« Les chrétiens ont décidé de supprimer les festivités et de ne garder que la messe de Noël, qui sera consacrée à la paix en Syrie. C’est un message pour dire que nous formons tous une même famille », a confié l’archevêque grec-catholique Élias al-Dabiia. « Nous sommes dans une triste situation », affirme Mazen, un marchand de tapis assis devant sa boutique dans une ruelle de la vieille ville. Ce quartier d’habitude très touristique est désert, et il n’y a quasiment plus de clients depuis plusieurs mois. Les quelques magasins qui vendent des décorations de fêtes sont déserts. Les seuls à avoir fait un effort de décoration sont les magasins chics du centre commercial de l’hôtel Four Seasons.
À l’instar du reste de la population, les chrétiens, qui représentent 7 à 8 % des 22 millions d’habitants en Syrie, sont profondément inquiets face aux violences quotidiennes et craignent l’instabilité politique, alors qu’ils ont vécu depuis près de 50 ans sous un régime autoritaire. Nombre d’entre eux affirment redouter qu’une éventuelle chute du régime de Bachar el-Assad laisse le champ libre aux islamistes, en particulier aux Frères musulmans. « Si le régime tombe, les islamistes vont s’emparer du pouvoir, et dans 20 ans, il n’y aura plus de chrétiens dans notre pays », assure Farzat, un ingénieur âgé de 55 ans. « Cette année, il y a bien sûr un sapin et des cadeaux pour les enfants, mais ce n’est pas la joie. Nous allons rester à la maison », dit-il.
D’autres redoutent moins un tel changement. Pour Anouar Bounni, avocat chrétien et défenseur des droits de l’homme, les chrétiens en Syrie ont toujours vécu « en bonne intelligence avec les autres communautés du pays qui partagent la même culture ». « Les minorités n’ont rien à craindre. Dans la société syrienne, il n’y a jamais eu de problèmes entre les différentes communautés », assure-t-il, tout en reconnaissant que la longue absence de démocratie avait conduit « les minorités à éprouver de l’appréhension ».
Face à la situation, les patriarches grec-orthodoxe, grec-catholique et syriaque-orthodoxe se sont réunis le 15 décembre dans un couvent près de Damas pour examiner « les événements qui secouent notre chère patrie ». Après avoir manifesté leur « tristesse des tragédies » et leurs craintes face à la « dégradation de la situation économique », les patriarches ont affirmé leur « rejet de toute intervention étrangère » en Syrie et appelé à la levée des sanctions imposées par l’Occident. Les patriarches ont également dénoncé « toutes les formes de violence », appelant à « la réconciliation » et encourageant « les réformes et mesures positives prises par le gouvernement ».
(© AFP)
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