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Liban

Enlèvement d’opposants syriens : le gouvernement vit dans le déni

Les développements en rapport avec le soulèvement populaire en Syrie et leurs retombées sur la scène libanaise creusent de plus en plus le fossé entre les alliés du régime baassiste et le camp du 14 Mars. D’un côté, les responsables officiels semblent vivre dans le déni le plus total, allant même jusqu’à affirmer que rien ne permet de confirmer que des opposants syriens ont été enlevés au Liban. De leur côté, les pôles du 14 Mars dénoncent en des termes très fermes la passivité du gouvernement vis-à-vis du sort des opposants syriens ayant trouvé refuge au Liban, notamment pour ce qui a trait à l’aide humanitaire qui devrait être accordée à ces exilés volontaires.
Les positions adoptées quotidiennement aussi bien par les responsables officiels que par le 14 Mars illustrent à quel point le clivage ne cesse de croître sur ce plan de jour en jour. Au niveau officiel, le bureau de presse du président Michel Sleiman a ainsi affirmé hier à l’AFP que « la Syrie s’est excusée auprès du Liban des violations répétées de la frontière et a appelé au respect de l’indépendance et de la souveraineté de son voisin » ( ! ). Un porte-parole de la présidence, s’exprimant sous le couvert de l’anonymat, a indiqué que le président Sleiman avait soulevé le problème des violations de la frontière avec le président syrien Bachar el-Assad et que des responsables de la sécurité des deux pays en avaient discuté, confirmant des informations de la presse locale à ce propos.
Selon le quotidien al-Liwaa, M. Sleiman a affirmé dans un entretien qu’il avait parlé personnellement avec M. Assad des incursions répétées en territoire libanais et que la « Syrie avait exprimé ses plus grands regrets pour des violations non intentionnelles », promettant qu’elles ne se répéteraient pas. Le chef de l’État a également confirmé que l’armée syrienne avait posé des mines le long de la frontière avec le Liban pour empêcher les trafics et les infiltrations.
Le pouvoir retient ainsi la thèse des violations « non intentionnelles » ( ! ) de la souveraineté libanaise par l’armée syrienne loyaliste, mais sur le plan de l’enlèvement d’opposants syriens, c’es carrément la politique de l’autruche qui est de mise. Le ministre des Affaires étrangères, Adnane Mansour, a ainsi affirmé hier à la Voix du Liban qu’il n’y a pas de preuves ou de confirmations (sic ! ) que des figures de l’opposition syrienne ont été kidnappées au Liban. Poussant son angélisme jusqu’au bout, M. Mansour a ajouté dans ce cadre : « Nous, en tant qu’Arabes, devons aider la Syrie à surmonter la crise et non pas contribuer à l’aggraver. »
Le déni manifesté par le chef de la diplomatie est démenti par le Premier ministre Nagib Mikati qui a reconnu la semaine dernière que des personnalités de l’opposition syrienne avaient été kidnappées au Liban, mais il a minimisé ces enlèvements, estimant qu’il s’agissait de « cas isolés »...

Le message de Bourhan Ghalioun à Mikati
Il convient d’indiquer sur ce plan que le Conseil national syrien (CNS) avait exprimé mardi dans un communiqué son « inquiétude » après « l’enlèvement d’au moins 13 opposants syriens au Liban ».
Le bureau exécutif du Conseil national a exprimé son inquiétude à cet égard, dans une lettre adressée par le président du CNS, Bourhan Ghalioun, au Premier ministre, à la suite de « rapports confirmés par des organisations de droits de l’homme arabes et internationales faisant état de 13 enlèvements, au moins, de citoyens syriens, parmi lesquels l’opposant politique Chebli al-Ayssami le 24 mai ». Arrivé le 19 mai des États-Unis pour rendre visite à sa fille comme chaque été à Aley, Chebli al-Ayssami, 86 ans, a disparu cinq jours plus tard.
« Le Conseil national est très inquiet du fait que des opposants enlevés soient livrés aux organismes de sécurité du régime syrien, ce qui les expose à un danger de mort », indique le texte ajoutant que « les autorités libanaises sont responsables (...) de la sécurité des résidents sur leur territoire ou de leurs visiteurs ». L’opposition syrienne a également appelé « le gouvernement libanais à prendre toutes les mesures nécessaires pour la libération des personnes enlevées et pour empêcher d’autres enlèvements ». Le Liban ne doit « pas permettre au régime syrien d’utiliser le territoire libanais pour des actions de répression et de terreur contre ses opposants, et il se doit de préserver le Liban comme un endroit sûr pour la liberté d’expression », ajoute le message du président du CNS à M. Mikati.

Les pôles du 14 Mars
Dans le camp du 14 Mars, c’est la passivité du gouvernement face au drame vécu par les opposants syriens qui est vivement stigmatisée. Le député Mouïn Meraabi (courant du Futur) a ainsi qualifié de « grand scandale » la négligence manifestée par le pouvoir sur ce plan, soulignant que c’est non pas 4 500, mais 12 000 ressortissants syriens qui ont trouvé refuge au Liban pour fuir la répression sanglante à laquelle se livre le régime baassiste. Pour M. Meraabi, si le chiffre officiel est bien en-deçà de la réalité, c’est parce que nombre de réfugiés syriens préfèrent ne pas se manifester de peur d’être enlevés par certains services sécuritaires libanais et livrés aux services du pouvoir baassiste.
L’ancien député Moustapha Allouche a réclamé pour sa part la mise en place de camps de réfugiés à l’intention des opposants syriens, qui devraient être pris en charge, précise-t-il, par l’ONU.
De son côté, le député Khaled Zahramane (courant du Futur) s’est déclaré opposé à « la politisation » du dossier des réfugiés syriens, soulignant que ces derniers « ont des droits qu’il faut respecter ». Enfin, le député Khodr Habib a affirmé que « l’État doit assumer la responsabilité de l’aide qui doit être apportée aux réfugiés syriens ».
Les développements en rapport avec le soulèvement populaire en Syrie et leurs retombées sur la scène libanaise creusent de plus en plus le fossé entre les alliés du régime baassiste et le camp du 14 Mars. D’un côté, les responsables officiels semblent vivre dans le déni le plus total, allant même jusqu’à affirmer que rien ne permet de confirmer que des opposants syriens ont été...
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Monsieur Halim Abou Chakra, ce sont des Condors et des Gypaètes qui enlèvent les gens. Anastase Tsiris

Anastase Tsiris

02 h 56, le 10 novembre 2011

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Commentaires (2)

  • Monsieur Halim Abou Chakra, ce sont des Condors et des Gypaètes qui enlèvent les gens. Anastase Tsiris

    Anastase Tsiris

    02 h 56, le 10 novembre 2011

  • "Il n'y a pas eu et il n'y a pas de kidnapping de figures de l'opposition syrienne au Liban" (sic), dit le ministre (soit-disant) des Affaires étrangères du Liban, Adnan Mansour. Le ministre est excusable. Il était dans la lune, c'est à dire au bureau du ministre Walid el-Mouallem à Damas, recevant ses instructions. Il retourne avec une tactique formidable : Chebli el-Aissami joue au cache-cache avec sa famille. Il est au grenier de la maison de sa fille et d'un moment à l'autre fera à celle-ci une grande surprise. De même les frères Jassem. Ils sont dans un chalet de Khaldé, menant la belle vie. Il est vrai qu'un "conseiller" dit au ministre : "Excellence faîtes attention, pendant votre absence, le PM Mikati a dit "qu'il y a eu des cas isolés de réfugiés syriens kidnappés". Le ministre répond tranquille : "Je m'en charge. Appelez-moi Ain el-Tiné". Un ministre des Affaires étrangères a le droit de faire des tournures complexes de diplomatie, mais n'a pas le droit d'être ridicule. Et puis, qu'est-ce que c'est que ce gouvernement, dont le chef dit une chose et un de "ses" ministres le dément sur le champ et sur le TSL et sur les réfugié syriens et et et..?! Que peut-on dire sinon, comme disent déjà des capitales du monde, que c'est un gouvernement ridicule ?

    Halim Abou Chacra

    00 h 02, le 10 novembre 2011

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