Sur cette image prise d'une vidéo postée par YouTube par des militants, un combattant anti-Assad à Homs. YouTube/HO/AFP
De retour en France, après avoir passé quelques jours à Homs, Jean-Pierre Perrin, l’envoyé spécial du quotidien français Libération, confirme que la situation est « pire que ce que l’on peut imaginer ». Homs est une ville complètement « accablée par les bombardements, une ville qui ne bouge plus. Il n’y a pas seulement les bombardements du coucher du soleil qui prennent la ville pour cible, mais également les snipers postés sur des tours et qui tirent sur absolument tout ce qui bouge, ce qui condamne les habitants à rester chez eux et donc à ne plus pouvoir aller chercher la moindre nourriture ». Les gens vivent sur leurs réserves, « qui malheureusement vont finir par s’épuiser », raconte-t-il, ajoutant que « parfois, les combattants arrivent à rapporter au péril de leur vie des vivres d’autres quartiers qui ne sont pas complètement contrôlés par l’armée syrienne ».
Quant aux hôpitaux, ils sont quasiment inexistants, « il n’y a presque pas de médecin non plus, on ne peut pas évacuer les blessés, ni les enfants et les vieillards ».
Mercredi, le centre de presse de Homs a été bombardé, tuant deux journalistes occidentaux. « Selon une information qui date de quelques mois, une communication entre des officiers syriens interceptée par un officier libanais recommande de tuer tout journaliste surpris entre la frontière libanaise et Homs, et il fallait s’arranger pour faire croire qu’il a été tué dans des combats contre des groupes terroristes. Il y a une volonté de tuer tout journaliste qui mettra un pied sur le sol syrien », assure M. Perrin.
L’accès à Homs est presque impraticable parce que la ville « est cernée par deux tranchées extrêmement profondes creusées par l’armée, qui empêche tout passage. Il y a cependant un passage absolument secret que je ne peux pas révéler pour des raisons de sécurité parce que c’est la seule veine qui permet d’alimenter un tout petit peu la ville. Si jamais cette brèche était découverte, il n’y aurait plus le moindre approvisionnement en médicaments, en nourriture », poursuit le journaliste.
Si Bachar el-Assad a décidé de bombarder déjà depuis 18 jours la ville, c’est dans une volonté de « châtiment collectif » ; il veut montrer ainsi à toute la Syrie « ce qui attend les villes qui voudront imiter Homs, du genre “Vous voyez de quoi je suis capable et si jamais vous faites la même chose, vous aurez exactement le même sort” ».
Pour le journaliste français, l’offensive contre Baba Amro ne devrait plus tarder. « Il y a très peu de combattants qui protègent toujours la ville, peut-être plusieurs centaines qui tiennent bon. Si le président Assad veut rentrer avec ses chars et ses troupes d’élite, la résistance s’essoufflera vite par la force des choses, le rapport numérique est tellement en défaveur des insurgés, la puissance de feu du régime est tellement puissante, les rebelles n’ont que des kalachnikovs, des RPG, quelques mortiers et quelques mitrailleuses lourdes aussi, mais c’est tout. Ils ne font absolument pas le poids militairement. »