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Liban - Interview

Andrew Steer : La région arabe est la première au monde en potentiel d’énergie solaire

Envoyé spécial pour le changement climatique de la Banque mondiale (BM), Andrew Steer a prononcé un discours très remarqué au cours du congrès de l’AFED, jeudi. À « L’Orient-Le Jour », il explique l’importance du potentiel des pays arabes en matière d’énergie renouvelable.

Andrew Steer. Photo Nasser Traboulsi

OLJ – Quelles sont les possibilités de développer une économie verte dans le monde arabe et au Liban ?
Andrew Steer – Le monde arabe a plusieurs opportunités de modifier sa manière d’agir, en partie parce que c’est nécessaire et en partie parce que ce serait plus avantageux pour lui. D’une part, c’est nécessaire parce que, comme on l’a écrit dans de nombreux rapports, les ressources naturelles dans le monde arabe subissent d’énormes pressions. Il est donc indispensable de rationaliser la consommation d’eau et d’énergie. D’autant plus que le changement climatique est susceptible de provoquer une dégradation d’une situation déjà problématique, avec des répercussions sur tous les secteurs. La seconde motivation pour opérer des changements, c’est que ce processus peut effectivement générer des bénéfices. C’est sur ce point que nous insistons au cours de ce congrès. En d’autres termes, comme le dit le président José Figueres, la moitié de ce que nous devons faire pour lutter contre le changement climatique peut nous être rentable. Il faudra multiplier les efforts au niveau de l’efficacité énergétique : ce genre d’initiatives s’autofinance, crée des emplois et permet de lutter contre le changement climatique. Un triple avantage, donc.

Pourquoi n’y a-t-on donc pas recours plus souvent ?
Il y a plusieurs raisons pour lesquelles on tarde à investir dans l’efficacité énergétique, principalement parce qu’il est très difficile d’obtenir un financement pour cela. Les banques, en effet, hésitent à octroyer des prêts dans ce domaine. Si une entreprise privée leur présente un projet de construction de nouvelles usines, elles y adhèrent facilement. Mais si la même compagnie demande des fonds pour acheter un nouvel équipement en vue d’améliorer son efficacité énergétique, les banques ne savent pas trop comment évaluer cette demande.

Comment concevez-vous le rôle de la BM en vue de remédier à cette situation ?
Nous essayons de comprendre pourquoi c’est le cas et d’étudier les moyens d’intervenir pour seconder le secteur privé en matière d’amélioration de l’efficacité énergétique. Le développement des énergies renouvelables est un autre domaine où nous intervenons. La région arabe est aujourd’hui la première au monde en matière de potentiel d’énergie solaire. Pour l’instant, il n’y a pas encore une conscience à grande échelle de ce potentiel économique, mais ce sera le cas prochainement. Toutefois, il faut garder en tête que ce ne sera économiquement intéressant que si nous prenons les risques maintenant et que nous commençons à investir dans ce domaine sans plus tarder. Voilà pourquoi nous avons instauré un programme de développement de l’industrie du solaire dans cinq pays arabes : Maroc, Algérie, Égypte, Tunisie et Jordanie. Notre objectif est de créer dans cette partie du monde une plus grande expertise industrielle. Les panneaux solaires sont faits de multiples petites pièces qu’il faut manufacturer. Cela peut commencer par des initiatives industrielles à petite échelle aujourd’hui, pour se transformer dans vingt ans en une industrie florissante, grâce à une stratégie étudiée. Pour cela, nous assurons parfois le financement nous-mêmes et nous pouvons aussi aider les compagnies à attirer des fonds privés. Dans d’autres cas, nous portons assistance aux pays dans le domaine du changement de politique. Par exemple, aujourd’hui, l’Afrique du Nord importe son électricité d’Europe. Si, dans cinq ou dix ans, elle voudra exporter de l’énergie vers le Nord, il faudra que l’Europe soit prête à en acheter. Pour cela, de longues négociations sont nécessaires et nous pouvons apporter notre contribution dans cette affaire. Bref, il faut être actif à plus d’un niveau parce qu’il n’y a pas qu’un facteur qui entre en jeu.

 


OLJ – Quelles sont les possibilités de développer une économie verte dans le monde arabe et au Liban ? Andrew Steer – Le monde arabe a plusieurs opportunités de modifier sa manière d’agir, en partie parce que c’est nécessaire et en partie parce que ce serait plus avantageux pour lui. D’une part, c’est nécessaire parce que, comme on l’a écrit dans de nombreux rapports, les ressources naturelles dans le monde arabe subissent d’énormes pressions. Il est donc indispensable de rationaliser la consommation d’eau et d’énergie. D’autant plus que le changement climatique est susceptible de provoquer une dégradation d’une situation déjà problématique, avec des répercussions sur tous les secteurs. La seconde motivation pour opérer des changements, c’est que ce processus peut effectivement générer des...
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