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Cinema- - Impressions sur images

Les f(j)eux de l’amour de maître Kubrick

Marisa Berenson...

Chef-d’œuvre incontesté de Stanley Kubrick, Barry Lyndon réunit tous les arts en un seul, le septième. De la littérature à la peinture, en passant par la musique, l’esthétique de Barry Lyndon puise son inspiration dans la peinture du XVIIIe siècle, époque à laquelle se déroule l’histoire. On peut ainsi reconnaître l’influence des peintres paysagistes comme Thomas Gainsborough et William Hogarth.
Avec l’aide de John Alcott, son chef opérateur qui travailla également sur 2001, l’Odyssée de l’espace, Orange mécanique et Shining, et celle de Ken Adam – qui remporta l’oscar des meilleurs décors pour Barry Lyndon –, Kubrick cisèle et brode des images d’un grand raffinement, usant pour certaines scènes des techniques novatrices, telles que l’éclairage à la bougie.
Dans cette scène où Redmond Barry, soldat veule et opportuniste, voulant par tous les moyens gravir les échelons de la société, essaye de séduire Lady Lyndon, Kubrick n’utilise pour toute lumière que de simples bougies. Et pour y réussir, le cinéaste a employé des objectifs spéciaux de la NASA (50 mm à 0,7). « L’éclairage des films historiques m’a toujours semblé faux », dit-il. Par ailleurs, le chef opérateur John Alcott a expliqué que « Kubrick a étudié les effets de lumière de peintres comme Turner ou Gainsborough et a décidé d’éclairer davantage de côté. (...) Le spectateur est ainsi plongé dans l’intimité des personnages et vibre avec eux ».
Cette scène qui se veut donc romantique, puisqu’elle est interprétée sur fond de musique de Schubert, le Trio pour piano et cordes n° 2, est en fait d’un cynisme absolu. Barry est comme hypnotisé par Lady Lyndon, une femme dont le visage blanc évanescent est orné d’une mouche (à la mode de l’époque). Il joue au jeu de l’amour alors que la belle est d’évidence tombée sous le charme de ce bellâtre. Au loin, on pourrait entendre le croupier dire : « Rien ne va plus, faites vos jeux. » C’est cette pointe d’ironie que distille Stanley Kubrick qui éclaire (encore !) le spectateur sur cette supercherie dans un temps qui semble se dilater, s’étirer pour instaurer une sensation de trouble.
En perfectionniste exigeant, Kubrick a fait de ce roman de Thackeray The Memoir of Barry Lyndon, publié en 1944, une véritable œuvre d’art. En forcené du détail, rien n’a été laissé au hasard. Bijoux, costumes et meubles du film ont été reproduits d’après des tableaux d’époque. Mais au-delà de l’esthétique extrêmement élaborée, Stanley Kubrick livre des images chargées d’une étude élaborée de la société et de ses codes. Le soldat, sujet central de son film, n’est pas un héros hollywoodien. Bien au contraire, il participe à la glorification du héros. Fat, infatué, arriviste, il est déshumanisé comme tout soldat. La dernière phrase de l’épilogue explique tout : « Riches, pauvres... Ils mourront tous égaux. »
Maître d’une mise en scène d’une froideur extrême et délibérée, Stanley Kubrick cache derrière cette esthétique élaborée une pensée de frondeur.
Chef-d’œuvre incontesté de Stanley Kubrick, Barry Lyndon réunit tous les arts en un seul, le septième. De la littérature à la peinture, en passant par la musique, l’esthétique de Barry Lyndon puise son inspiration dans la peinture du XVIIIe siècle, époque à laquelle se déroule l’histoire. On peut ainsi reconnaître l’influence des peintres paysagistes comme Thomas Gainsborough...
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