenne.

La une du quotidien français de gauche Libération, après la victoire de François Hollande à la présidentielle, le 6 mai 2012.

Toute la presse française, même celle de droite, salue le changement symbolisé par la victoire du socialiste François Hollande à l'élection présidentielle en France dimanche.

 

Le quotidien conservateur Le Figaro, qui a ardemment soutenu pendant la campagne électorale le président sortant Nicolas Sarkozy, se montre bon perdant face au retour de la gauche au pouvoir, 17 ans après la fin du mandat de François Mitterrand.

 

"Les Français ont choisi. M. François Hollande est devenu hier soir le deuxième président socialiste de la Ve République", écrit son directeur de la rédaction, Etienne Mougeotte. "Désormais, il est donc le président de tous les Français. Ainsi le veut la démocratie. Nous saluons cette élection comme l'expression de la volonté majoritaire. Bienvenue, donc, Monsieur le Président".

 

Le site internet d'information Atlantico, lui aussi classé à droite, y va également de ses encouragements en postant sur sa page d'accueil une chronique titrée : "Bonne chance, M. le président !"

 

Le site Mediapart, qualifié d'"officine" par le camp de Nicolas Sarkozy pour sa détermination à disséquer les affaires auxquelles le nom du président sortant est associé, ne cache pas son soulagement de voir le candidat de l'UMP quitter l'Elysée. "Enfin libérés !", écrit-il. "La défaite du sarkozysme vient libérer le pays de ses dérives populistes et xénophobes".

 

Même ordre d'idées, mais en plus sobre, pour le site Rue89, qui titre : "Hollande président, Ciao Sarko !" 

 

Enfin !

Libération salue sobrement le triomphe annoncé de son champion avec une référence à la "normalité" revendiquée par le candidat socialiste tout au long de sa campagne.

"Normal !", s'exclame "Libé", qui a choisi en "une" la photo d'un François Hollande calme et souriant qui tend les paumes de ses mains vers ses partisans pour partager son bonheur.

 

"La joie. La joie immense. Celle de voir une parenthèse se refermer, une malédiction se dissiper", écrit Nicolas Demorand dans un éditorial intitulé "Enfin".

"Et de quelle manière !", poursuit l'éditorialiste et directeur du quotidien de gauche. "François Mitterrand n'aura pas été une anomalie de l'histoire mais le premier président de gauche. Il y en a désormais un deuxième : François Hollande".

 

Le quotidien fait le récit d'une soirée de liesse à travers le pays. "Coupes à champagne en plastique, scènes de joie, embrassades : bien avant 20 heures, la foule s'était massée place de la Bastille, à Paris, devant le siège du Parti socialiste, dans les rues... Et ce fut pareil à Lyon, à Marseille, à Lille, partout en France", écrit Libération sur son site internet.

 

Epreuve du pouvoir

Mais la fête ne dure qu'un temps et l'état de grâce sera de courte durée pour le nouveau président qui a tout à prouver, comme le rappelle le quotidien économique Les Echos en titrant : "François Hollande à l'épreuve du pouvoir."

"Croissance, compétitivité, mur de la dette, chômage... Les défis de la nouvelle présidence sont nombreux", souligne la "une" des Echos. "La négociation d'un nouveau pacte de croissance européen constituera un premier test sur la scène internationale".

 

Plusieurs journaux ont une pensée pour Nicolas Sarkozy, notamment le Figaro qui salue les "réformes capitales" menées par le président sortant et estime qu'il a "tenu fièrement la place de la France à l'international et joué un rôle décisif dans le sauvetage de l'Europe et de l'euro".

"C'est désormais Hollande qui va conduire la France et les Français à travers les récifs périlleux d'un monde dangereux et d'une Europe chahutée par la crise et les marchés", écrit Etienne Mougeotte.

 

Presse européenne

 

La presse européenne, elle, estime que l'élection de François Hollande devrait marquer un changement pour l'Europe face à la crise, notamment par rapport à la politique du tout-austérité.

 

"Le socialiste François Hollande l'a emporté face à Nicolas Sarkozy pour devenir le prochain président français, ce qui annonce un changement dans la façon dont l'Europe va s'attaquer à la crise de la dette et la façon dont la France va agir dans le monde," relève le britannique The Independent.

 

"Hollande triomphe face à la politique d'austérité de Sarkozy", juge The Times (proche des conservateurs) alors que pour le Financial Times, "Hollande prend la présidence française, Sarkozy devient la dernière victime du retour de bâton contre les sortants".

 

"François Hollande a pris le pouvoir en France, inversant la tendance d'une embardée droitière et xénophobe dans la politique européenne", relève de son côté The Guardian (proche de l'opposition travailliste), alors que le tabloïde Daily Mail lance : "Au revoir président bling bling" en français dans le texte.

 

Le Soir, journal francophone belge de référence, évoque "Hollande, le président attendu au tournant". Et d'avertir : "Après l'épreuve de la conquête, celle du pouvoir. Le vainqueur ne connaîtra pas d'état de grâce".

 

"Contre +la chaîne de l'austérité+, François Hollande, candidat socialiste, a promis de revenir sur certaines des décisions les plus contestées de Sarkozy, (...). Hollande est l'homme qui promet de transformer l'héritage d'Angela Merkel et d’adopter une stratégie différente dans la lutte contre la crise et la stabilisation de l'euro", écrit le quotidien économique portugais Jornal de Negocios qui affirme en outre qu'à Berlin, Hollande "n'est pas persona non grata, mais presque".

 

"Paris change et l'Europe change" : pour l'italien La Stampa (centre-droit) "probablement, beaucoup va changer en Europe", tout en avertissant : "on verra comment il tiendra sa promesse" de "rompre le pacte fiscal" européen.

 

"La France vire à gauche", pour le Corriere della Sera (centre-droit), qui relève que "ces derniers jours, le favori Hollande a su rompre l'isolement en Europe". "Les paroles du président de la Banque Centrale Européenne, Mario Draghi (sur la nécessité de l'objectif de la croissance), semblaient donner raison à la prétention de Hollande d'ajouter un chapitre au traité de stabilité".

 

"La France tourne une page", affirme, pour sa part, le quotidien de centre-gauche Repubblica, alors que pour le quotidien économique Il Sole 24 Ore M. Hollande est "un modéré, un social-démocrate, un homme tranquille. Qui veut changer sans bouleverser. Comme il a dit à la City de Londres préoccupée par les attaques contre les riches et la finance : +je ne suis pas dangereux+".

 

En Espagne, El Pais (centre-gauche), écrit que "la gauche européenne renaît ce 6 mai en France" et que l'élection du candidat socialiste "ouvre une nouvelle étape politique en France comme en Europe", avec notamment la fin du "directoire connu sous le nom de Merkozy" avec "tout l'accent mis sur l'austérité.

 

El Mundo (centre-droit) rappelle que la présidentielle française a été "très marquée par la pire crise économique et sociale depuis un demi-siècle" et que le président élu a pris soin d'appeler la chancelière allemande Angela Merkel et de plaider pour "une clause de croissance dans le traité d'austérité européen".

 

Pour le quotidien catalan El Periódico (gauche) "l'arrivée de Hollande à l'Elysée ouvre une nouvelle étape de la politique européenne", le socialiste "ayant promis de réviser le traité de discipline budgétaire avec des mesures pour la croissance".

 

Un revers pour Merkel

 

La presse allemande estimait, de son côté, que la victoire de François est un revers pour la chancelière allemande, qui avait soutenu jusqu'au bout le conservateur Nicolas Sarkozy.

 

"C'est un tournant, avant tout pour Angela Merkel : François Hollande, que la chancelière voulait absolument éviter, devient président à la place de son favori", écrit le quotidien des affaires, Financial Times Deutschland. "Comme c'est désagréable pour Merkel. (...) Le souhait de François Hollande de compléter par un volet croissance le traité budgétaire européen attaque le pouvoir de la chancelière en Europe", ajoute-t-il.

"Les Allemands se retrouvent seuls avec leur pacte budgétaire", estime également le journal conservateur Die Welt. Si François Hollande se range au côté de "la fraction dure des créateurs de dettes, le tandem franco-allemande se brisera", avertit même le quotidien.

 

Le quotidien populaire Bild souligne à sa façon l'importance du lien entre les deux pays, avec une grande photo de François Hollande, pointé par une flèche avec le commentaire : "Bonjour, chancelière, voici maintenant celui qui est l'homme le plus important dans votre vie politique".

 

Le quotidien régional Stuttgarter Zeitung met en garde François Hollande sur sa promesse de renégocier le traité budgétaire. "Aussi incontournable que soit la France pour faire avancer l'Union Européenne : le pays n'est pas assez fort pour imposer sa volonté contre d'autres poids-lourds de la communauté". Le Tagesspiegel, rappelle toutefois qu'outre la France, la Grèce a elle aussi voté en faveur de partis opposés à la politique de redressement budgétaire préconisée en Europe par la chancelière Angela Merkel.

 

Le Süddeutsche Zeitung veut, lui, croire que Hollande se montrera raisonnable et que le duo franco-allemand, "Merklande", qui "représentera à la fois l'Europe conservatrice-libérales et sociale-démocrate", saura "mieux faire accepter leurs exigences aux autres peuples".

 

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