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À La Une - Liban

La censure fait à nouveau des siennes : le film« Beirut Hotel » de Danielle Arbid interdit de projection

L'affiche du dernier film de Danielle Arbid, "Beirut Hotel".

Les déplorables déboires des Libanais, plus particulièrement des milieux artistiques, avec la censure ne semblent pas avoir de limites. Et à chaque épisode de cette pratique foncièrement anachronique et d’un autre âge, en déphasage total avec la technologie de pointe des moyens de communication, la même question se pose dans les milieux intellectuels : jusqu’à quand le public libanais devrait-il accepter que « Dame Anastasie », plus spécifiquement la Sûreté générale, continue de le traiter en « assisté », en « mineur », qui n’est pas capable de faire preuve de discernement et de juger en adulte des œuvres artistique ? Et à cette interrogation s’en ajoutent deux autres, tout aussi fondamentales : sur quels critères se basent ceux qui décident qu’une œuvre artistique devrait être interdite aux Libanais, et jusqu’à quand les intellectuels et la société civile resteront-ils passifs face à de tels égarements qui portent atteinte à la créativité ainsi qu’à la liberté d’expression, d’autant qu’à chaque fois des explications nébuleuses sont fournies pour justifier la mesure prise ?


Le dernier en date de ces épisodes de ce triste feuilleton est apparu hier lorsque la réalisatrice Danielle Arbid a annoncé que son film Beirut Hotel (qui devait être en salles à Beyrouth le 19 janvier 2012) a été interdit de projection suite à la démarche de la Sûreté générale et de la commission ad hoc (formée de fonctionnaires de différents ministères) chargée de se prononcer sur les cas de censure possible.


Sur les raisons de cette nouvelle intervention de Dame Anastasie, une source autorisée de la Sûreté générale a indiqué à L’Orient-Le Jour que la SG avait effectivement donné un avis défavorable au sujet de ce film, mais qu’elle avait demandé à la commission ad hoc, présidée par André Kassas, conseiller du ministre de l’Information, de se prononcer sur ce plan. La commission en question a appuyé l’avis de la SG, se basant sur l’argumentation suivante : dans le film, il est question de l’assassinat de Rafic Hariri, et dans le scénario original soumis au départ à la SG, il était fait état uniquement d’un assassinat, sans autre indication ; le synopsis du film est basé sur l’histoire d’un Libanais chiite qui affirme être détenteur d’un USB contenant des informations de la plus haute importance sur l’assassinat de Rafic Hariri. L’homme en question propose aux services français à Beyrouth de leur fournir l’USB en contrepartie de l’obtention d’un droit d’asile en France ; les Français n’accordent aucun intérêt à l’affaire, ce qui pousse le mystérieux personnage à proposer à la branche des renseignements des FSI de lui fournir les informations en sa possession, mais la branche des renseignements ne manifeste aucun intérêt à la proposition.


La source de la SG ajoute qu’on déduit du film que les hommes des renseignements des FSI finissent par liquider l’homme détenteur du USB. Le responsable de la SG affirme en conclusion, pour justifier la censure, que l’intrigue du film constitue ainsi « une source de problème portant sur l’assassinat de Rafic Hariri ». Et d’ajouter que « ce genre de problème » devrait être évité « tant que l’enquête sur l’assassinat de l’ancien Premier ministre n’est pas achevée ».
Reste à savoir quelle est la nature de cette « source de problème » que pourrait susciter le film incriminé... Question sans réponse.

Les déplorables déboires des Libanais, plus particulièrement des milieux artistiques, avec la censure ne semblent pas avoir de limites. Et à chaque épisode de cette pratique foncièrement anachronique et d’un autre âge, en déphasage total avec la technologie de pointe des moyens de communication, la même question se pose dans les milieux intellectuels : jusqu’à quand le public...

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