Le quatuor Arton a offert un programme riche et concis, oscillant entre romantisme et modernité. (Photo Marwan Assaf)
Programme riche et concis, oscillant entre romantisme et modernité, avec des pages tirées des opus de Juan Crisostome Arrabia, Frantz Schubert et Samuel Barber.
Ouverture tout en nerfs et répondant, animée de rythmes et cadences savoureux, comme sous influence schubertienne entre ombre et lumière, avec le Quatuor à cordes en ré mineur n°1 de l’Ibérique violoniste Arriaga, surnommé le Mozart espagnol pour la précocité de ses compositions. Quatre mouvements (allegro, adagio, menuetto et adagio-allegretto) pour traduire toutes les subtiles nuances d’un compositeur de l’époque romantique qui, entre vivacité et mélancolie, diffuse une atmosphère envoûtante où la mélodie a des sinuosités tendres et imprévisibles. Surtout cet adagio d’une saisissante fluidité.
Pour prendre le relais d’une narration de presque trente minutes, seulement l’Allegro assai du Quatuor à cordes n°12 en do mineur de Schubert. Pages vibrionnantes de vie, aux débordements en accents doux et enfiévrés à la fois, pour un jeu d’ensemble remarquablement juste et empreint d’une sensibilité vive et maîtrisée.
Pour conclure, l’étourdissant quatuor à cordes de l’Américain Samuel Osborne Barber, détenteur du prix Pulitzer pour son opéra Vanessa avec Gian Carlo Menotti. Deux mouvements (motto allgro e appassionato et motto adagio) d’une brillante verve harmonique avec un rythme complexe et des effets percussifs. Là, on salue non seulement le génie précoce de ce compositeur (et aussi baryton qui a raté sa vocation de chanteur) qui a signé son premier opus à l’âge de sept ans, mais aussi et surtout son talent d’écrire une musique aux accents «straviskiniens» avec une touche de néoromantisme. Narration dense, tendue, grave, aux stridences en sourdines avec une mélodie aux rondeurs remplies charriant parfois, en une lenteur calculée, une tristesse extrême.
Molle salve d’applaudissements d’une salle presque vide, mais sourire resplendissant des musiciens qui, heureux de leur prestation – et à très juste titre –, tirent respectueusement la révérence...