Réuni hier à titre extraordinaire pour prendre connaissance de l’exposé des motifs du projet de budget 2012, le Conseil des ministres n’a pas jugé bon de plancher sur la grogne sociale consécutive à la majoration « tronquée » des salaires, ou encore sur la énième incursion syrienne qui a fait hier deux morts, des Libanais naturalisés à Qaa.
Et pourtant, la colère sociale grogne sourdement. Aujourd’hui, les écoles privées et publiques seront paralysées sur l’ensemble du territoire national à cause de la grève que les enseignants ont décidé d’observer pour protester contre la décision du gouvernement d’accorder une majoration aux travailleurs touchant seulement un million 800 mille LL, laissant d’autres en butte aux difficultés socio-économiques que le projet de budget 2012 risque d’aggraver. Certaines mesures fiscales prévues pour l’an prochain, telles que la hausse de la TVA de 10 à 12 % et la relève de 5 à 8 % de l’impôt sur l’épargne bancaire, auront, si elles sont appliquées, un impact direct sur les petits revenus.
Les enseignants qui prévoient un rassemblement dans la matinée près du Sérail réclament non seulement un élargissement de la hausse des salaires à l’ensemble des travailleurs, mais comptent également protester contre les nouvelles charges fiscales et l’ensemble de la politique socio-économique du gouvernement.
Par la voix de son chef, Nagib Mikati, le cabinet a mis en évidence hier les efforts fournis pour maintenir la stabilité au niveau de la sécurité, durant ses 100 jours au pouvoir. Mais quid de la stabilité socio-économique ? Les pronostics restent sombres, les majorations prévues dans le projet de loi des finances de 2012 n’étant pas associées de réformes, prévues dans Paris 3, et qui représentent un passage obligé vers un assainissement des finances publiques, une relance économique et une stabilité socio-économique.
Quid aussi de la sécurité dans les villages frontaliers du Nord et de la Békaa qui vivent au rythme des incursions syriennes et des exactions des troupes du régime Assad ?
Interrogé au sujet de l’affaire de Qaa, le ministre de l’Information, Walid Daouk, qui a donné lecture des résolutions officielles, s’est contenté de répondre : « Nous étions en réunion. Nous n’en n’avons pas été informés. » Selon lui, « il est possible » que le gouvernement aborde l’affaire du rapt d’opposants syriens durant sa réunion ordinaire d’aujourd’hui.
Quoi qu’il en soit, le 14 Mars semble avoir fait de cette affaire son nouveau cheval de bataille. Le bloc parlementaire des Forces libanaises a adressé une question écrite à ce sujet au gouvernement, via le bureau de la Chambre, alors que le ton continue de monter au sein de l’opposition contre l’équipe Mikati, accusée de fermer les yeux sur des exactions syriennes en territoire libanais et sur des atteintes flagrantes aux droits de l’homme.
Cette politique « nonchalante » s’applique aussi au dossier du TSL, alors que la communauté internationale continue d’insister auprès des officiels sur le respect, par le Liban, de ses obligations financières. L’ambassadrice américaine, Maura Connelly, a abordé ce sujet durant son entretien hier avec le ministre de l’Énergie Gebran Bassil.
Ils jouent à cache... cache... Anastase Tsiris
07 h 34, le 20 octobre 2011