Près de 30 civils ont été tués hier par les tirs des forces de sécurité syriennes, dans la répression du mouvement de révolte populaire contre le régime du président Bachar el-Assad, selon différentes sources. « Huit civils sont morts dans le quartier de Barzé à Damas, cinq d’entre eux ayant été tués par les forces de sécurité qui ont tiré lors des funérailles d’un jeune homme », a précisé l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). « Dans la région de Deraa, trois autres civils ont péri sous les balles des forces du régime à Inkhel, et sept manifestants ont été blessés dans la localité voisine de Jassem », a ajouté l’ONG. Dans la ville assiégée de Homs, « deux civils ont été tués dans les quartiers de Khaldiyé et al-Qahira par les tirs des agents de sécurité et des milices prorégime », selon l’OSDH, qui précise que 200 personnes ont été arrêtées lors de perquisitions menées dans Khaldiyé. Dans l’est de la Syrie, un civil a été tué à Bou Kamal, lors de perquisitions, ajoute l’ONG. Selon la chaîne de télévision al-Arabiya, citant des opposants, le bilan des victimes civiles serait de 26 tués.
Des affrontements étaient également en cours « entre l’armée régulière et des hommes armés, probablement des militaires dissidents, dans le village de Khan al-Soubol », près de Saraqeb dans la province d’Idleb, a encore indiqué l’OSDH. Par ailleurs, « au moins sept soldats de l’armée régulière ont été tués lors d’affrontements » avec des soldats dissidents, près de la ville de Mhardé dans la région de Hama, selon la même source.
Au Caire, en Égypte, plusieurs dizaines de manifestants syriens ont empêché une délégation d’opposants syriens, dont l’écrivain Michel Kilo et le militant Haïtham Manaa, d’accéder au siège de la Ligue arabe où ils devaient être reçus avant une réunion samedi sur la Syrie. Plusieurs personnes issues de l’opposition syrienne en exil ont lancé des œufs sur la délégation, sans faire de blessés, et un seul de ses membres a pu entrer. Il s’agit de Hassan Abdel Azim, chef du Comité national de coordination pour le changement démocratique. L’un des manifestants a qualifié les opposants pris pour cibles de « traîtres achetés par le régime », leur reprochant de ne pas demander le gel de l’adhésion de la Syrie à l’institution panarabe ni la mise en place d’une zone d’exclusion aérienne. Nabil al-Arabi, le secrétaire général de la Ligue arabe, a dit « regretter cette attaque », lors d’une conférence de presse à l’issue de sa rencontre avec M. Abdel Azim. « Toute proposition soumise par un État sera examinée par le conseil ministériel », a-t-il également répondu à une question sur le gel de l’adhésion de Damas à l’institution panarabe. De son côté, M. Abdel Azim a affirmé avoir demandé à la Ligue arabe d’envoyer des observateurs arabes et étrangers pour évaluer la situation sur le terrain, tout en insistant sur le fait qu’il s’opposait à l’entrée de toute force militaire en Syrie.
À l’ONU, l’ambassadeur français Gérard Araud a critiqué « l’indifférence » du Conseil de sécurité à l’égard de « la situation dramatique » qu’endure le peuple syrien. « (...) C’est un échec grave du Conseil, que ce soit en terme humanitaire ou politique », a-t-il dit. « La France continuera à œuvrer avec détermination afin que le Conseil, qui a maintenant pu constater le coût de son inaction, joue enfin son rôle », a encore souligné l’ambassadeur. Son homologue américaine a appelé le Conseil à remplir « ses responsabilités ». Enfin, selon un diplomate américain, l’ambassadeur Robert Ford sera prochainement de retour à Damas.

(Sources : agences et rédaction)