Le patriarche Ignace IV Hazim.
Le prélat s’adresse aux hommes politiques de sa communauté au Liban en ces termes : « À travers ces postes de responsabilité dans les institutions politiques et dans l’administration, vous devez nous aider parce que c’est votre travail d’hommes politiques. C’est à vous de faire en sorte qu’il n’y ait pas de reproches concernant les droits bafoués de la communauté. Que faites-vous, vous qui avez été élus à cette fin ? »
Est-il donc d’avis que le rôle de la communauté orthodoxe est en recul ? « Je pense que c’est un prétexte invoqué actuellement, comme s’il était naturel que notre communauté soit continuellement exposée à la non-reconnaissance de ses droits, dit-il. Nous pensons que ce n’est pas normal de réfléchir de la sorte, et nous avons beaucoup insisté sur ce point dernièrement. C’est notre devoir envers le Liban. »
Interrogé sur ses relations au sein de l’Église avec le métropolite de Beyrouth Élias Audi, réputé proche des forces du 14 Mars, le patriarche Hazim précise que « Mgr Audi est la personne que nous avons désignée pour être l’interlocuteur avec l’État libanais ». « Nous ne prenons pas position en politique, ajoute-t-il. Le métropolite de Beyrouth s’acquitte probablement de sa tâche de la manière qui lui semble opportune, mais il faut savoir que personne ne décide seul de la politique de la communauté. Et si quelqu’un doit le faire, c’est le patriarche à Damas. »
Une récente réunion a eu lieu au siège de l’archevêché de Beyrouth entre lui et le métropolite Audi, en présence des anciens ministres Fouad Boutros et Tarek Mitri. L’identité des présents signifie-t-elle qu’il appuie une certaine orientation politique de la communauté ? « Personnellement, je préfère que tous ceux qui ont été élus au nom de cette communauté soient unis dans la revendication de ses droits, non pas sur les orientations politiques qu’ils ont eux-mêmes choisies », dit-il.
À la question de savoir s’il est plus proche de la nouvelle opposition libanaise ou du camp au pouvoir, le patriarche refuse de prendre position par rapport à des personnes qu’il « ne connaît pas ». Il se garde également de commenter l’action du Rassemblement orthodoxe. « Nous sommes à égale distance de tous nos fils, insiste-t-il. Que personne ne nous demande de prendre des positions politiques. La communauté ne se transformera pas en un parti politique. » Il dément par ailleurs avoir proposé un nom pour le poste de mohafez de Beyrouth. « En tant qu’ecclésiastiques, nous ne nous ingérons pas dans les affaires politiques et administratives, précise-t-il. Nous sommes là pour rassembler et redresser les torts. »
« En trente ans, personne n’a contrôlé notre discours »
Sa présence régulière au Liban est-elle un indicateur d’un changement quelconque en Syrie ? « Non, cela n’a rien à voir, dit-il. Nous avons au Liban une présence indéniable. Je compte assurer un suivi afin que nous accomplissions pleinement notre rôle. »
A-t-il des craintes, comme d’autres, pour le sort des chrétiens en Syrie et dans le reste du monde arabe ? « Je n’ai pas peur, répond-il. En Syrie, nous sommes des Syriens et fiers de l’être, et nous sommes aussi concernés que d’autres par le sort du pays. Nous avons simplement peur de l’inconnu, de la perspective de voir ce pays sombrer dans un chaos provoqué par des personnes qui n’ont pas encore clarifié leurs intentions, leurs motivations et leurs objectifs. Nous espérons ne pas nous retrouver dans une situation dont nous ne percevons pas les contours et qui sera décidée par des personnes qui nous sont inconnues. »
Les manifestations populaires revendiquent la liberté et la démocratie... « Je leur dirais que cela fait trente ans que je suis à Damas, je m’exprime sans restriction aucune, sans que personne ne contrôle ce que je dis. Il y a peut-être d’autres qui parlent politique, mais ce n’est pas notre cas. Peut-être voient-ils des choses que nous ne voyons pas. »
Les chrétiens au Liban sont divisés autour des derniers développements en Syrie. Quelle est la position des chrétiens en Syrie ? « Notre situation actuelle est plus rassurante qu’un avenir incertain, souligne le patriarche. Que celui qui va proposer une alternative nous explique de quoi il s’agit afin que nous puissions l’étudier en connaissance de cause et la comprendre. »
Quelle est aujourd’hui la nature de ses relations avec le régime syrien ? A-t-il été contacté par l’opposition ? « Pas du tout, répond le patriarche. Je n’ai pas constaté une volonté de quiconque d’entrer en contact avec nous. Il faut préciser qu’en Syrie, notre communauté a ses propres lois, ses églises, ses écoles... Que pouvons-nous demander de plus ? »
Que pense-t-il des propos du patriarche maronite Béchara Raï sur ses craintes concernant les chrétiens de Syrie ? Quelles relations entretient-il avec l’Église maronite ? « Nous avons d’excellentes relations avec l’Église maronite, et je souhaite que tous les chrétiens restent réunis, dit-il. Il y a d’ailleurs eu dernièrement un rapprochement entre les différentes Églises. Pour ce qui est du patriarche maronite, ce n’est pas un écolier, et personne ne nous a confié le rôle de contrôleur de ses déclarations. Nous lui souhaitons bonne chance dans ses nouvelles fonctions. Il a le droit d’exprimer ce qu’il veut. Ne sommes-nous pas des démocrates ? »
Et c'est faux votre Béatitude. Les Orthodoxes devraient-ils rester à la remorque des autres communautés ? Tous les grands partis du pays sont des partis confessionnels. Un grand parti Orthodoxe est une néccessité nationale, dans le contexte actuel des choses. Nous avons perdu des Ministères et des positions de Direction très importants dans l'Etat. C'est assez ! Votre attitude risque de laisser les Orthodoxes hors de tout partage d'un futur accord, s'il n'y a pas un parti politique Orthodoxe pour y intervenir et négocier. Non plus à la remorque !!! Anastase Tsiris
14 h 02, le 01 novembre 2011