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Culture - Portrait d’artiste

Mady Mesplé, une diva à l’écoute de la voix du corps...

M.M. Non, ce ne sont pas les initiales de Michèle Morgan. À cette époque où B.B. et C.C. triomphaient sur les écrans, Mady Mesplé (pour se référer aux initiales des célébrités), diva assoluta mais soprano léger, pulvérisait les records d’écoute de la scène lyrique internationale. Aujourd’hui, charmante et courageuse octogénaire, elle se bat contre la maladie de parkinson. « La voix du corps » est le livre qu’elle a écrit pour parler de ses souvenirs et de son combat. Lumière sur une prestigieuse cantatrice qui est en même temps une leçon de vie.

Les cheveux blanc de neige, les traits délicats et la frimousse toujours mutine, Mady Mesplé, marraine de l’Association France Parkinson (une maladie neurodégénératrice qui touche plus de 6,5 millions de personnes dans le monde), est connue du grand public par ses nombreuses prestations de l’art lyrique. Avant d’apprendre à écouter la voix de son corps, ce sont les autres qui ont écouté et applaudi sa voix en or. Une voix de soprano colorature. Une voix légère, au timbre flûté et pur, dont la tessiture est des plus aiguës et des plus agiles, mais aussi des moins puissantes. Une voix rare et précieuse, comme celles de Mado Robin ou de Nathalie Dessay.
Tout remonte, bien entendu, à l’enfance où la petite Toulousaine est touchée par la grâce des chorales dont ses parents étaient de fervents adeptes. Très vite, c’est-à-dire à sept ans et demi, Mady Mesplé, appelée à suivre des cours particuliers après une dispense au Conservatoire de Toulouse, fréquente plusieurs professeurs pour des cours de piano et de solfège. Parmi ses profs dames, on note la présence de l’épouse d’André Malraux.
Si le piano a gain de cause au début (avec un premier prix pour le piano, elle sera jeune accompagnatrice dans les variétés et un orchestre de dancing!), le chant, vers ses dix-huit ans, prend le dessus et lui fait opérer un virage en force. Virage dangereux, où le nouveau cap a pour nom le chant.
Le hasard veut qu’elle triomphe, pour son premier rôle en 1953 à Liège, dans Lakmé de Léo Delibes, un rôle taillé sur mesure pour sa voix incarnant avec éclat les sopranos légers. Depuis, c’est la consécration et la rencontre avec le succès : elle sera tour à tour la Rosine du Barbier de Séville et la Gilda de Rigoletto.
Elle enchaîne avec le même bonheur Les contes d’Hoffmann (dans une mise en scène de Patrice Chereau), Le dialogue des carmélites, Les Indes galantes et Lucia di Lammermoor (faisant suite dans ce rôle-phare à la prestation de Joan Sutherland), tout en donnant un lustre remarquable à des opus modernes dont les créations de Henri Tomasi et Gian Carlo Menotti.
Des récitals à l’Opéra de Paris, au Festival d’Aix-en-Provence, en passant par Londres, Rome, Toronto, Moscou, New York (Metropolitan), Pékin, Shanghai, Tokyo, Belgrade et Poznan (une liste longue et non exhautive), la voix de la Mesplé retentit en beauté et soulève l’enthousiasme de la critique et du public.
Du répertoire français à l’italien, en passant par l’allemand, le chant n’a pas de secret pour elle et lui rend, comme un reflet de miroir, toutes les prouesses vocales qu’elle tente avec succès. Elle travaillera avec des compositeurs et des artistes de grand renom, dont Pierre Boulez, Georges Prêtre, Werner Henze, Pierre Dervaux et Franco Zifferelli.
Sur le tard, elle abandonne la scène pour se consacrer exclusivement à ses enregistrements chez Emi, ses concerts et surtout son engagement pédagogique, en assurant des master-class que nombre de ses élèves qualifieront de moments gratifiants et exceptionnels.
En 1996, la maladie de parkinson est officiellement diagnostiquée chez Mady Mesplé. La cantatrice ne s’avoue pas pour autant vaincue et s’attelle à l’écriture d’un ouvrage intitulé La voix du corps qui paraîtra en 2010. Elle y raconte, avec une certaine verve certes, ses souvenirs, mais dispense surtout énergie et espoir à tous ceux que la maladie de parkinson mine. Lumière sur une carrière de star et révélation des souffrances que tout patient affronte quand un mal le terrasse. Témoignage unique et touchant où, après le faste d’une vie de scène exceptionnelle, surgissent les douleurs d’une maladie aux signes avant-coureurs déjà perçus par le corps depuis un certain temps. Le corps avait déjà sa propre voix. Et voilà que la cantatrice, aujourd’hui promue au grade de commandeur de la Légion d’honneur, lui accorde pleine audience. Pour mieux le libérer et le soulager.
À part Lakmé, devenu presque un titre de référence pour Mady Mesplé qui vit toujours actuellement dans la douceur de sa Ville rose, il serait bon de l’écouter sur la platine dans ce CD qu’Emi laisse aux auditeurs. Un chant mélodieux où, entre les volutes de Messager, Poulenc, Satie, Delibes, Fauré, Debussy, scintille un esprit profondément français...
Les cheveux blanc de neige, les traits délicats et la frimousse toujours mutine, Mady Mesplé, marraine de l’Association France Parkinson (une maladie neurodégénératrice qui touche plus de 6,5 millions de personnes dans le monde), est connue du grand public par ses nombreuses prestations de l’art lyrique. Avant d’apprendre à écouter la voix de son corps, ce sont les autres qui ont...

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