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Lifestyle - Pays-Bas

Le foyer Woodstock à La Haye, refuge pour toxicomanes âgés

Le centre n’accueille que les sans-abri âgés de plus de 45 ans et non réinsérables en société.

Le foyer aurait contribué à une baisse de la délinquance dans le centre-ville de La Haye. Anoek de Groot/AFP

Au 4e étage d’un immeuble en briques de La Haye, William, 65 ans, allume la pipe dans laquelle il vient de glisser une boulette de cocaïne : l’ancien sans-abri toxicomane a trouvé refuge au foyer Woodstock.
« Ça, c’est la vraie liberté », dit le sexagénaire alors qu’une fumée blanche envahit la chambre qu’il occupe depuis deux ans dans ce centre, spécialisé dans l’accueil de sans-abri drogués ou alcooliques, unique aux Pays-Bas. « J’aime ça, ici. Il n’y a pas de policiers qui me voient, je peux faire ce que je veux », explique William, les cheveux gris coupés en brosse, en alignant sa pipe, un miroir et une vieille carte de crédit sur une petite table. Son passé est chaotique, comme celui des 32 résidents du foyer, des toxicomanes ou des alcooliques âgés de 45 à 70 ans, dont trois femmes. Il a vécu trente-trois ans en Espagne où il travaillait dans le tourisme et est devenu cocaïnomane. En 2009, il rentre aux Pays-Bas, dans l’idée de renouer avec sa famille. Mais au lieu de cela, il est agressé par deux jeunes dans un foyer pour sans-abri : il perd un œil, et la moitié de son visage reste paralysée. Ses blessures guéries, il retourne à la rue avant d’être accueilli à Woodstock.
Le foyer, qui porte le nom du festival de musique et du rassemblement emblématique de la culture hippie des années 60, a ouvert en 2008 sous la houlette de la ville de La Haye et de l’institut Parnassia, spécialisé en psychiatrie, qui le financent. « Nous avons constaté qu’il fallait absolument venir en aide aux drogués de plus de 45 ans, qui ont parfois jusqu’à 70 ans et qui vivent dans la rue », raconte Nils Hollenborg, le psychiatre qui dirige le foyer. « Mais, souligne-t-il, nous ne sommes pas ici pour essayer de les réinsérer. » « En fait, vous ne pouvez être admis à Woodstock que si vous avez plus de 45 ans et qu’un examen médical vous déclare “non réinsérable” », explique-t-il. « Ici, nous donnons aux gens un toit, le gîte et le couvert gratuits, et nous tolérons une consommation limitée de drogues dures », précise-t-il. De nombreux résidents prennent aussi de la méthadone, un produit de substitution de l’héroïne, gratuit. Mais ils doivent acheter à l’extérieur cocaïne, héroïne ou cannabis. Dans le hall d’accueil, une statue grandeur nature de l’acteur américain Humphrey Bogart monte la garde, non loin du portrait de Marilyn Monroe peint par Andy Warhol, d’un billard américain et d’un juke-box, qui voisinent avec des perruches en cage. Seul un tableau blanc avec les noms des résidents et leur dose quotidienne de méthadone, dans une pièce réservée au personnel fermée à clé, trahit la vocation des lieux.
Depuis son ouverture, le foyer Woodstock, qui emploie une trentaine de salariés, a contribué à faire baisser la petite délinquance du centre-ville, assure Sjoerd Steenbergen, porte-parole des services de santé municipaux. « Il y a quelques années, les vieux toxicomanes étaient responsables de 9 % de la délinquance, ça a baissé à 5 % », souligne-t-il. S’il prend de la
méthadone ? Tony, 65 ans, à Woodstock depuis 18 mois, secoue la tête et répond d’une voix éraillée en tapotant sur la canette de bière enfouie dans la poche de sa veste : « Mon poison est là : ça et les cigares. » À l’étage, dans sa chambre aux murs défraîchis et au lit défait, Tony montre fièrement un petit téléviseur à écran plat acheté, dit-il, avec l’argent gagné en rangeant des chariots sur le parking d’un supermarché. « Je veux partir d’ici », affirme-t-il en tirant sur son cigare et en tripotant sa canette de bière. « Mais bon, peut-être que je resterai ici jusqu’à mes 90 ans. »
              (Source : AFP)
Au 4e étage d’un immeuble en briques de La Haye, William, 65 ans, allume la pipe dans laquelle il vient de glisser une boulette de cocaïne : l’ancien sans-abri toxicomane a trouvé refuge au foyer Woodstock.« Ça, c’est la vraie liberté », dit le sexagénaire alors qu’une fumée blanche envahit la chambre qu’il occupe depuis deux ans dans ce centre, spécialisé dans l’accueil...

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