Fady Yarak saluant Raymond Gebara avec, au centre, Jean-Pierre Gebara, président de la municipalité de Kornet Chehwane.
Alors, ont défilé à la tribune: Michel Maaïké, Roger Assaf, Julia Kassar, Rifi’at Tarabey, Gabriel Yammine et, bien entendu, Jean-Pierre Gebara, président de la municipalité de Kornet Chehwane. Chacun a raconté sa rencontre avec ce personnage différent, unique. Puis chacun a témoigné, avec beaucoup d’émotion, de sincérité et de précision tant les souvenirs sont vivants, de son expérience au contact de celui qui leur a tant donné à eux comme au théâtre contemporain libanais.
Des témoignages enrichis de projections rafraîchissant la mémoire des uns, faisant découvrir à d’autres cet âge d’or du théâtre libanais avec des flash-back des différentes pièces, des rôles, des bouts d’interviews qui racontent la présence et l’action de Gebara dans le domaine.
Premier à prendre la parole, Michel Maaïké a présenté cet homme et ce qu’il a donné au théâtre depuis sa première pièce en 1970 jusqu’à récemment. «Le théâtre de Raymond Gebara, à travers lequel il a exprimé ses peurs, ses angoisses et ses rêves, représente toute sa vie...», a dit Maaïké qui a évoqué ce sourire moqueur du personnage, comme «debout sur le balcon du monde passant en revue le temps».
Roger Assaf, lui, le compagnon de la première heure, a insisté sur l’arrivée de cet «homme qui a bouleversé les règles conventionnelles du théâtre». «... Le danger vient du succès, as-tu dit un jour, mais ton succès à toi est dangereux parce que c’est le vrai, qui capte les cœurs et les esprits... Tu ignores l’influence que tu as eu sur nous tous. Ton expérience était d’éviter le plagiat, mais je dis aux jeunes de copier Raymond Gebara.» Cet autre grand du théâtre qu’est Assaf devait souhaiter que «notre société commence à réfléchir pour s’exprimer en dehors des sentiers battus balisés par les responsables, en transgressant les convenances et les appartenances...».
Julia Kassar (une de ses «compagnons» de théâtre, comme on appelle les étudiants formés à son école et qui sont devenus des collègues) a évoqué le maître. «...Mon expérience avec Raymond Gebara représente les meilleurs moments de ma vie...», devait-elle dire évoquant ces beaux et intenses moments du Théâtre de Beyrouth qu’elle souhaite tant être préservé de la destruction. Pour elle, Gebara est un héros qui mérite d’être découvert, connu et de figurer au programme scolaire.
Rifi’at Tarabey a de son côté raconté sa rencontre avec Gebara qui a été décisive dans son choix du théâtre.
Gabriel Yammine, un autre élève du maître devenu «compagnon» de théâtre, a été très émouvant dans un témoignage spontané, avouant que cet homme lui a appris à vivre, à aimer, à fonder une famille et à découvrir... Shakespeare.
Au nom de la municipalité de Kornet Chehwane, c’est Jean-Pierre Gebara, son président, qui a pris la parole pour dire que lorsqu’une localité rend hommage à l’un des siens, elle se rend hommage en définitive. Et d’évoquer ce voisin intéressant à plus d’un titre qui raconte la vie à travers son émission matinale à la radio, dans sa conversation avec sa grand-mère, dans ses écrits comme dans son théâtre. Il l’a remercié d’appartenir à ce village et lui a offert une série de quatre aquarelles réalisées par Antoine Matar, représentant sa rue ainsi que des demeures de voisins et de personnes du village.
Le mot de la fin a été celui de Raymond Gebara lui-même qui, non sans une pointe d’humour mêlée à un brin de sarcasme comme à sa bonne habitude, a d’abord remercié le public et la municipalité pour cet hommage, souhaitant, en s’adressant à Fady Yarak, que les arts soient au programme scolaire parce qu’ils sont porteurs de civilisation.
Très vrai M Avédissian, mais vous, un ardent défenseur de la langue française que vous maniez avec tellement d'élégance (à moins que ma mémoire ne me fasse défaut) de grâce M Avédissian, n'en défigurez pas les mots en les privant de leurs accents, comme le ferait un écolier en deuil de son dictionnaire trop vite enterré.
09 h 58, le 15 mars 2012