Des silhouettes photographiques qui semblent sortir des murs... (Michel Sayegh)
C’est le cas par excellence de ses photos d’ombres évanescentes, traitées par transfert sur toiles, qui semblent jaillir d’un des murs de la galerie Q Contemporary*, où il expose différentes pièces en techniques mixtes rassemblées sous l’intitulée «Malist».
Pourquoi Malist? «En fait, c’est la contraction de Mali, mon surnom, avec liste», indique Mehmet Ali Uysal.
La «liste de Mali», en somme. Une liste d’œuvres différentes puisant aux sources de la sculpture, de la peinture, de la photographie et de l’architecture, pour constituer un ensemble unifié qui semble vouloir exprimer une remise en cause des lois du système établi en matière d’art.
Il s’agit, en fait, d’une installation en trois parties.
La première est constituée d’un verre incorporé dans le mur, censé évoquer une saignée, et d’un système à poulie reliant, d’un mur à l’autre, au bout d’un fil métallique, un pic blanc à une pierre.
La seconde regroupe l’ensemble des photographies précitées. Des silhouettes, à peine perceptibles, émergeant d’un fond de «non-couleur» (se confondant avec le blanc des murs de la galerie) et mises en lumière par des points de relief en trompe-l’œil, qui jouent, avec brio, les passe-murailles.
La troisième, enfin, est formée d’un accrochage de cadres en polyester doré à l’ancienne, distordus et vidés de leur contenu.
L’ensemble symboliserait les méthodes archaïques et chaotiques, ainsi que les compromissions, encore appliquées de nos jours à l’évaluation du travail artistique contemporain. Saignée à l’ancienne, système à poulie ne soulevant qu’une pierre fossilisée, apparitions fantomatiques par-delà des murs, et peinture contemporaine faisant sa mue, sortant de sa peau ancienne et de son carcan muséal... Une lecture, parmi d’autres, que propose cet artiste rebelle, architecte de formation et professeur aux Beaux-Arts d’Ankara, qui est, paraît-il, l’un des talents ascendants de la scène contemporaine turque.
Mais «Malist» se prête à de multiples autres interprétations. C’est ce qu’affirme Mehmet Ali Uysal, qui invite les visiteurs à aborder cette installation chacun à sa manière, avec son propre regard, ses propres projections.
Jusqu’au 12 novembre.
* Beirut Tower, rue Zeitouni, face à la Marina de Beyrouth. Tél.: 03/300520.