Ces inéluctables rendez-vous avec l’histoire sont souvent mal anticipés par ceux des hommes qui, ayant bâti leurs espoirs sur la tromperie, la corruption, l’esclavage, la spoliation et la destruction de leurs prochains, croient dur comme fer que quoiqu’ils fassent leur pouvoir sera toujours légitime et que rien ne peut venir ébranler les murs de leurs puissants châteaux de cartes.
En anglais, on appelle ça du « wishful thinking ».
Eh bien, nous y sommes ! Le monde arabo-musulman est en train de s’embraser; partout des peuples se révoltent ; partout des roitelets despotes utilisent la police et l’armée tuant, massacrant leurs concitoyens afin de préserver les assises de leurs anciens régimes : dictature sanglante, corruption et soumission veule à ces grands donneurs d’ordre que sont les hommes de la haute finance.
Pour ceux d’entre vous qui, face à cette actualité dramatique, prennent le recul nécessaire, réfléchissent aux perspectives à venir, les affaires humaines paraîtront suffisamment dérangeantes pour vous pousser à vous arrêter un instant de courir dans tous les sens, comme vous le faites d’habitude, et vous poser la question récurrente qui revient à chaque crise majeure : Que se passe-t-il, où va-t-on ?
Si j’évoque cette triste réalité, qui n’est plus un secret pour personne, c’est pour encore une fois mettre l’accent sur une autre évidence tout autant valable puisqu’elle se trouve dans le cercle vicieux de la mauvaise gérance, de l’illogisme absolu de notre système qui, bien qu’affaibli et mourant, cherche toujours à maintenir le couvercle rabattu afin de pérenniser le pouvoir de ses maîtres d’œuvre...
J’ai voulu, en toute bonne foi, transférer des téléphoniques (en l’occurrence cellulaires) une société à une autre. Mal m’en prit. Bien que ces lignes appartiennent au propriétaire des deux sociétés et ayant en main tous les documents et preuves demandés, je me vois refuser ce transfert pour certains numéros dits : « Bronze » (pour ceux qui ne le savent pas, ce sont des numéros un peu plus jolis que d’autres !). « Un seul numéro est permis par personne ou société », me vois-je répondre. Et pour cause, cette loi protège soi-disant le citoyen, car ils sont en train d’être vendus à des prix faramineux par des particuliers. Mais alors pourquoi est-il permis d’organiser des ventes aux enchères pour revendre ces dits numéros à des prix aberrants ? Est-ce qu’une loi, qui est censé protéger le citoyen, est nulle quand il s’agit de ventes organisées ? Dans tous les cas, ce n’était nullement le but du transfert, puisque la société a besoin de ces numéros pour son propre usage.
Comme il se doit et pour ne rien changer aux bonnes habitudes, je me dirige vers ce qu’on aime si bien dans notre pays : la wasta.
Beaucoup d’entre nous, aujourd’hui encore, auront compris que notre pays, comme beaucoup d’autres d’ailleurs, est régi par les règles immuables de causalité, règles dont nous sommes à la fois instrument de la cause et victimes de l’effet.
Ralda KARAM